Accidents aux passages à niveau et intrusions dans les voies continuent à peser lourdement sur la régularité du trafic
Le nombre d’accidents aux passages à niveau (31 faits/6 morts) et le nombre de signalements d’intrusions sur les voies (632 faits/5 morts) ont légèrement diminué l’an dernier. Mais leur impact sur le trafic ferroviaire a fortement augmenté : 12h30 de retards quotidiens cumulés, soit 2x plus qu’en 2021. Infrabel lance donc un plan global pour renforcer la sécurité et améliorer la ponctualité. Deux nouvelles mesures sont présentées aujourd’hui : la poursuite de l’installation de LED sur les barrières et l’introduction du numéro d’appel d’urgence « 1711 ».
L’objectif commun du plan d’action repose sur plusieurs piliers : d’une part, il faut éviter les incidents sur le rail grâce à la sensibilisation et la prévention, et d’autre part il faut les « traiter » par la répression et un règlement plus rapide grâce à une coopération étroite avec la police, la justice, les services de secours, les entreprises de pompes funèbres… À côté de cela, Infrabel lance un appel à tous les acteurs des différents domaines à s’attaquer ensemble à ce phénomène de société (par ex. via des actions de contrôle de la Police des chemins de fer, de la Police locale et de Securail), et exhorte tout un chacun à toujours respecter les règles de sécurité aux passages à niveau, dans les gares et le long des voies.
Benoît Gilson, Administrateur délégué d’Infrabel : « Je salue le soutien du Gouvernement et des différents ministres dans leurs domaines respectifs pour s’attaquer ensemble à ce problème de société par le biais d’un plan d’action transversal. La sécurité tant routière que ferroviaire, et la ponctualité, sont essentielles pour tout un chacun. Je voudrais lancer un nouvel appel à tous les usagers de la route pour qu’ils s’engagent à un respect strict des règles aux passages à niveau, le long des voies et dans les gares. Une vie humaine vaut bien plus que le gain d’une minute ».
L’an dernier, il y a eu 31 accidents sur des passages à niveau, lors desquels 6 personnes ont perdu la vie et 5 autres ont été blessées. Ce chiffre est comparable à celui de 2022 (32 accidents/11 morts) et s’inscrit dans la tendance à la baisse observée ces dernières années (voir également le graphique), mais le bilan reste très lourd.
Un piéton, un cycliste ou un automobiliste qui force le passage alors que le feu est rouge et que les barrières sont baissées… c’est le point commun des accidents de l’année dernière. En outre, 29% des accidents (9 sur 31) ont eu lieu pendant les mois de novembre (5) et décembre (4), d’où l’appel au respect du code de la route et à la prudence par temps hivernal.
Pour compléter l’autocollant apposé précédemment et reprenant la « carte d’identité » d’un passage à niveau (numéro du PàN et de la ligne, nom de la rue et commune), Infrabel apposera cette année un nouvel autocollant sur tous les passages à niveau publics. Celui-ci reprendra le nouveau numéro de téléphone 1711 à appeler pour contacter directement le service de gestion du trafic d’Infrabel en cas de situation dangereuse. Ainsi, nos équipes pourront réagir encore plus rapidement pour interrompre le trafic ferroviaire lorsqu’il y a un risque d’incident. À cet égard, un message important reste à retenir : mettez-vous d’abord en sécurité !
En 2024, Infrabel poursuivra aussi le déploiement du projet pilote d’éclairage LED sur les barrières des passage à niveau. Cet éclairage LED offre une meilleure visibilité du passage à niveau et constitue un outil supplémentaire (en particulier à l’adresse des automobilistes) afin de renforcer localement la sécurité routière. Actuellement, 20 passages sont équipés de ces LED et l’analyse de l’institut Vias révèle que l’on y observe une tendance positive et une amélioration du comportement. L’objectif est d’équiper 176 passages à niveau supplémentaires dans les 10 prochaines années (dont 20 cette année) en ciblant les lieux où il y a fréquemment des barrières arrachées ou des accidents de la route et ceux situés sur les routes très fréquentées.
Georges Gilkinet, Vice-Premier Ministre et Ministre fédéral de la Mobilité: « All For Zero : zéro mort sur les routes d’ici 2050, c’est notre objectif. Et grâce à ce plan d’action pour les passages à niveau, Infrabel y travaille également. Les intrusions sur les voies ferrées sont un problème que nous devons combattre par tous les moyens possibles. Grâce à un numéro d’urgence et à un éclairage LED supplémentaire, les passages à niveau deviendront plus sûrs. Les trains pourront ainsi circuler plus facilement et avec une meilleure ponctualité ».
Le non-respect du Code de la route* (et de la signalisation : feux rouges, barrières, sonnerie) reste la cause principale (+/- 55%) des accidents aux passages à niveau, et relève d’un véritable problème sociétal. Mais une cause presque aussi importante réside dans les comportements imprudents (+/- 35%) des usagers de la route qui tentent encore de traverser le passage à niveau alors que la situation du trafic ne le permet plus, ou qui ratent leur virage et se retrouvent bloqués. Enfin, il y a aussi l’impact des conditions météorologiques (soleil, pluie ou brouillard – environ 10%). Il est aussi frappant de constater, à l’analyse des chiffres, que les accidents « hors zone portuaire » concernent principalement (+/- 75%) des personnes habitant à proximité du passage à niveau. Elles pensent à tort que rien ne peut leur arriver.
