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À Ciney, le béton se plie à toutes les demandes
La finesse et l’élégance de l’ouvrage doivent en partie aux armatures en inox, demandant un enrobage un peu moins important qu’avec un ferraillage classique.

À Ciney, le béton se plie à toutes les demandes

Dans l’Est du pays, de nombreux ouvrages d’art ont été endommagés à des degrés divers suite aux inondations que nous avons connues en juillet 2021. Certains ponts ont même subi des dégâts pouvant mettre leur stabilité en péril. Dans ce cas, une reconstruction de l’ouvrage peut être nécessaire, comme c’est par exemple le cas dans la commune d’Eupen, sur la Vesdre et sur la Helle. Quatre nouveaux ouvrages en béton y sont remarquables en ce sens qu’ils sont composés de poutres hélicoïdales, fabriquées par les Ets. Ronveaux. 

La longueur totale du coffrage métallique est de 26 m pour une hauteur de 1,20 m et une largeur de 2,60 m.

Cette géométrie, voulue par le bureau d’études et d’archi­tecture Servais, permet à ces ponts cyclo-piétons de mieux s’intégrer dans le paysage. Julien Grosjean, ingénieur d’affaires dans l’entreprise cinacienne : « Au-delà de l’aspect esthétique, cette forme particulière correspond également à la volonté d’augmenter la hauteur sous poutre et d’éviter un pilier central. Ceci permet d’améliorer les conditions d’écoulement de la rivière et de limiter les dégâts lors d’éventuelles futures inondations ».

Les poutres, au nombre de 8 pour cette commande de 4 ponts, mesurent jusqu’à 25,50 mètres de longueur pour 2,10 mètres de hauteur une fois redressées. La masse des plus grandes poutres est de 21 tonnes. Les 8 poutres ont été préfabriquées chez Ronveaux de manière continue, mais leur pose sur site est étalée sur plusieurs semaines. Le premier ouvrage à entrer en service est celui de Langesthal, dont les poutres ont été posées fin novembre.

Un défi à tous les niveaux 

Au vu de leur forme très particulière, ces éléments ont donné du fil à retordre aux équipes de Ronveaux, de la conception à la livraison. Julien Grosjean : « C’était inédit. Pour évaluer correctement la faisabilité du projet ainsi que son coût, il nous a notamment fallu réfléchir à la façon dont les poutres allaient être ferraillées et coulées, ainsi qu’à la manière de réaliser le coffrage, qui a nécessité pas moins de 20 tonnes d’acier ».

Les plans de coffrage des pièces ont été dessinés en 3D afin d’approcher au plus près ce qui était désiré par le maître d’ouvrage et le concepteur. L’atelier chaudronnerie de Ronveaux a ensuite dû couper, plier et assembler l’ensemble des tôles afin de donner des courbures peu communes à ce coffrage, réalisé en deux parties. Sa longueur totale est de 26 mètres pour une hauteur de 1,20 mètre et une largeur de 2,60 mètres.

Quant aux poutres en béton elles-mêmes, elles se dé­marquent par le recours à des armatures en acier inoxydable, une autre première pour Ronveaux. Ainsi armé, le béton subira moins de dégâts suite à la corrosion des armatures, un problème récurrent sur de nombreux ouvrages d’art en Belgique. La durabilité des poutres profitera ici à la longévité de l’ouvrage. En outre, ce type d’armature convenait également bien à la relative finesse de l’ouvrage désirée par le bureau d’études et d’architecture Servais, car l’enrobage peut être un peu moins important qu’avec un ferraillage en armatures classiques.

Le projet se démarque également par le recours à des armatures en acier inoxydable, une autre première pour Ronveaux.

Dans un berceau…

Mais ce n’est pas tout. Julien Grosjean enchaîne : « La poutre est coulée sur sa seule face horizontale, sa tranche, de telle sorte qu’il faille ensuite la tourner de 90°. Cette opération a demandé des appareils de levage spécifiques parce que le centre de gravité de la poutre n’est pas aligné avec son axe longitudinal, comme c’est le cas pour une poutre rectiligne. Fonctionnant comme un arc en phase définitive, la poutre risque de se briser si on la manutentionne de manière classique. Une fois décoffrée, elle est donc placée dans un berceau métallique afin de pouvoir être retournée à l’intérieur du hall avant d’être stockée.

Chaque poutre est ensuite acheminée sur chantier, toujours dans son berceau, afin d’y être posée par l’entreprise Haas&Co, associée à Bodarwé. « Une fois que tout est bétonné ensemble, les berceaux sont retirés afin de servir pour le prochain pont. »

La géométrie particulière de l’ouvrage permet à ces ponts de mieux s’intégrer dans le paysage.

Projet atypique

Julien Grosjean conclut : « Ce que je retiens de ce projet, c’est la capacité d’adaptation dont tous les départements de Ronveaux ont su fait preuve pour répondre à une demande atypique. Peu en Belgique sont capables de produire de telles pièces. Nous avons pu trouver les bonnes solutions pour toute la phase d’exécution, de manière à satisfaire les demandes du client. Chapeau à toute l’équipe ! » 

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