Du BIM à la réalité virtuelle et augmentée en passant par la robotisation et même l’impression 3D : autant d’innovations qui s’imposent de plus en plus dans la construction et qui trouvent progressivement leur place dans le béton préfabriqué. À quoi ressemblera la construction en béton (préfabriqué) à l’avenir ? Dans un podcast du site d’architecture architectura.be, trois experts des secteurs de la production, du développement et de l’architecture répondent à cette question passionnante.
La numérisation ne peut plus être ignorée dans la pratique constructive actuelle. Cela vaut également pour les personnes et les organisations qui travaillent avec le béton préfabriqué. Le fait que les philosophies sous-jacentes de la préfabrication et des formules de collaboration innovantes telles que le Design & Build se chevauchent est déjà un avantage, souligne Dirk Engelen, gérant de BINST ARCHITECTS. « Lors d’une exécution classique, un pourcentage limité des coûts supplémentaires est dû à l’échec. Pour minimiser ces risques, le BIM apporte une optimisation importante, et c’est là que la préfabrication peut jouer un rôle essentiel. En effet, dans le cadre d’une collaboration entre équipes de construction, de la valeur ajoutée est souvent recherchée en impliquant l’exécutant à un stade très précoce, ce qui se traduit par une plus grande efficacité. Le préfabriqué s’inscrit parfaitement dans ce contexte. »
Régler des questions cruciales dès la phase préliminaire, réduire le temps de construction sur le chantier et minimiser les erreurs de construction : tel est l’objectif principal. Dans la production de béton préfabriqué, cependant, la BIM en est encore à ses balbutiements, bien que cela semble s’être accéléré tout récemment. « Beaucoup se fait encore manuellement et sur chantier, et il y a une belle marge pour l’automatisation de la production. La valeur ajoutée du BIM est très importante, certainement aussi en termes d’assurance qualité », souligne Sonja Kuypers, CEO d’Ebema.
Robotisation, technologies laser, optiscanning, réalité augmentée … : ces nouveautés font également leur apparition ces derniers temps dans le secteur du préfabriqué. « Avec la réalité augmentée, vous pouvez ajouter certaines couches d’information à la réalité, comme des nœuds de construction complexes et des instructions d’assemblage spécifiques. Vous réduisez ainsi le nombre d’erreurs d’exécution et les coûts d’échec qui en découlent », explique Vincent Kerkstoel, directeur du Groupe Kerkstoel et président de Febestral.
La réalité augmentée et la réalité virtuelle constituent également un atout important dans le dialogue avec les clients. Elles permettent par exemple de montrer au client, à un stade précoce du projet, une image détaillée et réaliste du résultat final escompté, un moyen idéal pour mieux justifier les choix de conception et d’exécution effectués. Dirk Engelen pense que cette évolution conduira à une nouvelle façon de collaborer avec les clients, les bureaux d’études et les entrepreneurs. « La livraison virtuelle du modèle – y compris les installations techniques, les finitions, les couleurs … – peut constituer une étape importante dans le processus de construction. Bien sûr, cela déplace une grande partie du travail d’étude qui appartient maintenant à la phase d’exécution vers la phase préliminaire, ce qui fait avancer le processus de construction à la vitesse d’un TGV. »
Une autre innovation intéressante est l’impression 3D avec du béton. À l’avenir, y aura-t-il plus d’impression sur chantier que de production dans les halls industriels des fabricants de béton préfabriqué ? « C’est une évolution très intéressante, mais je ne pense pas que l’impression 3D remplacera complètement le béton préfabriqué. Actuellement, la technologie n’est pas encore prête pour des réalisations à grande échelle. En outre, le processus d’impression sur chantier est également soumis à certains facteurs météorologiques, environnementaux et qualitatifs qui sont bien mieux contrôlés dans les halls des fabricants de béton préfabriqué. Enfin, certains éléments sont très difficiles à imprimer, comme les éléments volumineux pour les ponts ou les grandes portées. Il n’existe pas non plus de réponse toute faite aux défis logistiques associés pour le moment. Ce que je pense, c’est que des éléments imprimés spécifiques peuvent avoir une certaine place dans le tableau d’ensemble. Je vois également des opportunités dans l’impression de coffrages complexes pour la production d’éléments en béton préfabriqué », indique Vincent Kerkstoel.
En tant qu’architecte, Dirk Engelen ne voit pas de raison d’adopter massivement l’impression 3D pour le moment. « C’est une alternative valable, mais pour l’instant son champ d’application est relativement limité. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas encore vu beaucoup d’applications imprimées en 3D qui ne puissent être réalisées d’une autre manière. Quoi qu’il en soit, je pense qu’il faut bien peser le pour et le contre en fonction du contexte d’un projet. En effet, le fait qu’il s’agisse d’une technologie fascinante ne suffit pas en soi. Il doit y avoir une réelle valeur ajoutée. Pour la création de formes compliquées qui sont plus difficiles à réaliser en termes de technologie de coffrage, je vois des opportunités. Mais je vois aussi l’impression 3D comme un complément précieux aux méthodes de production et d’exécution existantes. »