Ce 3 juin 2020, FEBELCEM, la Fédération de l’industrie cimentière belge, a tenu son Assemblée Générale. À cette occasion, le rapport annuel de la Fédération est publié. Suivant les règles de « compliance » que l’industrie cimentière s’est fixée au niveau européen, les chiffres de la consommation de ciment sur le territoire belge sont dévoilés avec un décalage d’un an. Cela signifie que cette année, pour son rapport annuel 2019, l’industrie publie les chiffres de l’année 2018.
La consommation de ciment gris en Belgique, en 2018, a atteint 6.302.943 tonnes alors que cette consommation était de 6.148.312 tonnes en 2017, soit une augmentation de 2,5 %. Pour rappel, l’année 2017 avait vu une légère régression de 1 % par rapport à 2016. Cela dit, même si l’année 2018 est une bonne année en termes de consommation de ciment, elle est cependant marquée par une augmentation très significative (+16,5 %) des importations hors membres. Il faut également souligner la force des exportations des membres eux-mêmes, en hausse de 10,1 %. Pour 2019, l’estimation de ce début d’année donnait une augmentation de la consommation de ciment de l’ordre de +1,6 % mais le ralentissement de la seconde moitié de l’année a ramené les dernières estimations à une stabilisation voire une légère décroissance de la consommation. Dans tous les cas, il faudra attendre 2021 pour connaître avec précision le volume de ciment consommé en Belgique en 2019.
Inutile de rappeler, sans doute, que les incertitudes liées à la crise sanitaire sont très importantes. 2020 sera donc une année particulière, dont les résultats dépendront du type de reprise qui pointe aujourd’hui. Retenons qu’au pire moment de la crise, à peine 20 % des entrepreneurs ont continué à fonctionner avec un niveau d’activité normal. Selon BNP Paribas Fortis, l’impact sur le secteur était de 21 % en mars et 52 % en avril.
Alors que 80 % des entreprises étaient de nouveau opérationnelles début mai, la Confédération Construction estime aujourd’hui que le secteur connaîtra une forte baisse de ses activités. Robert de Mûelenaere, son Administrateur délégué, affirme même que « seule une reprise dès le troisième trimestre pourra limiter à 10 % la baisse que subira notre secteur cette année ». Des perspectives bien sombres donc, qui s’expliquent notamment par le fait que le marché se soit vraiment écroulé depuis le début de la crise sanitaire (les ventes d’habitations ont ainsi diminué de 47 %, toujours selon la Confédération Construction).
Il est donc évident que le secteur de la construction, dans sa globalité, a besoin de toute urgence d’un plan de relance d’envergure, centré essentiellement sur le soutien aux investissements des ménages, des entreprises et des pouvoirs publics. Le point de départ doit être une politique ambitieuse de la fiscalité liée à l’immobilier. Les actes de construire et de reconstruire doivent devenir plus attrayants sur le plan fiscal !
À plus court terme, dans un grand nombre d’entreprises de construction, des discussions sont en cours pour modifier la durée et/ou la période des congés d’été afin de ne pas casser l’élan de la reprise et éventuellement récupérer une partie du retard subi. Dans tous les cas, les usines des membres de FEBELCEM tourneront à plein rendement, même pendant la période estivale afin de soutenir efficacement les entrepreneurs de la construction.
La Confédération de la Construction prévoyait en début d’année une croissance de la consommation de ciment de quelque 2,6 % en 2020 et 1,9 % en 2021. Sur base des dernières prévisions, l’impact négatif de la crise sur le logement et le non résidentiel devrait être atténué par le génie civil. En effet, ce segment était attendu avec une croissance autour de 7,5 %, liée à de grands chantiers emblématiques comme la construction du tram à Liège, le Oosterweelverbinding à Anvers, les travaux du Métro à Bruxelles, les travaux du RER… Ces projets devraient continuer sur leur lancée voire bénéficier d’une accélération.
À plus long terme, l’industrie cimentière belge reste résolument positive. En effet, la consommation de ciment est basée sur des fondamentaux solides (‘bouwshift’, logements quasi zéro énergie, infrastructures nécessaires, etc.) qui devraient permettre aux membres de FEBELCEM d’envisager l’avenir avec un certain optimisme. C’est ainsi que Monsieur Eddy Fostier, Président de FEBELCEM, s’exprime en confiance sur l’avenir du secteur du ciment et du béton : « Du côté du monde de la construction, les besoins sont immenses et une révolution est en marche également. Concilier les besoins d’une p111opulation grandissante, des logements zéro énergie et mettre fin à l’étalement urbain : voilà des enjeux qui ne pourront être réussis qu’en intégrant toutes les étapes dans un processus circulaire depuis la conception jusqu’à la réutilisation ou au recyclage d’un bâtiment. Le ciment et le béton s’inscrivent sans conteste dans cette optique et en sont des acteurs essentiels ».