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« L’intelligence artificielle va changer à jamais le processus de construction et de conception »
Le robot Spot de Boston Dynamics fut parmi les invités les plus remarqués de l’ORI Conference 2022.

« L’intelligence artificielle va changer à jamais le processus de construction et de conception »

Le secteur de la construction est confronté à un avenir riche en défis. La progression de la numérisation, la montée en flèche des technologies innovantes et la percée de l’intelligence artificielle vont redéfinir radicalement le processus traditionnel de conception et d’exécution dans les années à venir. Même les possibilités de jumeaux numériques et de mondes virtuels comme le Metaverse sont sérieusement examinées. Pour ORI, il était grand temps d’inviter quelques spécialistes afin d’initier nos ingénieurs aux dernières nouveautés. L’événement a attiré de nombreuses personnes intéressées à la Maison de la Poste à Bruxelles, où le congrès annuel d’ORI s’est tenu ce 24 mai.

En tant qu’organisation sectorielle représentant les bureaux d’études et d’ingénierie en Belgique, ORI est à l’affût des dernières tendances et évolutions du secteur de la construction. Il n’est donc pas surprenant que le thème central de l’ORI Conference 2022 fut « Data+AI & Metaverse ». En novembre 2021, le coronavirus nous avait mis un bâton dans les roues, mais heureusement, la conférence tant attendue sur l’avenir numérique du secteur de la construction a pu avoir lieu cette année. Avant toute chose, le président d’ORI Jan Parys a profité de l’occasion pour remercier son prédécesseur Bernard Gilliot et le directeur sortant Christophe Hautier pour les services rendus. Un bel hommage qui a donné le ton d’une soirée intéressante.  

Une (r)évolution nommée IA

Le premier expert à prendre la parole fut Benoit Parmentier du CSTC. Celui-ci a présenté le monde merveilleux de l’intelligence artificielle (IA). « Depuis les années 1950, toute une évolution s’est opérée – avec une emphase sur l’apprentissage automatique à partir des années 1980 – et depuis lors, l’IA influence notre vie quotidienne (ainsi que la pratique constructive). L’IA peut être utile à différentes phases d’un projet : des choix de conception réfléchis et de l’optimisation des plans aux analyses de risques plus détaillées, en passant par la simplification administrative et l’efficacité budgétaire. Elle modifiera complètement le flux sur le chantier et contribuera à réduire les émissions de CO2. En ce sens, l’IA est un outil précieux pour la rénovation énergétique de notre parc immobilier et la transition vers une économie circulaire (par exemple, le recyclage et la réutilisation sur la base d’un inventaire automatique des matériaux de construction). »

« Pour les gestionnaires de bâtiments également,  les avantages sont nombreux : une meilleure compréhension du fonctionnement de leur bâtiment grâce aux fichiers as-built et aux jumeaux numériques, la détection précoce et la prédiction d’éventuels problèmes, une meilleure gestion de l’énergie, un confort accru, une maintenance prédictive…. Toutefois, le principal défi réside dans le traitement des données. Lorsqu’il s’agit de sélectionner et d’analyser les bonnes données, il y a encore quelques pièges majeurs à éviter. »

Des applications innovantes telles que les lunettes de réalité virtuelle offrent quantité de possibilités nouvelles qui peuvent profiter au processus de construction.

Mesurer n’est pas nécessairement maîtriser

Puis ce fut le tour d’Ivo Van de Moortel et d’Erik Duisterwinkel d’Antea Group, qui, en tant que cabinet d’étude et de conseil multidisciplinaire, est fortement engagé dans les solutions basées sur les données. « Plusieurs facteurs nous ont convaincus de mettre définitivement en œuvre l’IA dans nos opérations : la quantité de données disponibles, les avancées technologiques (puissance de calcul, photonique…), le partage rapide et facile des connaissances grâce à Internet et le changement d’attitude des politiques (financement de la recherche et subventions). »

