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Piscine communale Saint-François, Bruxelles | Rénover une piscine, ça ne coule pas de source !

Piscine communale Saint-François, Bruxelles | Rénover une piscine, ça ne coule pas de source !

Les Bains de Saint-Josse, appelés aussi Piscine communale Saint-François, sont en cours de rénovation et devraient être inaugurés en septembre. Construits en 1930-1933 sur l’emplacement de trois impasses, selon les plans des architectes Bytebier et Schaessens, leur inauguration marquait la fin d’un processus ayant démarré en 1912, lorsque la commune avait envisagé de créer ses propres installations de bains. Le lieu combinait piscine couverte, bains turcs et bains-douches individuels, s’alignant ainsi sur la tradition de construire des bains publics, surtout dans les quartiers populaires, afin de favoriser l’hygiène publique.

La Piscine Saint-François constitue un exemple soigné, en style Art Déco, de cette typologie caractéristique d’établissements de bains. Son intérêt esthétique et historique a d’ailleurs motivé son classement comme monument le 4 juin 2009. Mais des transformations successives, des problèmes de conservation et un manque d’étanchéité au niveau de la cuve de la piscine ont dénaturé le bâtiment et conduit à sa fermeture en 2010. Un projet de restauration a alors été préparé en concertation avec la DMS et la CRMS, et a abouti, le 31 janvier 2017, à la délivrance d’un permis unique pour la restauration, dont s’est occupée l’entreprise ACH Construct.

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Les bains publics avaient pour objectif de favoriser l’hygiène publique dans les quartiers populaires… et de donner de bons conseils.

 

La conception a été confiée à AAC Architecture, un bureau ayant de nombreuses expériences de rénovation de bâtiments classés (Théâtre du Parc, Théâtre de Toone, brasseries Wielemans…) et de piscines (Ixelles, St-Gilles…). Céline Vandewynkel, ingénieure architecte chez AAC : « Au départ, le projet concernait essentiellement la question technique de l’étanchéité de la cuve. Cependant, nous avons mis en avant l’intérêt architectural et historique du bâtiment. En effet, les premières piscines bruxelloises sont directement liées à l’évolution des villes et de la société. Leur rénovation présente un défi technique de taille :  restaurer et traiter les anciens bétons dans un milieu chloré. Il existe des solutions durables qui doivent servir d’exemple pour préserver les anciennes piscines. Les travaux de restauration de la piscine de St-Josse ont largement dépassé la question de la cuve. C’est l’ensemble du bâtiment qui a été restitué dans sa situation d’origine. Les interventions réalisées dans les années ‘70 ont été enlevées. Les intérêts architecturaux, techniques, historiques et sociaux se sont donc rejoints dans ce projet. »

Des défis techniques… et autres

Rénover une piscine de ce type représente plusieurs défis majeurs. Thierry Dupont, gestionnaire du chantier pour ACH Construct : « Le bâtiment est classé aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Cela signifie qu’il a fallu intervenir en profondeur sur le bâtiment tout en préservant les éléments du patrimoine et les éléments techniques déjà en place, tels que le système de filtration d’eau ou la ventilation. » Céline Vandewynckel : « Un premier défi est la stabilité : dans une piscine, la moindre instabilité peut entraîner une réaction en chaîne : elle génère des fissures, entrainant des failles dans l’étanchéité, amenant des infiltrations d’eau chlorée qui attaquent les structures, entraînant de nouvelles fissures, etc… Tant que la cuve n’est pas parfaitement stabilisée, nous ne pouvons pas traiter l’étanchéité durablement et si l’étanchéité n’est pas parfaite, pas question de rénover durablement les structures. Il y a aussi l’étanchéité globale : la préservation des anciens carrelages est indispensable pour garder l’atmosphère originale des anciens bassins de natation.   

Cependant, ils ne sont pas étanches. Pour préserver les carrelages tout en assurant une étanchéité parfaite, des résines sans joints sont placées sous les carrelages et jouent le rôle d’étanchéité. Les carrelages sont replacés sur ces résines étanches. Enfin, il y a les normes d’hygiène et de nouvelles règles à respecter comme celle de la séparation pieds secs – pieds mouillés. Ici, plutôt que de faire construire de nouveaux couloirs, nous avons imaginé des zones de déchausse. Ainsi, le fonctionnement ‘à l’ancienne’, avec les cabines entourant le bassin, est préservé. » Les cabines ont également été restaurées et les portes en formica remplacées par des portes en bois massif. Enfin, un système de détection anti-noyade a été installé et l’accessibilité pour les PMR a été améliorée par la mise en place d’un ascenseur.

Le chantier a réservé quelques surprises, comme l’explique Thierry Dupont : « Les démontages de faux-plafonds et cloisons ont fait apparaître des zones entières de granito. Le projet a été modifié pour mettre en valeur ceux-ci. Au niveau structurel, il a fallu renforcer l’ensemble des planchers en utilisant une multitude de techniques pour préserver au mieux le patrimoine. »

La Région de Bruxelles-Capitale subsidie les travaux de restauration à concurrence de 80 %, pour un montant d’environ 1,295 million €.   

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