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Nouveau siège de BNP Paribas Fortis : exceptionnel à tous points de vue
L’intégration du bâtiment dans le tissu urbain et la création d’espaces semi-publics étaient présents dès la conception du projet (photo © Philippe Van Gelooven – Jaspers-Eyers Architects).

Nouveau siège de BNP Paribas Fortis : exceptionnel à tous points de vue

Conception architecturale audacieuse, identité forte, créativité dans l’utilisation des matériaux, innovations techniques et défis permanents : voilà résumée en quelques mots l’impression dégagée par le nouveau siège de BNP Paribas Fortis, en plein cœur de Bruxelles. Un projet déjà récompensé (FEBE Award, BIM Award), qu’évoquent pour nous Jenny Scherrer (Jaspers-Eyers Architects), Christophe Van Ophem (CEO d’Eiffage Benelux) et Renaud D’Hondt (directeur de projet chez Valens – groupe Eiffage).

Comme demandé par le maître d’ouvrage, le public pourra déambuler dans le patio extérieur (photo © Georges De Kinder – Jaspers-Eyers Architects).

Quelques dates-clés de ce projet. 2013 : BNP Paribas Fortis lance un concours pour la conception et la construction de son nouveau siège social à Bruxelles, en lieu et place des deux tours existantes  posées sur un imposant socle au-dessus d’une ligne de métro. 2014 : le concours est remporté par le bureau autrichien Baumschlager Eberle Architekten, associé au bureau belge styfhals architecten bv nv. 2016 : le bureau Jaspers-Eyers Architects entre dans la danse pour renforcer l’équipe et suivre l’exécution du projet. Août 2017 : début du chantier. ­Mi-novembre 2021 : réception provisoire du bâti­ment et emménagement des premiers colla­borateurs de la banque.

Travail en bouwteam et relations privilégiées

Ce véritable exploit, dans un délai hyper serré, a pu essentiellement être réalisé grâce au travail en bouwteam mais aussi à l’engage­ment de chacun de travailler avec deux ou trois inter­locuteurs fixes. Tant Christophe Van Ophem, CEO d’Eiffage Benelux, évoquant une « relation de confiance et de transparence, au sein de l’entreprise mais aussi avec la banque et les auteurs de projet » que Jenny Scherrer, architecte partenaire au sein du bureau Jaspers-Eyers Architects, se félicitent de cette façon de travailler. « Tout s’est mis en place progressivement et, les rôles à jouer ayant été attribués, la collaboration entre les intervenants s’est très bien déroulée », explique l’architecte. « Nous avons eu des réunions chaque semaine, parfois même plusieurs fois par semaine, avec les différents partenaires, notamment pour réfléchir au développement de solutions techniques afin de réussir l’intégration de la conception de l’exosquelette. »   “

Cet exosquelette est le véritable élément identi­taire de la conception de Baumschlager Eberle Architekten. Développé très tôt dans le processus dans la mesure où il constitue la structure portante du bâtiment, cet exosquelette est composé de 1280 éléments différents en béton architectonique blanc, dans lequel ont été intégrés différents granulats verts venant de Norvège et extraits à une période très précise de l’année (voir à ce sujet l’article en page 23).   

Le fait que tout soit courbe amène une importante complexité dans l’exécution des parachèvements et du béton (photo © Georges De Kinder – Jaspers-Eyers Architects).

Les défis du projet

Dans ce bâtiment hors normes, les défis ont été nombreux. A un point tel que Jenny Scherrer se demandait « s’il y avait eu autre chose que cela dans ce projet… » Ces défis ont été de plusieurs ordres : techniques, logistiques et architecturaux. Humains aussi puisqu’il a fallu, par moments, gérer jusqu’à 700 ouvriers sur le chantier. En ce qui concerne les défis logistiques, vu la localisation du bâtiment en plein centre de Bruxelles, le peu de place pour stocker les matériaux a exigé de travailler en flux tendu. Renaud D’Hondt, directeur de projet chez Valens (groupe Eiffage) : « En période de gros-œuvre mais aussi de parachèvement, nous recevions 20 à 30 semi-remorques par jour, que nous devions acheminer et décharger. » « Il fallait directement placer chaque élément au bon endroit afin de ne pas multiplier les transports et les manipulations », complète Christophe Van Ophem. « Cela a donc nécessité une gestion extrêmement précise et rigoureuse. Nous avons l’habitude de gérer cela sur nos chantiers, mais bien évidemment pas avec une telle ampleur. » Des contraintes acoustiques, liées au bruit et aux vibrations du chantier, ont dû également être strictement respectées.

