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« Le métier d’isoleur se professionnalise »

« Le métier d’isoleur se professionnalise »

Laurent Ruidant est le nouveau président de la Plateforme wallonne de l’Isolation qui regroupe tous les professionnels de l’isolation. Il succède à Dominique Bonsang. À la fin de l’année dernière, nous avons profité d’une visite de l’entreprise OTRA, qu’il dirige, pour faire sa connaissance et évoquer la plateforme. Entretien.

Laurent Ruidant, vous voilà nouveau président de la Plateforme wallonne de l’isolation. Pourquoi avez-vous accepté cette mission ?

Parce que je crois qu’il est important que le client reçoive un travail de qualité. Un travail réalisé avec une bonne méthode par un professionnel. Il faut également faire en sorte que le métier d’isoleur soit valorisé.

Ce n’est pas encore assez le cas, selon vous ?

On rencontre de temps en temps, sur les chantiers, des malfaçons dues à une méconnaissance ou une mauvaise compréhension du bâtiment. Car l’analyse et le travail réalisés par la personne qui a isolé ne sont pas bons. Il est important de savoir qu’il existe des professionnels qui proposent une bonne isolation pour éviter les dommages. Le métier ne s’improvise pas. Il faut maîtriser les points de rosée, les risques d’humidité, le choix des matériaux, l’étanchéité à l’air…pour réaliser une mise en œuvre correctement.     

En quoi est-ce important de regrouper les professionnels de l’isolation ?

Le but est de mettre tout le monde autour de la table et d’échanger ses propres expériences et connaissances. Tous les professionnels de la plateforme devront travailler selon une « charte qualité » qui nécessite, entre autres, de mettre en place des procédures strictes de suivi de projet afin de garantir la qualité des travaux. Enfin, pour ceux qui voient ça comme une contrainte de temps, je les rassure, ils n’auront que quatre réunions par an.

Quelle évolution a connu le métier d’isoleur ces dernières années ?

Je pense que pendant pas mal d’années, on a isolé les maisons en pensant et en voulant bien faire, sans que cela soit forcément mis en œuvre correctement. On a aussi pu isoler sur base de primes. Maintenant, on se retrouve avec des professionnels qui vont pouvoir réfléchir aux problématiques et proposer des solutions cohérentes. L’évolution est la professionnalisation : le métier d’isoleur se professionnalise. L’isolation fait d’ailleurs de plus en plus partie des cursus construction.

Qu’allez-vous essayer de mettre en place durant votre mandat ?

Une dynamique est mise en place depuis trois ans et nous sommes dans une phase de concrétisation et de développement. La charte vient d’être finalisée et les isoleurs devront la valider et la suivre. On espère qu’un label qualité, géré par un organisme de contrôle indépendant, sera mis en place, début 2021. Les politiques devront suivre et adhérer à la démarche. Nous développons aussi un site internet qui aiguillera le client vers telle ou telle entreprise spécialisée dans tel ou tel type d’isolation. Outre ces projets, il faudra essayer de rassembler le maximum d’entreprises qui garantissent de la qualité au client.

Les enjeux de la rénovation énergétique des bâtiments sont capitaux pour les années à venir avec des exigences politiques très fortes. Une bonne isolation peut être la solution.

La dynamique politique est d’essayer d’isoler le maximum de maisons pour économiser de l’énergie. Attention qu’on ne pourra calculer l’économie réelle que si l’isolation est bien réalisée.
Si quelqu’un isole mal sa maison, il aura dépensé de l’argent et il ne réalisera pas d’économies d’énergie. Au contraire, avec une isolation mal étanchéifiée, par exemple, le bâtiment va pourrir. C’est important de savoir que des bâtiments peuvent pourrir à cause d’une mauvaise isolation.

On l’a remarqué au cours de la présentation de votre entreprise, vous privilégiez les matériaux biosourcés : chanvre, chaux, paille de riz… Constituent-ils l’avenir de l’isolation ? Ces matériaux ne sont-ils pas trop coûteux ?

Certains peuvent effectivement les trouver un peu plus chers. Mais ils présentent de nombreux avantages. Le déphasage chaud/froid est très bon. En été, ils évitent la surchauffe du bâtiment et en hiver, l’inverse, surtout pour les maisons passives. Aussi, avec ce type de matériaux, le bâtiment respire. Il n’est pas fermé à la vapeur d’eau. Ils permettent également une très bonne régulation de l’humidité et enfin, ils ont une empreinte carbone proche de zéro. Je précise à ce sujet, et c’est important, tout le monde est le bienvenu dans la plateforme quel que soit le matériau utilisé. La seule condition est le respect des règles et une mise en œuvre correcte, peu importe ses convictions.

Vous avez déjà évoqué les primes à l’isolation. Il en existe beaucoup. Ne sont-elles pas sous-utilisées ?

La plateforme aura également un rôle à jouer à ce sujet, aussi bien pour le client que pour l’administration. L’objectif sera de faciliter la demande de primes via une entreprise labellisée et l’auditeur PEB. Le label doit être un facilitateur de primes. Nous sommes conscients que le système reste encore un peu complexe. Mais la volonté est de rendre les choses plus simples.   

La collaboration de la plateforme avec les autres fédérations est très importante. Comment l’envisagez-vous ?

Via une bonne communication, de nombreuses rencontres, des conférences, des salons et des visites d’entreprise comme celle réalisée aujourd’hui. Le but est d’augmenter les contacts et les collaborations afin de s’assurer que ce qui est développé par la plateforme soit en phase avec les initiatives menées par les autres fédérations. La CCW nous aide pas mal à ce sujet.

Un dernier petit mot sur votre prédécesseur Dominique Bonsang, le premier président de la plateforme ?

Je suis assez fier de lui succéder. Il est à l’initiative de la plateforme, il s’est beaucoup impliqué, ce qui prend pas mal de temps. Il s’implique d’ailleurs encore beaucoup car il fait partie du comité de gestion. C’est une très personne très agréable, très engagée et comme moi, neutre. Il a la volonté de représenter tous les acteurs du métier, quel qu’il soit. Merci pour son travail !   

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