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« Les outils numériques facilitent la transition circulaire »
« Quand la construction circulaire rapportera de l’argent, alors nous aurons abouti ! »

« Les outils numériques facilitent la transition circulaire »

La circularité semble devenir le nouvel évangile de la construction, mais en ces années pionnières, la rendre pratiquement réalisable et économiquement viable n’est pas (encore) une sinécure. Heureusement, des outils numériques sont disponibles pour soutenir et faciliter la transition vers la pratique de la construction circulaire. Dans l’épisode 42 du podcast d’Architectura, Joeri Beneens (Beneens bouw en interieur), Véronique Orens (Yugening Architects) et Johan Klaps (Madaster Belgium) évoquent des applications logicielles susceptibles d’apporter une valeur ajoutée dans ce contexte.

Une numérisation poussée est-elle une condition préalable essentielle à la construction circulaire ? Pas nécessairement, mais c’est un facteur de soutien important, affirment nos interlocuteurs à l’unisson. « La seule façon d’avancer est de garder une trace de toutes les données relatives à la construction et aux matériaux, de les mettre en relation les unes avec les autres et d’en tirer des enseignements », souligne Johan Klaps. Véronique Orens est tout à fait d’accord : « La pensée circulaire est par définition une pensée à long terme, car pour qu’un bâtiment soit vraiment circulaire, il doit encore pouvoir servir dans deux ou trois cents ans. En tant qu’acteurs de la construction, nous devons donc aussi vouloir évoluer avec notre temps. Dans les projets de rénovation classiques, nous n’avons souvent que peu ou pas d’informations sur les matériaux utilisés, la structure porteuse, la composition des complexes… Les outils numériques peuvent nous aider à cet égard et nous éviter aussi de tomber dans le greenwashing, notamment en comparant matériaux et systèmes sur la base de données objectives. »

« Un passeport de matériaux (ici, Madaster) est essentiel pour exploiter le potentiel circulaire et estimer la valeur résiduelle des matériaux. »

BIM and beyond

Le BIM est un outil numérique désormais bien implanté dans la construction. Même si la modélisation 3D n’est certainement pas une fin en soi, souligne Véronique Orens. « Qui sait, on parlera peut-être bientôt de BAIM : Building Artificial Intelligence Modelling, où des drones scannent un bâtiment et le projettent ensuite dans le Metaverse ? Il est difficile de prédire quelle sera la prochaine étape, mais l’évolution numérique pourrait donner lieu à une révolution sociale que nous ne pouvons pas appréhender aujourd’hui. Autrefois, les étages supérieurs des immeubles new-yorkais étaient les moins chers, jusqu’à ce que l’ascenseur soit inventé. Cela a donné lieu à une dynamique totalement nouvelle, qui a changé à jamais la ligne d’horizon de toutes les villes du monde. Cependant, on se demande encore aujourd’hui de quelle manière le BIM et ses dérivés vont changer la ligne d’horizon du monde de la construction. »

Passeports de matériaux et de bâtiments

Joeri Beneens souligne qu’un grand nombre de compléments et d’extensions sont encore possibles pour élargir le champ d’action du BIM. « Par exemple, nous avons nous-mêmes développé BIM-Integrum pour pouvoir continuer à utiliser le modèle BIM une fois le bâtiment terminé. Nous avons ainsi obtenu un ‘passeport’ avec tous les matériaux qu’il contient (y compris les fiches techniques, leur méthode de montage et de démontage …) et une sorte de score de circularité, non seulement du bâtiment en général, mais aussi de chaque partie de l’enveloppe. Chaque matériau de construction se voit attribuer une étiquette NFC unique, ce qui permet de le suivre au fil des années et des projets. » Il existe plusieurs logiciels permettant de créer de tels passeports pour les matériaux et les bâtiments. « Il faut un peu tâtonner, tout comme à l’époque où il existait différents systèmes d’enregistrement vidéo. Informations spécifiques aux produits, EPD, données sur l’évaluation des matériaux (à mon avis, la grande révolution à venir) … : le défi consiste principalement à collecter toutes les données, car techniquement, tout est en place », explique Johan Klaps.

« Les outils numériques peuvent nous éviter de tomber dans le greenwashing, notamment en comparant matériaux et systèmes sur la base de données objectives. »

Écologie et économie

Les passeports de matériaux et de bâtiments sont-ils indispensables à la construction circulaire ? « Effectivement », répond Johan Klaps avec convic­tion. « Il faut savoir ce que l’on peut trouver à tel endroit, quelle est la composition, ce que l’on peut encore en faire, comment l’enlever du bâtiment, quel était l’impact en CO2 lors de sa mise en œuvre … En d’autres termes, il faut donner une identité aux matériaux, car c’est important si l’on doit choisir plus tard entre une alternative neuve ou réutilisable. Un tel passeport est essentiel pour exploiter le potentiel circulaire et estimer la valeur résiduelle. » Pour que la construction circulaire s’impose, il faut aussi que le contexte économique soit favorable, conclut Véronique Orens : « On pourrait penser que l’économie et l’écologie avancent main dans la main, mais dans la pratique, c’est loin d’être évident. Je pense qu’il est opportun qu’un nouvel outil numérique soit bientôt inventé pour que tout cela reste accessible aux particuliers. C’est grâce à la numérisation des bâtiments que l’écologie deviendra de plus en plus économie et vice versa. Quand la construction circulaire rapportera de l’argent, alors nous aurons abouti ! »   

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