La Wallonie possède tout : un territoire agricole à haut potentiel de réparation des sols pour une production alimentaire de qualité, des métropoles avec une culture riche et un ADN d’innovation qui fait ses preuves, un réseau ferroviaire et fluvial intermodal connecté aux plus grands ports européens pour un transport décarboné… Alors, qu’est-ce qu’elle attend pour être heureuse ?
Dès 2014, le gouvernement wallon a exprimé sa volonté d’une transition vers une Économie Circulaire, suivie du plan Marshall 4.0 dont l’axe 4 porte sur la transition énergétique et l’économie Circulaire. La stratégie 2019-2024 formule une ambition visant une réduction de 50% d’incinération pour 2027. En février 2021, la nouvelle stratégie se focalise sur la construction, l’alimentation, les plastiques, le transport, la métallurgie et l’eau. Le gouvernement wallon vise enfin par son action à favoriser la transition vers la demande et l’offre de produits et services circulaires…
Parlons-nous alors encore de l’Économie Circulaire comme du recyclage intelligent et sélectif de nos déchets, ce à quoi elle est trop souvent réduite, ou bien de l’Économie Circulaire régénératrice, réparatrice, créatrice de valeurs, d’emplois, d’innovations et de moyens économiques récurrents… ce dont elle est capable ?
L’Économie Circulaire est un changement de paradigme qui permettra – si l’on n’oublie pas de la traiter de façon holistique et systémique – de réduire les impacts négatifs de nos activités certes, mais aussi et surtout, de générer des impacts économiques, environnementaux et sociaux positifs. Passer du « business as usual » amélioré à un modèle « future proof » pour les générations à venir nécessitera de l’espace urbain et péri-urbain pour la production, le stockage, la recherche et la formation, à l’instar de Bluegate Antwerp*, dont le seuil d’exigence environnemental est élevé.
Il n’y aura pas le changement d’échelle requis sans partenariats publics/privés. Les deux secteurs doivent s’entendre pour faire de la place et attirer l’industrie circulaire décarbonée, locale et non délocalisable. Les filières liées à la construction sont une première évidence au vu de la tâche de transition des villes et infrastructures wallonnes en réponse aux accords de Paris. La filière bois vient souvent à l’esprit lorsqu’on évoque ce thème, mais celles des ciment, béton, acier, verre et terre bénéficient également d’un savoir-faire historique évident au niveau régional. Elles doivent se réinventer en même temps que les secteurs de l’énergie, de l’eau, du transport et de l’agriculture, sur des centaines d’hectares qui réanimeront du même coup les villes parfois devenues dortoirs. Considérer certaines terres agricoles, malmenées par des décennies d’appauvrissement, de pollution des sols, comme étant de facto des territoires « brownfields » à régénérer, nous donne l’ampleur réelle de la tâche d’un urbanisme qui doit dès lors intégrer la biodiversité et les services écologiques qu’elle fournit.
Les crises actuelles du Covid et des conflits proches nous ouvrent les yeux sur les dépendances intenables aux importations de produits pétroliers et gaziers, d’engrais et de céréales, mais pas uniquement. Le recours à la production de matériaux biosourcés et au surcyclage de matières premières, la préfabrication locale d’habitat qualitatif et abordable, sont autant d’opportunités pour les collectivités locales d’améliorer leur cadre de vie et pour les entreprises de se distinguer à l’échelon européen, sur les espaces disponibles, avec des ressources européennes.