Membre du groupe Eiffage depuis 1990, Duchêne est un acteur majeur du secteur de la construction en Wallonie que ce soit en bâtiment, génie civil, électrification du rail ou menuiserie. Autant de domaines d’expertise dans lesquels l’entreprise sait faire la différence, notamment grâce à une communication transparente, une gestion saine et une diversification prudente, à l’écoute du marché. C’est ce que Philippe Goblet, administrateur de Duchêne, nous explique lors d’un entretien.
Philippe Goblet : « Nous nous diversifions afin de pouvoir continuer à garantir un accès suffisant au marché dans les années qui viennent. » C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre notamment la récente décision de créer une petite structure regroupant les forces vives rompues à la construction de projets immobiliers, qui demande une approche spécifique. Autre exemple : la création au sein d’Eiffage Benelux d’une société spécialisée en construction en structure bois qui, en plus d’ajouter une nouvelle corde à son arc, contribuera à l’objectif du groupe d’être leader en construction bas carbone.
Ces options stratégiques viennent renforcer l’activité bâtiment, qui avec le génie civil, l’électrification du rail et la menuiserie, constitue le core business de Duchêne.
Si elle ne génère actuellement que 5 millions de CA, la menuiserie fait la fierté de Duchêne par la qualité de ses réalisations. Philippe Goblet : « Nous y avons consenti des investissements importants en doublant la surface de l’atelier et en l’équipant d’un parc de machines hypermodernes. De quoi faire du bon travail tout en étant rentable ». L’un des derniers projets réalisés, le mobilier en bois d’une grande banque à Luxembourg, est à découvrir dans un autre numéro de ce magazine.
La pose de caténaires pour la SNCB est une activité moins connue, alors que Duchêne peut se targuer d’être le numéro un wallon dans le domaine. Cette activité de niche, qui requiert un parc de machines spécialisé et une expertise particulière, est une autre source de fierté, générant bon an mal an 20 millions d’euros.
L’activité génie civil, bien ancrée dans l’entreprise, est actuellement en pleine boom. Des chantiers d’envergure comme l’écluse d’Ampsin, le métro de Charleroi, la centrale au gaz des Awirs ou encore la rénovation du viaduc de Somme-Leuze portent le chiffre d’affaires à des sommets jamais atteints.
Last but not least, l’activité bâtiment, construction et rénovation, se taille la part du lion, avec environ 120 millions d’euros par an. Rénovation et réaffectation ont le vent en poupe, et rien n’est trop complexe pour les équipes de Duchêne, comme à Charleroi avec les chantiers du Palais des Expos et du « Zénobe Gramme ». Philippe Goblet : « Cette activité se répartit à parts égales entre notre siège de Strée et notre implantation de Gosselies. Vu notre croissance en Hainaut, nous envisageons de nous construire de nouveaux bureaux dans la région de Charleroi, où nous louons actuellement. »
Avec un tel jeu en mains, Duchêne a toutes les cartes pour offrir des perspectives rassurantes pour les années à venir, avec un chiffre d’affaires stabilisé autour des 200 millions d’euros.
Philippe Goblet : « Nous nous inscrivons pleinement dans les plans du groupe pour devenir leader en construction bas carbone. Nous investissons massivement sur notre site de Strée, notamment pour doubler la capacité de nos installations photovoltaïques. » En matière de stratégie d’innovation également, Duchêne ne reste pas les bras croisés, s’impliquant dans des projets de recherche GreenWin. « Nous venons d’être retenus par la Région wallonne dans le cadre d’un nouveau projet visant à la récupération des déchets plastiques issus des chantiers pour le développement d’une filière de recyclage de ces matériaux. On sait par ailleurs que la législation va fortement évoluer au niveau du tri des déchets. Nous sommes donc en train de mettre en place un groupe de travail au sein de l’entreprise afin de dynamiser le tri de tous nos déchets mais aussi leur recyclage. »
Un second projet Greenwin dans lequel Duchêne est partie prenante, Robotronc, ambitionne quant à lui à mettre au point un système constructif basé sur l’utilisation de troncs entiers en lieu et place de bois d’ingénierie.
Si les perspectives s’annoncent bonnes en termes d’activité, la direction reste vigilante par rapport au marché de l’emploi. Philippe Goblet : « La difficulté est de trouver des personnes motivées puis de les garder en leur fournissant suffisamment de travail, mais aussi en veillant à leur bien-être. Nous avons beaucoup engagé ces quatre dernières années. Notre challenge est maintenant d’intégrer ces nouvelles recrues pour créer des équipes stables. Il y a du travail, nous faisons du bon boulot, nous sommes rentables mais, sans équipes stables, on ne va pas loin. »