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À Forest, comment marier parfaitement l’huile et l’eau

À Forest, comment marier parfaitement l’huile et l’eau

On a l’habitude de dire que l’eau et l’huile ne font pas bon ménage. Mais à Forest, lorsqu’on construit à l’angle de la Rue de l’Eau et de l’Avenue des Huileries, à force d’imagination, de créativité et… d’huile de bras, les deux éléments finissent par ‘cohabiter’ dans un projet de quatre bâtiments proposant 59 logements passifs, d’une crèche et d’espaces verts (semi-)publics. Explication.

« Le projet Huileries comprend la construction de quatre bâtiments (RDC + 1 à + 3) sur un site situé entre l’avenue des Pagans, la chaussée de Neerstalle, la rue de l’Eau et la rue Max Waller à Forest »,
explique Bernard Patris, gestionnaire du projet chez A C H Construct. « Jusqu’au début des travaux, en août 2017, le site était un terrain vague dans lequel un petit potager communautaire était installé. Nous y avons construit 59 unités de logement passives, partagées entre logements sociaux et logements de classe moyenne. La gestion des logements sociaux sera confiée au Foyer du Sud, tandis que la commune de Forest sera responsable des logements de la classe moyenne. »

Vue générale, avec les différents bâtiments constituant le projet Huileries.

Disposition des bâtiments

6 logements sur la Chaussée de Neerstalle, 29 logements et un parking en intérieur d’îlot, 22 logements et une crèche Avenue des Huileries et 2 logements Rue de l’Eau : le compte est bon, nous arrivons à 59 unités. « En concevant ces 4 bâtiments aux toitures vertes à l’intérieur d’un bloc, nous avons pu créer un espace vert central et une nouvelle place qui complètent le réseau existant d’espaces publics ouverts », explique Steven Van Hoorde, du bureau BOB 361 Architects.

Une crèche casco

Le bâtiment avec la crèche et les appartements situés au-dessus délimite l’espace ouvert et forme ainsi la place des Huileries. La crèche est à la fois située sur le site et reliée à l’espace public. Cette crèche a été conçue et construite selon le principe ‘casco’, c’est-à-dire que seule la structure portante du bâtiment et la finition extérieure ont été réalisées, au contraire des finitions intérieures.

Goedele Desmet, ingénieure civile et architecte, fondatrice et partenaire du bureau BOB 361 Architects, explique les raisons de ce choix : « Lors du concours pour la réalisation du bâtiment, ni sa fonction définitive ni l’exploitant n’avaient été arrêtés. Lors de l’avancement du projet, la commune de Forest a choisi le gestionnaire de la crèche, mais le budget pour sa conception (architectes, bureau d’études techniques, …) n’avait pas été prévu.  C’est la commune elle-même qui a réalisé le projet, mais nous avons évidemment fait des suggestions… ».

Les couleurs du rez-de-chaussée et les terrasses dynamisent les bâtiments d’habitation.

Des bâtiments passifs

« Lors du concours, la commune et le maître d’ouvrage voulaient être plus ambitieux au niveau énergétique que ce que la loi de l’époque imposait », précise Goedele Desmet. Le projet a fortement tenu compte de cette ambition PEB 2015 : « Nous avons, dès le début, travaillé avec le bureau Daidalos-Peutz pour répondre aux demandes énergétiques de manière plus globale, c’est à dire que l’implantation-même devait favoriser le caractère passif du projet. Les logements sont donc tous orientés Sud, Sud-Est ou Sud-Ouest afin de faciliter leur nature passive. »

Les exigences pour la consommation énergétique étaient au départ de 15kWh/m²/an. Mais les architectes et le bureau d’études ont encore amélioré cela afin d’être encore mieux en phase avec le contexte bruxellois tout en n’utilisant pas d’épaisseurs d’isolation trop importantes.

De plus, comme le précise Bernard Patris, dans ce projet, « nous avons été très attentifs à l’étanchéité à l’air grâce à la réalisation de tests d’infiltrométrie ». Et, dans la même optique, comme l’explique le bureau Daidalos-Peutz, l’attention s’est également portée sur l’optimalisation des nœuds constructifs.  

Les bâtiments sont munis de systèmes double flux avec échange de chaleur et de panneaux solaires alimentant des chauffe-eau solaires. Chaque unité de logement possède son système de ventilation individuel avec récupération de chaleur. Le rendement en récupération de chaleur est de minimum 80% et respecte en cela les normes des maisons passives. Enfin, pour lutter contre la surchauffe, des screens extérieurs manuels ont été installés sur toutes les fenêtres orientées à l’est, au sud et à l’ouest.

Les façades aux briques en saillie rythment les coursives extérieures de certains bâtiments.

Le problème de l’eau

Le plus grand défi auquel ont été confrontés les architectes et l’entrepreneur est la présence massive d’eau dans le terrain, qui a nécessité un important rabattement de la nappe phréatique. Le site se situe en effet plus bas que l’ensemble du quartier et les risques d’inondation étaient bien réels.

Mais la créativité des parties prenantes au projet a fait son œuvre et la gestion de l’eau est devenue un élément conceptuel et paysager, notamment via le jardin public écologique et les jardins potagers formant une zone-tampon en cas d’arrivée massive d’eau de pluie. « Les logements du rez-de-chaussée sont surélevés », expliquent les architectes « et nous avons également prévu un parking souterrain, qui est de plus une structure porteuse. » Les eaux pluviales s’infiltrent via un wadi (oued) tout en largeur, qui se trouve au point le plus bas du site.

Tant en matière de gestion des eaux souterraines que de créativité énergétique, les partenaires du projet ont mis la barre très haute. Ce n’est en effet pas parce que l’on réalise des logements sociaux et moyens que les exigences doivent être moindres…   

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