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Un chantier réglé comme du papier à musique
Sur l’autoroute E42/A15 à hauteur de Wanze se déroule actuellement un chantier d’envergure visant à apporter une véritable cure de jouvence au viaduc de Huccorgne. (Photo : SOFICO – Detiffe).

Un chantier réglé comme du papier à musique

Sur l’autoroute E42/A15 à hauteur de Wanze se déroule actuellement un chantier d’envergure visant à apporter une véritable cure de jouvence au viaduc de Huccorgne. Dans le numéro précédent, nous nous étions déjà attardés sur les travaux de démolition. Place à présent à la reconstruction, menée en commun par les équipes de BESIX et Galère, qui comptent parmi les rares acteurs belges disposant des compétences requises pour relever pareil défi.

Tout le matériel doit être amené à pied, car il est impossible de faire circuler des engins à l’intérieur du caisson. (Photo : JL DERU / photo-daylight.com)

L’objectif étant de ne pas interrompre le trafic routier, ce chantier titanesque a été réparti sur deux ans, le chantier de cette année portant sur le viaduc supportant les voies de circulation en direction de Liège, tandis que le viaduc vers Namur bénéficiera d’une rénovation similaire début 2023. Au moment de l’interview, fin mars 2022, les travaux étaient déjà bien avancés, conformément au planning. L’ensemble des poutres avaient été démontées et remplacées par 36 nouvelles poutres. Les prédalles consti­tuant le coffrage perdu du fond du tablier étaient en place. Les trois premiers tronçons du tablier vers Liège venaient d’être bétonnés sur 90 mètres, travail qui devait se poursuivre dans les deux semaines suivantes pour s’achever le 11 avril. Étaient ensuite prévus le bétonnage des trottoirs, la réalisation des étanchéités, la pose des équipements, … avec comme objectif  une réouverture au trafic fin juillet. Autre­ment dit : une démolition-recon­struction complète de la partie supérieure de l’ouvrage vers Liège sur 6 mois et demi seulement.  

Les travaux dans le caisson du viaduc central comprennent la mise sous tension de câbles de post-contrainte de 280 m de long. (Photo : JL DERU / photo-daylight.com)

L’importance de la météo

Denis Franssen, Chef de projets chez Galère : « Le planning a été étudié dès le stade de la remise d’offre en visant à minimiser le nombre de jours calendrier entraînant des perturbations du trafic autoroutier. Il s’est avéré que la période janvier-juillet était celle comptant le plus de jours ouvrables. De plus, cela permettait aussi de travailler sur l’étanchéité à partir de début mai, période normalement moins pluvieuse. » L’importance des conditions météorologiques n’est en effet pas à sous-estimer, ce qui a encore été confirmé lors de la dépose et la pose des poutres du pont. Les grues de 700 tonnes utilisées pouvant travailler jusqu’à une vitesse de vent de 10 mètres/seconde (36 km/h), il a fallu scruter les prévisions de vent heure par heure, et profiter de la moindre accalmie, même de nuit, afin de respecter le planning malgré une journée où il n’a pas été possible de travailler. « La sécurité des travailleurs reste primordiale, avec un encadrement relativement important : 3 conducteurs de chantier et deux contremaîtres sont en permanence sur place. Les changements de poste sont nombreux, les situations de travail évoluent continuellement, avec donc toujours une nouvelle sécurité collective à mettre en place. »

Les grues de 700 t utilisées pouvant travailler jusqu’à une vitesse de vent de 10 m/s (36 km/h), il a fallu scruter les prévisions de vent heure par heure. (Photo : SOFICO – Detiffe).