D’un point de vue architectural, le bâtiment tout en courbes rend le processus nettement plus complexe, depuis les premières phases du projet jusqu’aux parachèvements. Selon Jenny Scherrer, une des difficultés réside dans « la standardisation de certains éléments dans un univers composé de lignes organiques.  “

Nous avons donc dû développer des solutions de fabrication à la fois esthétiques et optimales, notamment pour les faux-plafonds. L’atrium, qui se déploie sur quatre niveaux avec des volumétries courbes, a été lui aussi très complexe. Nous avons également dû travailler pour toute la structure du bâtiment avec des dalles post-contraintes à l’épaisseur minimale et nous avons dû composer avec une pente impressionnante au niveau de la toiture (R+9 d’un côté, 6 niveaux de l’autre), qui a réclamé une étude très poussée de la stabilité. »

Un soin particulier a été apporté à la question des différentes hauteurs du bâtiment : différents éléments le raccrochent à ceux alentour, notamment au niveau des corniches (photo © detiffe.com – Jaspers-Eyers Architects).

Les réponses apportées

Ce projet si particulier a-t-il nécessité, parmi les équipes, l’acquisition de compétences spécifiques pour répondre rapidement aux contraintes du projet ? Renaud D’Hondt : « Nous possédions déjà en grande partie ces compétences en interne, mais nous avons dû les développer à une échelle plus grande que de coutume. Le fait que tout soit courbe implique une préparation bien plus importante, avec davantage de plans de détail, de mesurages et d’ajustements que pour un bâtiment classique. Avec nos équipes et nos sous-traitants, nous avons d’ailleurs dû inventer plusieurs systèmes de pose.  »   “

Et le directeur de projet de citer « un système de berceau métallique pour certaines colonnes non portantes, des ventouses sur mesure pour placer les lourds et imposants vitrages courbes en façade ou encore un système de drones avec ventilateurs pour positionner au millimètre près une série d’éléments horizontaux en béton architectonique. »  

Un système de ventouses sur mesure a dû être utilisé pour placer les vitrages courbes des façades (photo © Georges De Kinder – Jaspers-Eyers Architects).

Des techniques étonnantes et innovantes

Le siège de BNP Paribas Fortis, déjà exceptionnel à différents points de vue, se singularise également par ses techniques HVAC innovantes. « Ce bâtiment passif, certifié BREEAM Excellent, n’utilise pas d’énergie fossile, ce qui est assez rare pour un immeuble de bureaux de cette taille (100 000 m²) », précise Christophe Van Ophem. « Outre les panneaux photovoltaïques en toiture, il y a dans les sous-sols un bassin rempli d’eau équivalant à quatre piscines olympiques. En hiver, quatre pompes à chaleur vont chercher des calories dans cette eau, qui viennent chauffer les plafonds actifs afin d’amener de la chaleur dans le bâtiment. Au printemps, les pompes iront chercher l’eau, qui aura baissé en température, pour donner de la fraîcheur et assurer le confort thermique de l’immeuble. » C’est l’une des premières fois que l’on utilise ce système de stockage thermique, appelé STES (voir à ce sujet les articles en pages 16 et 18) dans un bâtiment de bureaux. Un véritable projet pionnier, ici encore…

Le nouveau siège de BNP Paribas Fortis est exceptionnel à tous points de vue (photo © Georges De Kinder – Jaspers-Eyers Architects).

Intégration dans l’espace public

Le maître d’ouvrage a souhaité que certains espaces soient accessibles au grand public. Selon Jenny Scherrer, « l’intégration du bâtiment dans le tissu urbain et la création d’espaces semi-publics étaient présents dès la conception du projet. Il y avait cette volonté de ne pas mettre en place un bâtiment fermé, comme l’était le précédent sur son socle austère, et de créer une relation, une perméabilité entre espace privé et espace public. » Le public peut donc déambuler dans les deux patios extérieurs. 

Laissons le mot de la fin au CEO d’Eiffage Benelux : « Ce projet a été très épanouissant pour les équipes, en interne – les ingénieurs de projet, les modeleurs et managers BIM … – ou sur le terrain. Tous ont pu stimuler leur imagination afin de développer les meilleurs process pour livrer le bâtiment avec la qualité requise dans les délais prévus. Ce bâtiment est véritablement emblématique, pour quatre raisons : sa taille, son architecture audacieuse et ambitieuse, le niveau de qualité de ses finitions intérieures et extérieures, sa localisation. Un projet exceptionnel comme celui-là, on n’en fait pas deux dans sa carrière ! »

L’atrium, qui se déploie sur quatre niveaux avec des volumétries courbes, a été lui aussi très complexe à concevoir et à construire (photo © Philippe Van Gelooven – Jaspers-Eyers Architects).

Fiche technique

Maître d’ouvrage
BNP Paribas Fortis

Architectes
AM Baumschlager Eberle Architekten et styfhals architecten bv nv + Jaspers-Eyers Architects

Entreprise générale
Eiffage Benelux

 

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