Du 30 septembre 2019 à fin novembre 2021, le bâtiment Tour Agro « De Serres » à Louvain-la-Neuve a connu une profonde rénovation bien nécessaire. Conçue lors de la construction de la ville étudiante, la tour B datait des années 70. Le bâtiment abrite une partie de la Faculté agronomique de l’UCL et le Earth and Life Institute. Gunther Genette, gestionnaire du projet chez Artes TWT, nous explique comment l’entrepreneur a mené de A à Z cette rénovation ambitieuse.
« Nous avons d’abord procédé à la mise à nu de la structure portante. Il s’agit d’une structure en ‘dalles champignons’, à savoir des dalles en béton armé, soutenues par des colonnes, dont la partie supérieure évasée permet une reprise des charges. L’architecture d’époque était composée d’imposants balcons en béton préfabriqués, de cloisons métalliques à l’intérieur ainsi que d’un faux plafond en béton de 15 cm d’épaisseur, dans lesquels transitaient toutes les techniques », explique Gunther Genette.
Le projet consistait, en partant de la structure existante, à recréer de nouveaux espaces de laboratoires pour la Faculté, de conserver la structure existante du bâtiment, donc les dalles champignons, mais de supprimer les faux plafonds qui alourdissaient le bâtiment et réduisaient l’apport de lumière.
Une grosse partie du chantier a consisté à mettre à nu chaque niveau, à retirer les éléments périphériques des balcons, à déshabiller l’ensemble des façades puis à démonter progressivement les faux plafonds. Tous les éléments préfabriqués d’époque étaient posés les uns sur les autres, il fallait les démonter en respectant un ordre bien défini, avec peu de hauteur disponible pour y accéder avec des machines. « Nous étions également tributaires du fait que les dalles existantes ne pouvaient reprendre que peu de charge. Il y avait lieu d’organiser les démontages sans concentrer les débris ni les machines. Finalement, il ne restait plus que la structure portante : les colonnes et les dalles des cinq niveaux du bâtiment », poursuit Gunther Genette.
Le bâtiment a ensuite été isolé par l’extérieur et reçu une nouvelle façade en caissons bois et murs rideaux, le tout recouvert d’un bardage en bois. « Nous avons recréé l’enveloppe du bâtiment et l’alignement de la façade. Contrairement à l’ancien design, ce n’est plus le béton mais le bois qui est mis en avant pour cette nouvelle version du bâtiment. Après prolongation des fondations, nous avons réalisé un nouvel alignement de façade continu devant les dalles d’étages, limitant ainsi fortement les ponts thermiques. L’enveloppe est constituée pour la moitié du bâtiment de caissons en bois isolé et recouvert d’un bardage bois. Le reste du bâtiment est constitué de murs vitrés. Devant ces murs rideaux, une coursive écartée d’1 m 50 permet une circulation extérieure, notamment pour le nettoyage des vitres. In fine, des bois ajourés créent l’enveloppe du bâtiment fini. Ces bois ajourés créent une sorte de relief et protègent de l’arrivée directe du soleil. » La structure de la coursive a fait l’objet d’une étude approfondie pour faire passer les efforts au travers des profilés du mur rideau tout en garantissant une coupure thermique et une étanchéité totale.
Outre cette nouvelle enveloppe extérieure, un chantier très conséquent a été réalisé à l’intérieur, avec plus de 7000 m2 de surface au sol à traiter et la construction d’environ 6000 m2 de cloisons. Deux niveaux sont destinés à l’accueil (grands espaces ouverts), aux laboratoires et aux salles de travaux pratiques. Deux autres niveaux sont encore occupés par des laboratoires pour chercheurs et doctorants, et un dernier niveau est constitué de bureaux et open-space.
« Nous avons recréé entièrement l’aménagement de chaque niveau », commente Gunther Genette. « Une grosse partie du travail consistait à coordonner et réaliser les techniques spécifiques aux laboratoires (gestion des sorbonnes, alimentation en gaz divers, fourniture et raccordement des mobiliers de laboratoire, etc.). Nous devions aussi coordonner ces techniques spéciales par rapport aux finitions souhaitées. » Désormais toutes les techniques sont apparentes mais concentrées dans les couloirs, pour décharger les pièces.
« Pour optimiser le positionnement des techniques apparentes, nous avons utilisé un logiciel BIM avec nos sous-traitants afin notamment d’anticiper certains problèmes d’encombrement sur chantier, croisement de techniques, etc. In fine, les données techniques sont ajoutées sur la maquette ‘as built’, ce qui permet au client de pouvoir l’utiliser pour la maintenance du bâtiment s’il le souhaite. »
Par ailleurs, une attention particulière a été accordée à l’acoustique. « Plusieurs réunions de chantier ont été consacrées à ce qu’il fallait mettre en œuvre pour arriver à la valeur souhaitée en termes d’acoustique. Le fait de ne pas avoir de faux-plafonds amène une difficulté complémentaire pour la gestion du bruit. Pour réussir ce challenge, nous avons notamment utilisé des cloisons dédoublées qui atteignaient jusqu’à 22 cm d’épaisseur et réalisé des raccords en acier entre la menuiserie et les cloisons ».
Début d’année, les étudiants ont pris possession de la tour Agro rénovée mais Gunther Genette, lui, retravaille à Louvain-la-Neuve depuis trois mois. Artes Group est en effet chargé de la rénovation complète du Théâtre Jean Vilar. Encore un beau projet à gérer…