Annelies Verlinden, Ministre de l’Intérieur : « Il est important que tous les services concernés continuent à fournir ensemble des efforts pour lutter contre les intrusions dans les voies et éviter autant que possible les accidents aux passages à niveau. Environ 55 % des accidents aux passages à niveau sont dus au non-respect des règles de circulation. La souffrance humaine, les dégâts matériels et l’impact sur le trafic ferroviaire sont énormes. Ces chiffres révèlent malheureusement qu’en plus de la prévention, nous devons continuer à miser sur la répression. C’est pourquoi la Police fédérale des Chemins de fer, mais aussi la police locale et Securail, effectuent régulièrement des contrôles et sensibilisent les usagers de la route et les passagers des trains à respecter les règles de circulation et à toujours faire preuve de prudence »
*Les infractions aux passages à niveau peuvent donner lieu à des amendes d’un montant de 320 à 4000 euros, à un retrait du permis de conduire et à une interdiction de conduire pour une période de 8 jours à 5 ans. Les contrevenants doivent également payer une indemnisation pour les dommages subis et les minutes de retard occasionnées au trafic ferroviaire.
Infrabel poursuit donc ses efforts de sensibilisation (notamment via des programmes éducatifs et de jeux pour les écoles) et a également lancé récemment une nouvelle campagne numérique sur la sécurité ferroviaire. Une enquête sera également menée prochainement auprès des citoyens belges au sujet des comportements à risque sur et autour des voies ferrées et aux passages à niveau.
Lien vers la nouvelles campagne digitale: La parole à ceux qui restent
En 2023, 12 passages à niveau ont été supprimés et/ou remplacés sur des lignes ferroviaires en service, et 3 passages à niveau ont été ajoutés dans le port de Gand (pour accroître la sécurité sur le site). Le réseau ferroviaire belge est l’un des plus denses d’Europe et compte au 1er janvier 2024 1621 passages à niveau. Depuis la création d’Infrabel en 2005, 451 ont été supprimés. Là où c’est possible, Infrabel privilégie des alternatives telles pont, tunnel, route parallèle, piste cyclable et ce en travaillant en étroite concertation avec les autorités locales. Infrabel travaille actuellement à une objectivation plus poussée afin de prioriser les passages à niveau à supprimer sur la base de critères tels que la sensibilité aux accidents, mais aussi des facteurs environnementaux tels que les écoles…
Infrabel améliore aussi la signalisation et la visibilité des passages à niveau en concertation avec le gestionnaire de voiries. En 2023, Infrabel a investi environ 32 millions d’euros (avec l’intervention de subsides européens) dans le remplacement, le renouvellement et la mise en place de mesure de renforcement de la sécurité aux passages à niveau.
Outre les drames humains, les incidents aux passages à niveau ont également provoqué des dérangements et des retards pour le trafic ferroviaire. En 2023, il y a eu 324 incidents (= accidents + événements tels qu’une barrière ou une caténaire arrachée + accidents de circulation à proximité d’un passage à niveau), qui ont occasionné ensemble un retard moyen de 2h25/jour. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2022 où il y avait eu 349 incidents (pour une moyenne de 1h47/jour), et presque d’un doublement par rapport à 2021 (moyenne de 1h18/jour).
En 2023, il y a eu 632 signalements d’intrusions sur les voies, ayant entraîné 5 morts et 4 blessés graves. Ce chiffre est comparable à celui de 2022, où il y avait eu 649 signalements (6 morts, 1 blessé grave), et s’inscrit dans la tendance à la baisse observée depuis 2018 malgré une légère augmentation ces 2 dernières années. Les principales causes (représentant ensemble 90%) restent la volonté de prendre un raccourci, les promenades le long des voies ou le fait de se rassembler à proximité des voies.
Il y a des intrusions sur les voies partout en Belgique (voir graphique) mais l’année dernière près de la moitié des signalements concernaient la Flandre (309), environ un tiers la Wallonie (213) et le reste Bruxelles (110). La plupart des intrusions se produisent en pleine voie, donc entre 2 gares (60%), mais le phénomène est également fréquent dans les gares (30%), et enfin, aux passages à niveau (10%).
La tendance à la baisse du nombre d’intrusions sur les voies depuis 2018 est en partie liée à la sécurisation des « hotspots » (44 en pleine voie et 51 dans les gares). Ce sont des endroits où les intrusions sont plus nombreuses qu’ailleurs sur le réseau. Infrabel mise ici sur des mesures infrastructurelles telles que des clôtures le long des voies, des barrières d’entrevoie, des blocs de béton, des tapis-obstacles près des passages à niveau, des caméras de dissuasion contre les intrus, des rehaussements de quais dans les gares, etc.
En outre, Securail et la police mènent régulièrement des actions de contrôle contre les intrusions sur les voies (les contrevenants sont passibles d’une amende de 300 euros, ou 500 euros en cas de récidive). Par ailleurs, Infrabel sensibilise les écoliers en mettant à disposition des dossiers pédagogiques et des jeux, ainsi qu’en organisant des actions de sensibilisation.
En 2023, les intrusions sur les voies (plus de 40% se produisent pendant l’heure de pointe vespérale) ont causé en moyenne de près de 10 heures de retard par jour. En cas de signalement, il faut en effet interrompre le trafic ferroviaire ou limiter la vitesse jusqu’à ce que les intrus aient quitté les voies.