« Un premier obstacle à surmonter est l’état d’esprit qui consiste à utiliser dorénavant d’autres sources d’information (par exemple, des capteurs au lieu des traditionnels pluviomètres). Il s’agit ensuite de faire confiance à la solution, et donc de comprendre le processus qui la sous-tend. Mesurer n’est pas nécessairement maîtriser. La collecte et le traitement des données sont souvent considérés comme des disciplines distinctes, alors qu’il faut comprendre l’ensemble du tableau pour être en mesure de donner de bons conseils et de faire réellement de la ‘data science’. La dernière étape est celle du ‘change management’ : il s’agit d’adapter les processus opérationnels à cette nouvelle façon de travailler. L’un de nos meilleurs exemples est un pont intelligent aux Pays-Bas qui est équipé de capteurs permettant de déterminer dans le détail sa durée de vie résiduelle. Cela permet au client de bien mieux répartir ses investissements et d’éviter les mauvaises surprises. »

De la ‘digitization’ à la ‘digitalisation’

Dieter Vermeulen d’Autodesk a ensuite proposé un zoom sur la transition numérique dans l’industrie AEC. « De la CAO au BIM en passant par le cloud : tout est allé très vite ces dernières années, le COVID-19 ayant été un catalyseur important. En attendant, avec l’IA et l’apprentissage automatique, nous sommes à la veille d’une nouvelle révolution. La BIM est l’épine dorsale de cette transformation : du BIM statique et connecté partageant un environnement commun de données au BIM dynamique avec jumeaux numériques garantissant des informations en temps réel. Nous passons de la ‘digitization’ (rendre les processus analogiques numériques) à la ‘digitalisation’ (aborder l’ensemble du processus d’entreprise par le biais de technologies numériques spécifiques). L’IA et l’apprentissage automatique aident à mieux concevoir. 95% de dessins en moins, un gain de 70% dans l’exécution des mises à jour du design, une réduction de 20% du CO2 grâce à l’optimisation du flux de chantier… : les premiers résultats parlent d’eux-mêmes. Quand on voit comment l’industrie automobile a mené sa transition numérique, nous devons être convaincus que cela peut aussi se faire dans la construction.  »

Des applications innovantes telles que les lunettes de réalité virtuelle offrent quantité de possibilités nouvelles qui peuvent profiter au processus de construction.

La gestion d’actifs immobiliers et le ‘Metaverse’

La deuxième partie de l’ORI Conference fut lancée par Dirk Vanderlinden d’Arcadis. Il a présenté aux participants BRAIN, un outil permettant d’améliorer la gestion d’actifs immobiliers et de la rendre plus efficace. « La gestion des actifs immobiliers a un impact important sur la durée de vie et le coût d’un bâtiment. Les gestionnaires d’actifs immobiliers ont besoin de données précises pour prendre eux-mêmes des décisions ou pour soutenir les processus décisionnels. BRAIN est un écosystème de données hiérarchisé qui leur garantit des informations sur les bâtiments intelligents. Nous avons développé cet outil pour collecter des données de manière structurée et les transformer en insights et scénarios concernant les coûts, les risques et les performances, en fonction d’un équilibre optimal entre ces trois paramètres sur la base de la politique de l’entreprise. BRAIN favorise la prise de décision, donne un aperçu de la durée de vie restante des éléments de construction, permet de créer un historique des actifs… Une réduction des coûts de 20% et une augmentation de 35% de la durée de vie des éléments de construction sont des ambitions réalistes. »

L’avant-dernier orateur de la soirée fut Arthur Devos d’AWV (l’Agence flamande des routes et du trafic), qui a expliqué comment les données sont utilisées pour assurer un trafic fluide et sûr. Le mot de la fin est revenu à Jean-Pierre van Gastel, de Tech Data, qui a fait une présentation sur le ‘Metaverse’ aux accents très visionnaires. « Nous nous dirigeons vers le web 3.0 avec technologie blockchain, qui permet un bien meilleur contrôle des données. La prédiction est qu’en 2030, il y aura un jumeau numérique de tout et de tous. Y compris des bâtiments. Il est très important qu’il existe des normes ouvertes et que tout le monde y adhère. »   

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