Une entreprise locale qui fait le tour des mondes

Depuis ses débuts en 1994 sous le nom de Paradisio, qui était alors un jardin ornithologique, le vaste site naturel cistercien situé à Brugelette près d’Ath s’est sans cesse développé pour devenir aujourd’hui un parc animalier innovant, hébergements compris. L’an dernier, Pairi Daiza a ainsi accueilli plus de 2 millions de visiteurs venus s’émerveiller dans les « Mondes » reconstitués par Eric Domb et ses équipes. Une telle affluence justifiait à elle seule de repenser l’entrée du parc, mais le maître d’ouvrage a largement dépassé les impératifs de sécurité et de confort pour construire, avec son partenaire de longue date l’entreprise générale familiale Dherte, une galerie couverte qui constitue en soi une beauté supplémentaire.

216 mètres long, 16 mètres de haut et 12 mètres de large, Pairi Daiza a offert le 18 février dernier un lieu d’accueil hors normes à ses visiteurs. Le chantier aura duré un an. Christophe Cardinael, administrateur délégué de DHERTE représentant la quatrième génération familiale de l’entrepreneur général basé à Flobecq depuis 1880, explique les prouesses réalisées par ses équipes pour livrer le chantier dans les délais impartis.

La collaboration entre Pairi Daiza ne date pas d’hier puisque l’entrepreneur avait déjà réalisé en son temps les premières serres du parc ornithologique. D’autres projets se sont succédés au fil des années, tous plus originaux les uns que les autres, comme la construction de volcans sur le territoire des gorilles, le restaurant d’inspiration russe Izba au bord du lac, les fondations du restaurant chinois, l’enclos des tigres blancs, celui des koalas ou encore des hébergements dans la Terre du Froid. Christophe Cardinael : « Pascal De Beck, l’architecte en chef de Pairi Daiza, n’est jamais à court d’idées, et il faut pouvoir les réaliser. Comment construit-on un volcan ? Comment réaliser des logements subaquatiques avec des morses qui viennent vous dire bonjour le matin ? Il nous faut chaque fois être inventifs parce que nous n’avons jamais fait cela auparavant. Heureusement, nous avons une cellule d’étude technique avec des collaborateurs très créatifs. Et puis, créer quelque chose que des millions de gens vont venir voir, cela a un côté valorisant. Cette fierté justifie le fait que nous nous décarcassions pour trouver des solutions. »

L’authenticité étant l’une des valeurs cardinales du parc, toutes les constructions doivent correspondre le plus possible à l’aspect qu’elles auraient dans leur contrée d’origine. Et le parc n’hésite pas pour cela à faire venir à Brugelette des artisans du monde entier. Ce qui veut dire que les structures érigées par Dherte sont souvent invisibles, puisqu’habillées de décors aux provenances géographiques variées. La Galerie des Mondes – c’est le nom de la nouvelle entrée couverte située dans le prolongement d’une esplanade – a ceci de particulier qu’elle est en quelque sorte une introduction aux 8 mondes que propose le parc actuellement. Christophe Cardinael : « Nous avons réalisé tout le gros œuvre en quatre mois pour libérer une grosse partie du chantier de telle sorte que les autres corps de métier puissent travailler. Il fallait monter les colonnes le plus rapidement possible pour permettre la pose de la verrière. Nous sommes intervenus par la suite pour réaliser l’étanchéité et bardage métallique, ainsi que des menuiseries à l’image de la grandiloquence du lieu. Et nous avions aussi les travaux de peinture dans notre lot. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5600 m2 de planchers au sol, 650 tonnes d’acier, 8800 m3 de béton coulé en place avec des colonnes hautes de 10 m 60, …

