La nouvelle norme béton NBN B15-001 est d’application en Belgique depuis le 4 juillet. Nous avons demandé à Bram Dooms, du CSTC, quel impact auraient les modifications de la norme sur les entrepreneurs et les centrales à béton.
Les normes sont revues périodiquement pour apporter des réponses aux évolutions dans le secteur. Il n’en est pas autrement pour le béton. En 2014, une nouvelle version de la norme béton européenne est parue (NBN EN 206), et a été légèrement modifiée en 2016. C’est pourquoi les commissions chargées de la normalisation dans notre pays se sont mises au travail pour y adapter la norme belge NBN B 15-001. « Dans la norme européenne, une série d’éléments ont été modifiés et ajoutés ; l’objectif est bien évidemment de les adapter au contexte belge. Cela concerne aussi bien des modifications que des ajouts. La norme européenne laisse ouverte une série de critères ou d’exigences que les états membres peuvent remplir eux-mêmes », explique Bram Dooms, Chef adjoint du laboratoire de Technologie du Béton du CTSC.
On peut se procurer auprès du NBN cette nouvelle norme béton, qui remplace la version de 2012. Les entrepreneurs membres du CSTC peuvent télécharger gratuitement cette nouvelle norme sur le site internet du CTSC, comme c’est déjà le cas pour un grand nombre d’autres normes. Febelcem propose également une publication pratique qui intègre à la fois la norme européenne et son annexe nationale belge. Dans la préface de la norme, on peut trouver la liste de toutes les nouveautés et modifications par rapport à la version précédente. Bram Dooms nous explique ici les changements qui ont le plus d’influence sur le chantier.
Une importante annexe concernant la prévention de la réaction alcali-silice a été ajoutée. « Des niveaux de prévention et des catégories d’exposition ont été définies. L’entrepreneur doit, à la demande du maître de l’ouvrage, les spécifier lors de sa commande de béton. Des mesures spécifiques doivent en effet être prises par la centrale à béton pour éviter une réaction alcali-silice. Ces mesures sont également décrites dans la norme », complète Bram Dooms.
Dans la précédente version de la norme, les possibilités d’utiliser des granulats recyclés étaient très limitées. « Celles-ci ont été clairement élargies dans la nouvelle norme, explique Bram Dooms. Les granulats recyclés doivent bien entendu répondre à des critères précis. On parle de granulats de béton de type A+ et de granulats mixtes de type B+. Pour du béton armé en classe d’environnement EE3 (éléments extérieurs exposés au gel), on peut désormais remplacer jusqu’à 20% des gravillons par des granulats de béton de type A+, alors que ce n’était pas permis auparavant. Le règlement BENOR a également été adapté et il est désormais possible d’obtenir du béton BENOR composé en partie de granulats recyclés avec ces nouvelles possibilités. Sur les chantiers, on nous demande de plus en plus de solutions écologiques ou tendant vers une économie circulaire. La nouvelle version de la norme tient compte de cette évolution. »
Auparavant, les règles pour le béton auto-plaçant faisaient l’objet d’une norme spécifique ; elles sont désormais incluses dans la norme béton, tout comme les règles d’application pour le béton fibré. Le règlement BENOR a entretemps été également adapté, ce qui facilite désormais l’obtention de béton auto-plaçant ou de béton fibré BENOR. « Mais attention, la centrale à béton peut garantir la répartition homogène des fibres dans le béton en utilisant uniquement des fibres certifiées par un agrément technique (ATG) de type 1. Les fibres portant un ATG de type 2 permettent de garantir les propriétés de ductibilité en flexion du béton fibré sous la marque BENOR », insiste Bram Dooms.
En ce qui concerne le béton utilisé pour des travaux géotechniques spéciaux (pieux forés ou parois moulées, par exemple), des règles spécifiques existaient déjà, mais celles-ci, décrites dans d’autres normes, n’étaient pas souvent respectées, avec tous les problèmes inhérents à cette situation. « On commandait par exemple pour des parois moulées du béton comme pour une application classique, alors que le dosage minimal en ciment et celui en matériaux fins doivent être beaucoup plus élevés pour cette utilisation », explique Bram Dooms. « En intégrant ces règles à la norme béton, nous espérons que ces recommandations soient mieux suivies. »
Enfin, il est important que les centrales à béton ne continuent pas à employer n’importe quel type de ciment pour n’importe quelle utilisation. On trouvera dans la nouvelle norme des précisions concernant toutes les utilisations appropriées.