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Des nerfs d’acier pour un projet d’une portée essentielle pour Liège
La halle la plus vaste offre un espace de plus de 6000 m2 sans aucune colonne, avec une hauteur libre d’une quinzaine de mètres (photo juin 2023)

Des nerfs d’acier pour un projet d’une portée essentielle pour Liège

Avec la création de l’écoquartier Rives Ardentes sur la presqu’île de Coronmeuse, les Halles des Foires de Liège déménagent vers la zone multimodale de Bressoux, qui sera desservie par le Tram. Prévu pour accueillir salons, foires, spectacles ou encore congrès, le nouveau complexe Liège Expo a été voulu modulable pour pouvoir accueillir un ou plusieurs événements en même temps. Un chantier titanesque que la SM G MOURY – CIT Blaton – BPC Group s’est efforcée de réaliser en 600 jours calendrier malgré la faillite du constructeur métallique. La livraison est prévue fin juin.

Le chantier a démarré le 12 septembre 2022, sur ce terrain préalablement dépollué par la Spaque.

Pour ce projet cofinancé par le FEDER et par la Wallonie dans le cadre de la programmation FEDER 14-20, la société momentanée tripartite était en charge du gros œuvre, des parachève­ments et de la coordination, ainsi que des menuiseries extérieures. Dessiné par les bureaux d’architecture Archipelago, BAEV et Mangado y Asociados Architects, le complexe de 14 500 m² se compose d’une halle d’entrée vitrée de 2500 m2, d’un hall principal d’environ 6000 m2, de trois autres halls plus petits et de salles de réunion, bureaux et zone Horeca, le tout complété par une esplanade de 4500 m2 permettant l’organisation d’événements en extérieur. 

Philippe Hagelstein, gestionnaire de chantier chez G Moury : « La société momentanée que nous formons avec CIT Blaton et BPC a mis 4 ETP à disposition pour l’encadrement du chantier. La direction du projet a été assumée par l’entreprise Moury que je représente, BPC a mis à disposition un conducteur et une ingénieure de préparation, tandis que Pierre Delvaux de CIT Blaton est le conducteur principal du chantier. La main d’œuvre a été entièrement sous-traitée, dont notamment les menuiseries inté­rieures en bois qui ont été sous-traitée à MOSABOIS, filiale du groupe Moury Construct. Notre SM n’endosse pas le rôle d’entrepreneur général pour la totalité du dossier, puisque celui-ci est divisé en 8 lots, dont deux nous ont été attribués : le lot 1 qui représente l’ensemble du gros œuvre, des para­chèvements et de la coordination générale de l’ensemble des lots et le lot 3 qui comprend les menuiseries extérieures. Nous n’avons par exemple pas la responsabilité sur le bardage et la couverture (lot 2), qui touchent pourtant au gros œuvre. »  

« Nous avons dû faire preuve de beaucoup de précision tant pour la pose des bétons que pour celle de la charpente métallique car sur des longueurs atteignant 140 mètres, il faut veiller à un alignement parfait. » (photo juin 2023)

Pas un long fleuve tranquille

Le chantier démarre le 12 septem­bre 2022, sur un terrain préa­la­ble­ment dépollué par la Spaque. Et déjà, un premier problème se pose : des essais à la plaque révèlent une portance du sol proche de zéro. L’équipe trouve la solution en utilisant des graves chaulées, un mélange d’empierrement recyclé traité à la chaux.  

Une première partie de travaux voit alors la pose de 300 pieux puis la réalisation des semelles et des massifs de fondation. Ensuite, pour le gros œuvre de la partie avant, environ 1600 m2 de voiles de béton apparent de grande hauteur sont coulés en place selon une formulation et une méthodologie particulières pour obtenir l’aspect souhaité. Avec 850 m2 de voiles non apparents, ce sont près de 5000 m2 de coffrage qui ont été mis en œuvre, nécessitant près de 400 000 kilos d’acier pour les armatures. La partie arrière et les galeries latérales ont requis quant à elles la pose d’une grande quantité de colonnes, hourdis et de voiles préfabriqués. Actuellement, les équipes travaillent à l’intérieur pour réaliser notamment des dalles de belle dimension au rythme d’environ 1500 m2 par semaine.

Le chantier à la mi-mars 2024.

Une charpente métallique de 1300 tonnes

Une grande partie des défis relevés sur ce chantier concerne la halle 1, la plus vaste. Elle offre en effet un espace de plus de 6000 m2 sans aucune colonne, avec une hauteur libre d’une quinzaine de mètres ! Il s’agit là d’une différence majeure avec ce que l’on trouvait dans les anciennes halles à Coronmeuse, où les chevaux devaient slalomer entre des colonnes en béton lors du Jumping international de Liège… Cela a été rendu possible par la fabrication et la mise en œuvre de poutres treillis de 5 m de haut, en tronçons limités à 24 m pour en permettre le transport par la route. Une fois arrivés sur chantier – en se coordonnant avec les travaux du tram – les tronçons ont été réassemblés par boulonnage précontraint puis soulevés par deux immenses grues pour être mis en place. 

Pierre Delvaux, conducteur de chantier chez CIT Blaton : « Le gros défi a été de bien maîtriser et gérer l’interaction entre le béton et la charpente métallique afin d’achever la structure métallique à temps pour permettre la couverture du bâtiment. Nous avons dû faire preuve de beaucoup de précision tant pour la pose des bétons que pour celle de la charpente métallique car sur des longueurs atteignant 140 mètres, il faut veiller à un alignement parfait. » Grâce à cette expertise, les premiers bacs de toiture et panneaux de bardage étaient posés en août 2023, soit moins d’un an après le début du chantier.

Et ce malgré une tuile de grand format ! Philippe Hagelstein se souvient : « Le charpentier métallique avec lequel nous avions réalisé les études a posé la première charpente avant de faire faillite en avril 2023. Nous avons alors pris nos responsabilités, avons négocié avec le curateur le rachat des charpentes produites qui se trouvaient dans les ateliers du charpentier failli et en avons trouvé un autre pour finir le travail. Et nous avons passé nos congés du bâtiment à poser les charpentes pour rester dans les délais… » 

Les tronçons de charpente métallique ont été réassemblés sur chantier par boulonnage précontraint puis soulevés par deux immenses grues pour être mis en place. (photo juin 2023)

Coordination et coactivité

Pierre Delvaux : « Nous sommes actuellement dans une phase de parachèvement où tous les intervenants doivent être bien coordonnés : les poseurs de cloisons, l’électricien qui tire des câbles, le chauffagiste qui place une gaine de ventilation, … Notre rôle est d’orchestrer le tout pour que chacun puisse respecter l’échéance. »

Philippe Hagelstein ajoute : « Le chantier étant divisé en 8 lots différents, assurer la coordination générale n’est pas une sinécure car nous n’avons pas la même relation avec des co-traitants qu’avec des sous-traitants. La bonne volonté des uns et des autres ne suffit pas. Le savoir-faire et l’expérience des trois entreprises associées dans la SM ont été utiles. Et tant le maître d’ouvrage que les cotraitants ont fait preuve de pragmatisme pour trouver rapidement des solutions afin de résoudre les problèmes et arriver dans les délais. »

Maître d’ouvrage
la SPI pour le compte de l’Intercommunale de gestion immobilière liégeoise (IGIL)

Architectes
Archipelago, BAEV et Mangado & Asociados Architects

Entreprises
SM G MOURY – CIT Blaton – BPC GROUP

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