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Vaste éventail de techniques dans une rénovation hautement complexe
La pièce maîtresse du travail de Sotrelco en HVAC est la conception et construction d’un étage technique en toiture

Vaste éventail de techniques dans une rénovation hautement complexe

Rénover le plus grand hôtel de la capitale n’est déjà pas en soi un chantier ordinaire. Quand un incendie vient détruire une grande partie les nouvelles installations en fin de chantier, les contraintes et défis atteignent des sommets. C’est la situation qu’a rencontrée l’installateur Sotrelco à l’ex-Sheraton place Rogier à Bruxelles. Un projet d’ampleur, prestigieux, où Sotrelco a démontré sa maîtrise technique et sa capacité à déployer et coordonner des équipes importantes.

Plus de 40 000 heures de travail, un débit total de ventilation atteignant le 75 000 m3 d’air traité, plus de 40 km de câbles tirés, … ces quelques chiffres parmi d’autres illustrent le gigantisme du chantier, même pour une entreprise qui compte déjà plusieurs rénovations d’hôtels à son actif. Ce qui est particulier avec ce projet, c’est le fait que Sotrelco soit entrepreneur général pour la rénovation de toutes les chambres ainsi que pour la construction d’un nouvel étage technique en toiture. Et ce en plus de son rôle habituel d’installateur de techniques spéciales pour les étages 29, 30 et 31. Pour le socle, à savoir les étages 0, 1, 2 et 3, Sotrelco œuvrait en SM avec CIT Blaton.  Des casquettes multiples donc, à la mesure de la complexité du projet.

Depuis la construction du Sheraton au début des années 70, les exigences en matière de confort ont fortement évolué. De plus, l’ajout d’une variété d’espaces supplémentaires tels que spa, restaurants, salle de sport, à côté de la piscine existante au dernier étage a nécessité des techniques adaptées. Enfin, les normes sont devenues plus strictes, essentiellement en matière de protection incendie. 

Une usine énergétique sur le toit

La pièce maîtresse du travail de Sotrelco en HVAC est la conception et construction d’un étage technique en toiture hébergeant quatre chaudières de 1500 kW chacune, deux groupes de froid de 1000 kW chacun, 18 centrales de traitement d’air de capacités comprises entre 750 et 40 000 m³/h, un stockage d’eau chaude sanitaire de 9000 litres pour les chambres et 3000 litres pour les communs et la cuisine. Patrick Hautecoeur, directeur technique chez Sotrelco : « C’est une véritable petite usine que l’on a installée pour rendre l’hôtel énergétiquement indépendant car, auparavant, la production de chaud et de froid était partagée avec le complexe Manhattan voisin. Nos installations ne se limitent pas à ce nouvel étage technique, puisque l’on en retrouve également aux niveaux +3 et -3, notamment pour le ballroom, les salles de déjeuner et autres espaces communs, les cuisines, … Ces installations aux niveaux inférieurs ont été entièrement étudiées et conçues par Sotrelco, dans des espaces existants particulièrement exigus, alors que celles au 31e étage ont été réalisées sur base des plans d’un bureau d’études. Des techniques d’origine n’ont été conservées que les trémies qui distribuent les énergies dans tout l’hôtel, en raison de la présence d’amiante. »  

Faire et refaire, et même davantage

En mars 2022, Sotrelco avait achevé à 80% ses travaux HVAC entamés en 2019 (tenant compte de fait que les travaux avaient été ralentis par le COVID et les difficultés d’approvisionnement qui en ont découlées), tant en parachèvement qu’en installation, quand est survenu un incendie. Celui-ci a annihilé quasiment tout le travail effectué jusqu’alors, les fumées et l’eau ayant fait d’énormes dégâts. Dans une trémie principale, véritable colonne vertébrale énergétique du bâtiment, le calorifugeage existant des tuyaux avait aussi été détruit. Mais il était impossible de le remplacer sans procéder à un désamiantage extrêmement coûteux. Patrick Hautecoeur : « Comme alternative, il a fallu trouver une autre trémie où refaire passer la distribution de chaud et de froid sur toute la hauteur du bâtiment, soit sur plus de 100 mètres, et ce à côté de gaines de ventilation qui, elles aussi, ont été remplacées… Tous les conduits de ventilation et les tuyauteries ont dû être placés et soudés dans ce goulot de 100 m de haut par des cordistes. Un travail colossal et très physique ! »

Faisant également partie des compétences de Sotrelco, le sprinklage du bâtiment se décompose quant à lui en deux parties : du -3 au +3, il est relié à la copropriété et alimenté par l’eau de ville. Tous les autres étages sont alimentés par l’eau stockée dans piscine située au dernier étage.

