L’état investit dans le rail, tant pour le transport de marchandises que de passagers. A Houyet au Sud de Dinant, la Lesse joue à saute-mouton avec le relief et s’entrelace avec de nombreux ponts ferroviaires répartis sur une dizaine de kilomètres. Cette portion du réseau fait partie de l’axe « Athus-Meuse », stratégique pour le transport de marchandises par rail entre le port d’Anvers et le Sud de l’Europe. En 2013, Infrabel a lancé un vaste plan de renouvellement des ponts aux abords de la Lesse. A l’été 2023, ce fut au tour de celui de Walzin d’être remis à neuf. Un chantier ferroviaire de plus pour Techno Métal Industrie (TMI), basée à Seilles, à 33 km à vol d’oiseau, mené ici en sous-traitance pour Galère.
Avec sa pile centrale plantée dans la rivière et ses 2 travées de 32 m chacune, ce pont est assez imposant. L’une des deux voies repose sur un tablier en béton encore en très bon état. Cette voie restera d’ailleurs en service tout au long du chantier. La seconde est posée directement sur un tablier en acier que le temps et les éléments ont corrodé. La première phase des travaux, menés par l’entreprise générale Galère, à savoir le démontage de 2 éléments de 100 tonnes chacun, a été réalisée au cours du week-end des 10 et 11 juin 2023. Trois semaines plus tard, a eu lieu la seconde phase : à l’aide d’une impressionnante grue ferroviaire Kirow réservée de longue date, 8 nouvelles poutres métalliques (4 par travée) d’un poids unitaire d’un peu plus de 25 tonnes ont été posées en place.
Arnaud Tourny, Project Manager chez TMI, explique : « Chaque poutre reconstituée-soudée mesure 32 m de long pour 1,60 de haut. 4500 goujons garnissent les 8 poutres pour reprendre la partie béton de l’ouvrage. Les poutres ont été fabriquées dans nos ateliers à Seilles sur base des plans d’Infrabel, légèrement adaptés pour faciliter la production et le transport. Outre la fabrication, nous avons étudié certains éléments de levage pour la manutention en atelier. Les poutres ont ensuite été acheminées par transports exceptionnels vers l’usine de peinture avant d’être embarquées sur des wagons en gare de Ronet pour finalement arriver sur chantier par voie ferrée. »
Il n’aurait pas été possible de procéder autrement, vu les difficultés d’accessibilité que présentait le site. Dans cette partie encaissée de la vallée de la Lesse, seul un petit chemin à peine carrossable permettait d’accéder au chantier. Galère avait d’ailleurs mis à sec une moitié de la largeur de la rivière par batardeau pour pouvoir travailler sur la pile historique, qu’il fallait renforcer avec du béton.
Une autre contrainte fut le délai. TMI a reçu les premiers plans en février 2023, pour une exécution début juillet, le tout en tenant compte des spécifications propres à Infrabel qui allongent les délais de livraison. Le constructeur métallique de Seilles a donc dû fabriquer et faire mettre en peinture (système anti-corrosion 3 couches) très rapidement pour livrer à la date prévue, qui ne tolérait aucun retard. Notons que ce chantier a été organisé pour n’entraver qu’au minimum le passage des… kayaks et des nombreux promeneurs.
Voyant passer de nombreux trains de marchandises d’une centaine d’essieux représentant 20 tonnes de pression chacun, cet ouvrage d’art de classe d’exécution EXC4 implique le respect de toute une série de critères de qualité, dont le contrôle à 100% des soudures ou encore la traçabilité des pièces. TMI est rompue à ce genre d’exercice. Cependant, pour ce chantier, le constructeur de Seilles a dû mettre à jour une certification propre à Infrabel concernant les PRS soumises à la fatigue. Il a pour ce faire fabriqué une petite PRS d’environ 3 m de long qui a été soumise à une batterie de tests par l’Université de Liège.