Jeu de ping-pong entre différents niveaux de pouvoir, manque flagrant de formation à tous les étages, …
« Une perte de rentabilité et de crédit pour les architectes, une perte de temps et donc d’argent pour leurs clients, une perte de crédibilité et de capital sympathie pour les administrations, les tensions entre les prescripteurs et les pouvoirs publics restent une plaie ouverte pour la profession d’architecte. L’économie n’en sort pas grandie, la qualité architecturale non plus et, à force de faire des compromis, les projets perdent en cohérence. » Le constat de Fabrizio Tengattini, Président de l’Union Wallonne des Architectes, n’est pas tendre.
En plus de ces incompréhensions, en Wallonie, poursuit Fabrizio Tengattini, nous pouvons rajouter une couche à la célèbre lasagne institutionnelle. En cause : le recours à un double niveau de pouvoir. Pour obtenir certains permis, les demandes doivent être introduites auprès de la commune, mais requièrent un avis de la région. Et vice versa. Très souvent, communes et région se positionnent de manière diamétralement opposées, que l’on parle d’organisation du projet, d’implantation ou même d’esthétique. Les architectes sont donc tenus de remanier leurs projets afin qu’ils conviennent à tous, mais souvent au détriment de leur qualité.
Des règles existent, pourtant. Mais il est difficile de s’y fier. Les avis divergent, les communes se positionnent parfois à l’encontre des préconisations du Gouvernement wallon en matière de densification ou de désartificialisation des terres. Les changements d’orientations politiques en cours d’élaboration, le manque de personnel (voire de personnel qualifié) sont d’autres embûches qui jalonnent les procédures.
Certains le chuchotent, d’autres le pensent tout haut, les services urbanistiques des villes et communes ne sont pas suffisamment qualifiés pour faire un travail d’aménagement du territoire correct et remettent plus souvent un avis sur une interprétation architecturale que sur une question d’urbanisme ou de cadre bâti. Certains d’entre eux ont de grosses lacunes en matière de formation, voire au niveau de la compréhension des plans.
Il est utile de booster la formation des agents locaux. Ces agents ne doivent pas forcément être architectes, mais ils devraient avoir une formation poussée en aménagement du territoire et respect du bâti. Ils devraient être là pour s’assurer qu’un projet ne perturbe pas le cadre bâti et s’y intègre, pas pour donner leur avis sur l’architecture. De cette façon, un travail d’équipe pourra être mis en place où l’agent administratif ne sera plus considéré comme un passage obligé mais comme une source d’information territoriale indispensable ! L’UWA et son centre de formation, en partenariat avec le SPW, pourraient contribuer à combler ces lacunes, en proposant des formations aux agents des villes et communes.
Former tout le monde est fastidieux. On pourrait défendre le fait que des communes rurales puissent se rassembler pour avoir un agent titulaire qui distillerait le point de vue de la Wallonie sur un territoire plus large. Regrouper certaines communes permettrait de proposer quelque chose de plus réaliste, de plus cohérent tout en étant efficace, et en permettant de réfléchir à une échelle plus grande. Par ailleurs, les communes manquent cruellement de moyens.
Des lacunes sont aussi bien présentes chez les architectes. Durant leurs études, il n’y a aucune formation en urbanisme et en droit de l’urbanisme. Les étudiants sont formés à l’objet, pas assez au contexte. Or c’est fondamental. Des formations à mettre en place à travers l’UWA et l’administration de l’aménagement du territoire sont nécessaires.