Travail de fourmis à l’abri des regards

Si la pose des poutres, particulièrement spectaculaire, a largement été commentée et relayée dans la presse, il existe une partie du chantier bien moins médiatisée mais tout aussi intéressante : un caisson visitable à inertie variable de 280 mètres de long au centre de l’ouvrage. Sur cette partie également, des réparations s’avèrent nécessaires et leur importance ne se révèle qu’au fur et à mesure des sondages réalisés dans les bétons. Ainsi, deux shifts ont dû été instaurés pour pouvoir faire face à la quantité de réparations mise à jour. Sophie Grouvel, Chef de Projet chez BESIX : « Les réparations dans le caisson représentent un véritable travail de fourmis, pour lequel les hommes réalisent du vrai sur-mesure. Car ils découvrent au fur et à mesure l’ampleur des dégâts même s’ils avaient déjà une idée globale de l’état général, d’ailleurs assez bon pour l’âge de l’ouvrage. »   “

À l’intérieur du caisson du viaduc central, toute une série de travaux sont ainsi réalisés avec l’ajout et la mise sous tension de câbles de post-contrainte de 280 mètres de long. Le long de leur cheminement à l’intérieur de l’ouvrage, ils sont déviés dans des massifs en béton qu’il faut réaliser en passant par une trappe de 2 mètres sur 1 située à chacune des extrémités. Les barres d’armatures, panneaux de coffrage, tubes d’échafaudage, foreuses, … tout doit donc être amené à pied, car il est impossible de faire circuler des engins à l’intérieur du caisson. Et tout ce travail reste totalement invisible de l’extérieur !

Un autre aspect « sportif » du projet dont on ne parle jamais a trait au remplacement des appuis du pont. La partie centrale du viaduc a dû être verrinée pour pouvoir démonter les appuis existants et poser les nouveaux appuis. Une opération peu commune…    “

Le cœur de l’organisation du chantier vient d’une bonne collaboration entre l’association Galère-BESIX, ses sous-traitants, ainsi qu’avec les bureaux d’études ARCADIS et SECO, et le SPW. (Photo : SOFICO – Detiffe)

Longue préparation en amont

L’équipe de chantier est en place depuis le mois de janvier pour figer en amont tout ce qui concerne la méthode de travail, et préparer tous les achats.  Les bureaux d’études de Galère et BESIX ont travaillé dur avec l’équipe de chantier pour que tout soit prêt en temps et en heure. Denis Franssen : « Par exemple, en ce qui concerne les poutres précontraintes qui ont été placées à partir du mois de février, l’approbation du dossier a dû être donnée dès novembre pour qu’elles puissent être préfabriquées en atelier. Avaient précédé toute l’étude de stabilité et les échanges à ce sujet avec le bureau d’études du client,… Bref, un gros travail de préparation pendant les premiers mois avec finalement assez peu d’activité sur chantier, pour pouvoir gagner du temps lors de l’exécution. » Ce travail en amont a aussi contribué à des approvisionnements qui n’ont jusqu’ici pas posé problème, la partie préfabrication ayant échappé aux problèmes actuels de pénurie.

Le viaduc d’Huccorgne est le premier d’une série de quatre viaducs d’envergure que le SPW a décidé de rénover. (Photo : SOFICO – Detiffe).

Le cœur de l’organisation du chantier vient d’une bonne collaboration entre l’association Galère-BESIX, ses sous-traitants (Eloy pour la démolition, Interspan pour les activités de post-contrainte, Sarens pour le levage), ainsi qu’avec les bureaux d’études ARCADIS et SECO, et le SPW. Tous travaillent main dans la main avec comme objectif commun de construire un ouvrage de qualité tout en minimisant les perturbations sur le trafic. Galère et BESIX n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble mais la sauce a vite pris. Sophie Grouvel : « Une bonne ambiance est venue naturellement. Sur des projets comme celui-ci, il est facile de se prendre au jeu entre professionnels et c’est très motivant. »  

Ce qui tombe bien, car le viaduc d’Huccorgne est le premier d’une série de quatre viaducs d’envergure que le SPW a décidé de rénover. Il y aura donc de nouveaux défis à relever dans le futur !  

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