Les élèves atteints de troubles du spectre de l’autisme (TSA) ont besoin d’un espace bien à eux. Un espace qui les protège d’une surstimulation sensorielle, ou bien d’une sous-stimulation pour les personnes dites hyposensibles. Mais comment concevoir un espace meublé à la fois reposant et stimulant ? Les étudiants en architecture et génie civil de l’université de Gand (UGent) se sont penchés sur ce paradoxe. Pour ce faire, ils ont collaboré avec des spécialistes de l’autisme, la Ville de Gand et Het Kwadrant, une école gantoise pour les jeunes atteints de TSA. Grâce à la société Decomo, en collaboration avec la FEBE, les élèves de Het Kwadrant peuvent déjà tester deux projets dans leur école.
Het Kwadrant est une école communale, située sur la Martelaarslaan à Gand. Elle dispense un enseignement adapté à 72 élèves présentant un trouble du spectre de l’autisme, âgés de 12 à 17 ans. Ces jeunes ont des besoins très différents, même pendant leurs pauses à l’école : alors que l’un voudra avoir une vue sur toute la cour de récréation, l’autre préférera peut-être s’isoler et se replier sur lui-même. Les étudiants de l’UGent devaient tenir compte de ce facteur, tout en permettant aux enseignants de garder une vue d’ensemble. Quant au mobilier extérieur, il devait être solide et s’intégrer dans un espace ouvert à différents usages, propice à l’interaction entre les élèves. Enfin, l’impact de multiples stimuli, notamment visuels et sonores, était un autre défi pour les concepteurs.
On ne peut pas concevoir du mobilier pour des élèves présentant un TSA sans comprendre comment ils interagissent entre eux et avec leur environnement. La littérature scientifique sur ce thème est abondante, mais elle requiert une approche critique. De plus, elle porte uniquement sur les enfants de 3 à 12 ans, alors que Het Kwadrant accueille des jeunes jusqu’à 17 ans.
Ce qui rend ce projet unique, c’est sa multidisciplinarité. Sept équipes d’étudiants en architecture et génie civil se sont lancées dans l’aventure. Ces étudiants, dirigés par le professeur Nathan Van Den Bossche et évidemment accompagnés d’ingénieurs architectes, ont bénéficié de multiples éclairages : le professeur, psychologue et chercheur en autisme Herbert Roeyers, plusieurs orthopédagogues de l’UGent et de la HGent, une décoratrice d’intérieur égyptienne, un bureau d’études parisien et les coordinateurs des soins de Het Kwadrant ont tous apporté leur pierre à l’édifice.
Le projet a produit des résultats très variés. Certains groupes ont choisi de concevoir un siège original, d’autres ont imaginé une solution extérieure complète.
Het Kwadrant et la Ville de Gand étaient tellement surprises des résultats, qu’elles les ont proposés à l’équipe de projet chargée de la rénovation du campus. En effet, les créations ne sont pas seulement pertinentes pour Het Kwadrant, mais pourraient bien convenir à toutes les écoles du campus.
Decomo et la FEBE ont voulu soumettre deux prototypes aux élèves de Het Kwadrant. Ainsi, ils ont doté les étudiants concepteurs des meubles sélectionnés du support technique et du savoir-faire nécessaires pour concrétiser leurs inventions. Que ce soit pour la composition du béton, le coffrage, le traitement des surfaces ou la manipulation, les futurs ingénieurs civils ont pu compter sur l’expertise indispensable des spécialistes du secteur. Les mobiliers sont aujourd’hui largement utilisés par les élèves de Het Kwadrant. Espérons que les autres inventions seront bientôt intégrées dans la rénovation complète du campus.
Les étudiants participants, l’industrie du béton, les spécialistes des TSA et l’équipe pédagogique, tous ont vécu ce projet comme une expérience passionnante et stimulante avec, à la clé, un résultat encourageant pour les jeunes présentant un trouble du spectre de l’autisme.