Le challenge principal était de tenir des délais fort courts. Il fallait trouver un moyen d’industrialiser la partie béton, pour que le travail sur chantier puisse « rouler ». Les ingénieurs de Dherte ont donc mis au point un système répétitif basé sur la préfabrication, pour pouvoir avancer en imbriquant les éléments les uns dans les autres. Christophe Cardinael : « La commande n’était pas encore tout à fait signée que nous avions déjà enclenché la modélisation des coffrages métalliques pour la réalisation des colonnes, parce que le travail de soudure allait prendre un certain temps. Outre la rapidité, il fallait aussi veiller à une qualité d’aspect similaire entre le béton des colonnes et celui des panneaux préfabriqués s’insérant entre celles-ci. Il ne fallait pas que ce soit trop granuleux. Au final, la qualité s’est avérée tellement bonne que nous avons peint directement dessus, sans passer par un enduit. »

Comme d’autres, Dherte a été confronté à la forte augmentation des coûts, et celui du béton n’a pas fait exception. Christophe Cardinael : « Nous avons dû assumer en grande partie l’augmentation. Heureusement, nous disposons d’une capacité financière en fonds propre qui nous a permis de commander rapidement les quantités requises pour bloquer les prix et limiter la casse. Ce fut le cas aussi pour l’isolant de toiture. »

La collaboration de longue date entre Dherte et Pairi Daiza est avantageuse pour tout le monde. Les équipes se connaissent. Cela permet de ne pas perdre inutilement du temps, encore plus précieux quand les délais sont aussi courts. D’autant plus lorsque des adaptations se présentent en cours de chantier. Christophe Cardinael : « Généralement, les clients aiment bien travailler avec nous parce que notre volonté est de passer au travers des problèmes en trouvant des solutions. En bons Belges, nous recherchons le consensus pour continuer à avancer sans tout bloquer. Je tiens à encore remercier mes équipes qui ont travaillé avec leur cœur sur ce projet et qui ont contribué à cette réussite exceptionnelle. »

De plus, la structure familiale de l’entreprise– « un petit village gaulois de 250 collaborateurs » comme l’appelle son administrateur délégué pour souligner son indépendance – lui permet visible­ment de pouvoir réaliser des choses hors du commun grâce à une énorme capacité d’adaptation. C’est pourquoi on retrouve Dherte sur des chantiers aussi divers et variés que Walibi, la construction de logements sociaux, celle d’une station d’épuration ou encore à la gare de Mons. Et la nouvelle entrée de Pairi Daiza n’était pas encore inaugurée que Dherte était déjà à l’œuvre ailleurs dans le parc, pour construire de nouveaux hébergements ainsi qu’un sanctuaire amazonien dont il se dit qu’il sera l’une des plus vastes serres d’Europe…

Jérémy Lannoy, Directeur Grands projets & Directeur technique de Pairi Daiza : « Tant pour la réalisation de la Nouvelle Entrée que pour La Terre du Froid construite auparavant, nous pouvons être fiers car nous avons relevé, tous ensemble, des challenges techniques incroyables dans des délais très serrés. Cette Nouvelle Entrée est le résultat d’un magnifique travail d’équipe.    “

Il n’aura fallu que deux ans pour concevoir, obtenir les permis et construire cette entrée majestueuse et porteuse de sens. Un délai extrêmement court tenu par des dizaines d’ingénieurs, architectes et corps de métiers. Toute la conception esthétique et opérationnelle de cette entrée a été réalisée au sein du Parc grâce à l’expérience du service Projets et des autres services internes de Pairi Daiza. Pour maîtriser les budgets sans faire de concession à la qualité et à l’esthétique, nous avons opté pour des solutions concertées avec nos sous-traitants : béton visible, structure acier légère, réduction des portées dans les boutiques, finitions simples dans un ensemble architectural réfléchi, optimisation des compartimentages feu, … Au niveau technique, la verrière surplombant la galerie à seize mètres de haut a demandé des études pointues. Nous pouvons être fiers d’avoir relevé ces 1001 défis tous ensemble. Je tiens à souligner la bonne collaboration avec Dherte. Bravo pour leur expertise, leur flexibilité et leur respect des délais. »