Construit sur le site historique des « Casernes Léopold », voisin du projet mixte Novia que nous avons déjà détaillé dans ces colonnes, le nouveau Palais de justice de Namur est sur le point d’être réceptionné. Y seront regroupées dans des espaces modernes et fonctionnels l’ensemble des juridictions namuroises jusqu’alors hébergées dans différents bâtiments. Mené en design, build and finance, le projet d’environ 35 000 m² a été confié par la Régie des Bâtiments à l’association momentanée entre CIT Blaton et BPC Group en partenariat avec AG Real Estate. Les travaux de construction, qui avaient débuté en septembre 2020, s’achèvent en cette fin d’année.
Le complexe se présente sous la forme d’un îlot dont la perspective principale est orientée vers le nouveau parc urbain situé dans l’axe du palais de justice, assurant ainsi la connexion piétonne avec le centre-ville de Namur. Cet îlot accueille, en son centre, la Salle des pas perdus, espace éclairé grâce à la verrière monumentale qui le surplombe. De part et d’autre de cet axe sont implantées les 14 salles d’audience, séparées par différents patios et coursives, espaces meublés d’alcôves et baignés de lumière naturelle. Une cour d’assises complète l’ensemble. Les étages supérieurs abritent les bureaux du personnel et des magistrats. Ceux-ci pourront rejoindre les salles d’audience via une circulation privée et sécurisée par un ensemble de passerelles de plus de 14 m de portée. Au sous-sol se trouvent un parking pour le personnel, des locaux pour les archives, ainsi que des zones cellulaires.
L’ouvrage d’environ 35 000 m² est constitué d’une structure en béton mêlant préfabriqué et coulé en place (14 000 m³ de béton et 2000 tonnes d’acier) se développant de part et d’autre de l’atrium central. Là où les palais de justice du siècle passé sont souvent obscurs et presque effrayants, celui-ci brille par son côté lumineux et accueillant. Il le doit en grande partie à l’immense verrière d’une portée de 25 à 47 mètres surplombant l’atrium à plus de 30 m au-dessus du niveau du sol. Sa pose fut l’un des moments-clés du chantier. Un immense échafaudage a été assemblé sous la verrière, emplissant un volume de plus de 45 000 m³, afin de servir d’appui aux 39 arcs et de plateforme de travail. Ensuite, la pose du vitrage a pu commencer : 1368 vitres en forme de triangle et chacune d’une dimension unique !
L’ensemble du projet s’inscrit dans une démarche de haute qualité environnementale. La construction du bâtiment a eu recours à des matériaux locaux et durables (par exemple l’utilisation en façade de pierre bleue belge, de revêtement de sol en parquet de bambous, de lambris acoustique en Afzelia) et répond aux critères de haute performance énergétique. De plus, des panneaux photovoltaïques seront installés d’ici la fin de l’année 2023. “
La nature n’a pas été oubliée. À l’intérieur, des arbres et des plantes ont été installés dans les patios de la Salle des pas perdus, et chaque salle d’audience sera couverte d’une toiture végétale. À l’extérieur, des bacs à plantes de type graminées ont été placés sur le pourtour du bâtiment et des arbres adaptés au climat changeant de ces dernières années ont également été plantés le long des trottoirs entres des bancs accueillants.
Le caractère historique du site et sa localisation en bord de Meuse ont donné lieu dès le départ à quelques soucis majeurs. Plus de 2700 m3 de fondations non répertoriées (massif de fondations, tours et murs d’enceinte de la ville de Namur) ont été découvertes. Le sol, quant à lui, s’est avéré non-porteur, demandant l’évacuation de plus de 12 000 tonnes de boues et leur remplacement par de l’empierrement de gros calibre.
Jérôme Laurensis, Senior Project Manager chez CIT Blaton : « En plus de ces quelques problèmes techniques, la réalisation du projet est devenue un réel défi en raison de la situation économique compliquée rencontrée ces trois dernières années par l’ensemble du secteur de la construction (pénuries, hausse des prix, augmentation des salaires), défi néanmoins relevé avec brio par les deux entreprises, solides et chevronnées.
En cours d’exécution des travaux, le projet a en effet été ajusté à de nombreuses reprises à la demande de la Régie des Bâtiments, afin d’intégrer les besoins spécifiques des différents services locataires. L’adaptabilité dont ont fait preuve les entreprises partenaires (terrassement, gros œuvre, parachèvement, techniques spéciales) et leur pilotage rigoureux permet in fine de livrer un produit parfaitement adapté tout en évitant des surcoûts futurs (démolition et reconstruction ou sources de coûts supplémentaires lors de l’exploitation du bâtiment). »
Fiche technique
Maître d’ouvrage
AG Real Estate pour la Régie des Bâtiments
Architectes
CERAU – AUPA – Atelier d’Architecture de Genval
Entreprise générale
CIT Blaton et BPC Group