Même complexité pour la partie électricité

L’intégration de l’hôtel dans le complexe Manhattan et la présence de la station de métro Rogier rendaient nécessaires l’intégration et l’adaptation à l’existant.  Michaël Mansart, chargé d’affaires pour la partie électricité chez Sotrelco : « Il fallait d’abord faire en sorte que l’hôtel soit autonome en termes d’alimentation électrique par rapport au complexe Manhattan, avec sa propre cabine HT, son TBGT et sa propre détection incendie. Le TGBT se trouvant coincé dans les sous-sols du Manhattan, il a entièrement été reconditionné sur place, alors qu’habituellement le tableau est fabriqué en atelier et puis acheminé et réassemblé sur chantier. » L’hôtel est à présent alimenté par cinq transfos pour une puissance électrique de 4000 kVA. 

525 chambres à équiper, plus de 4000 têtes de détection incendie, environ 2500 à 3000 composants de réseau de données, … le volet électricité du projet est tout aussi tentaculaire que la partie HVAC.  Avec ses chambres, bureaux, espaces de réception, cuisines, … l’hôtel regroupe en outre une grande variété de techniques électriques, allant de l’éclairage décoratif aux systèmes de contrôle d’accès et de détection incendie en passant par l’audio et la domotique. Avec à la clé une multitude d’intervenants différents (architectes, bureaux d’études, …) en fonction des différentes zones, ce qui ajoute encore à la complexité. 

Michaël Mansart : « L’incendie a fait en sorte que nous avons réalisé… 3 fois l’alimentation électrique. Une première fois comme prévu – et nous en avions réalisé environ 98% au moment où le feu s’est déclaré – puis une deuxième fois après l’incendie juste pour pouvoir travailler et enfin une troisième et dernière fois pour réaliser à nouveau ce qui avait été prévu, plus d’autres équipements existants qui avaient été détruit par l’incendie. Du haut d’une trémie de plus de 100 m de haut, nous avons notamment dû tirer des câbles de belle section (et donc d’un poids conséquent) pour desservir chaque étage, à partir de bobines de plusieurs tonnes livrées sur chantier en tenant compte des restrictions d’accès sur la place Rogier. Ce fut sportif ! »

Sotrelco a aussi réalisé toute la distribution en courant faible (data). Chaque chambre disposant de 3 prises réseau, on imagine vite les longueurs de fibre optique et toute la connectique à déployer.

Les finitions en Gold Mirror, dans lesquelles il s’agissait d’intégrer l’éclairage à fleur de tôle, ont demandé des prouesses de coordination.

Réflexion et coordination

La plupart des chambres ont comme particularité d’avoir la tête de lit juste près de la fenêtre. Patrick Hautecoeur : « Au niveau de la climatisation, c’est le pire que vous puissiez faire. La tête du dormeur se trouve juste à côté du ventilo-convecteur : le modèle a donc été sélectionné par nos soins pour ses performances acoustiques. Mais, par temps chaud, l’air froid vous tombe littéralement dessus. Pour éviter cela, nous avons fait énormément de tests avant de sélectionner une grille qui permette d’envoyer l’air froid vers le fond de la chambre. »  

Une rénovation de pareille ampleur demande énormément de coordination, ne serait-ce que pour garantir l’accessibilité à certaines techniques malgré les contraintes d’espace dans les faux plafonds, par exemple. Autre cas qui illustre bien la nécessaire coordination : les finitions murales et de plafond en Gold Mirror, dans lesquelles il s’agissait d’intégrer l’éclairage à fleur de tôle, pour garantir une planéité parfaite. Michaël Mansart : « C’était comme un puzzle à assembler à quatre mains et à tour de rôle, le menuisier posant les tôles, l’électricien les rails LED ».

Pas moins de 40 kilomètres de câbles ont été tirés.

On peut le constater, les défis n’ont pas manqué sur ce chantier, et la présence d’amiante est venue tout compliquer. Si, avant l’incendie, le challenge était la quantité de travail à réaliser dans le temps imparti, ce fut ensuite davantage la spécificité des interventions à exécuter, non prévues au départ, qui a donné du fil à retordre.

Plusieurs étages ayant été mis en service en janvier 2024, le travail s’est d’ailleurs poursuivi dans un bâtiment partiellement occupé, pour ensuite libérer les autres étages au fur et à mesure de l’avancement des travaux. A l’heure où nous écrivons ces lignes, tout a été réceptionné à l’exception des étages « spéciaux » des 29e, 30e et 31e étages. L’ouverture de l’hôtel sous la bannière Cardo Brussels Hotel est donc proche.  

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