Georges Gilkinet, par ailleurs Vice-premier Ministre Ecolo du gouvernement fédéral, est Ministre de la mobilité. A ce titre, il a dans ses compétences tout ce qui concerne le rail en Belgique et, parmi ses interlocuteurs, la SNCB et Infrabel. Construire la Wallonie l’a rencontré afin de faire le point sur le Plan Boost, chargé d’amplifier les investissements dans le transport de voyageurs et le fret ferroviaire, mais également la stratégie vélo-train ou le développement des trains de nuit. Des éléments qui participent au même objectif : « qu’enfin, le rail belge soit la colonne vertébrale de la mobilité de demain. »
Nous souhaitons doubler le volume des marchandises transportées par rail d’ici 2030. Un train de marchandises, c’est au moins 50 camions qui ne sont pas sur la route : cela répond donc parfaitement aux objectifs climatiques, de diminution d’émission de CO2 et de particules fines qui impactent la santé et d’amélioration de la sécurité routière du gouvernement. Un euro investi dans le rail représente un retour de trois euros vers l’économie. Mais pour que ça marche, il faut des investissements bien réfléchis…
Le Plan Boost a été adopté en novembre 2020. L’objectif était avant tout de donner un signal clair au secteur ferroviaire : après des années de disette et d’économies, nous voulions nous inscrire à nouveau dans une logique d’investissement. Boost 1 représentait une avance de 100 millions € sur le budget 2021, pour faire aboutir des projets urgents en attente de moyens financiers. Ensuite, dans le cadre des moyens dégagés par le Fonds européen de relance et de résilience, 365 millions seront consacrés au rail, pour de nouvelles gares, de nouveaux parkings et pour l’accessibilité, mais aussi pour l’infrastructure. Notre logique est désormais la suivante : adaptons l’infrastructure ferroviaire aux besoins et identifions les endroits où nous pouvons réaliser des gains de productivité rapides. C’est aussi pour cela que nous préparons la suite du plan Boost, avec notamment le futur appel à projets européens ‘Connecting Europe Facility’.
Que ce soit pour le fret de marchandises ou le transport de personnes, le plan Boost va renforcer le réseau là où il est le plus fragile. Pour les voyageurs, l’accent sera mis sur l’accessibilité aux gares – ascenseurs, plans inclinés, rehaussement des quais et hauteur unique de 76 cm, achat de matériel roulant permettant de rentrer de plain-pied dans les trains –, la multimodalité des gares via la proximité avec les bus, mais aussi l’augmentation progressive de la fréquence et de l’amplitude du service de trains. L’objectif est d’avoir au moins un train chaque demi-heure dans chaque gare, avec une priorité aux gares les plus fréquentées. Et de proposer des trains plus tôt et plus tard qu’actuellement, notamment pour les travailleurs à horaire irrégulier ou décalé. L’accord de gouvernement prévoit d’adoption d’une ‘vision 2040’ pour le rail, fixant des objectifs en matière de fréquences et de services notamment. Nous devons passer d’un cercle vicieux à un cercle vertueux, avec des investissements qui feront levier pour générer de nouvelles recettes et attirer de nouveaux clients. Nous voulons faire en sorte que le rail soit la colonne vertébrale de la mobilité de demain. “
Concrètement, la SNCB a augmenté le nombre de places pour vélos disponibles dans les trains, avec une meilleure visibilité de ces espaces supplémentaires, à la fois sur les wagons et sur les quais. Cela sera bientôt renforcé par l’achat de nouvelles rames à double étage M7, disposant de davantage de places pour les vélos que les rames actuelles. Cela sera soutenu par le développement des parkings pour vélos dans les gares et le partenariat avec différentes sociétés de location de vélos. Le fait d’avoir été classé deuxième société de chemin de fer la plus dynamique en Europe me réjouit même si je sais qu’il y a encore du chemin à réaliser. Mais nous avons développé une vraie stratégie, une vraie approche spécifique en la matière.
Bruxelles a une position centrale en Europe comme hub naturel pour le train de nuit. Elle attire naturellement les compagnies internationales qui souhaitent relancer les trains de nuit. Tant des compagnies publiques que privées viennent frapper à notre porte et nous voulons augmenter l’offre de trains de nuit avec des ‘trains de saison’, vers l’Autriche ou la Suisse pour le ski, ou l’Italie pour les vacances d’été, par exemple. La SNCB joue un vrai rôle de facilitateur en proposant toute une série de services : mise à disposition de locomotives adaptées au réseau belge, nettoyage des trains de nuit, commande des billets avec le site dédié Hello Europe, … Il faut aussi souligner ici le rôle important du SPF Mobilité, qui est appelé à donner des autorisations et à dialoguer avec des compagnies ferroviaires étrangères pour les guider au mieux. Mais il y a encore trop d’obstacles pour les exploitants de trains de nuit, que je souhaite lever un à un, notamment en portant la question au plan européen.