Les premiers kilomètres de ces rails « nouvelle génération » ont été posés sur le réseau ferroviaire belge cet été ! C’est le fruit d’un marché public, d’un montant de 200 millions d’euros, passé par Infrabel auprès de la firme « Saarstahl Rail » et de ses unités de production françaises. L’utilisation de fours électriques plutôt que de hauts-fourneaux au charbon, et le recours à une matière première recyclée, permettent de réduire d’environ 70% l’empreinte carbone de ces rails… tout en garantissant la robustesse et un prix compétitif.
A l’œil, rien ne permet de différencier ces « rails verts » de ceux déjà posés sur le réseau belge : ils ont les mêmes caractéristiques (apparence, poids, robustesse) et sont, eux aussi, acheminés par courtes sections via des convois ferroviaires internationaux jusqu’à Schaerbeek. C’est là, dans l’atelier d’Infrabel, qu’ils sont assemblés, à l’aide d’une technologie de soudure de haute précision, afin de former de longs rails de 300 m prêts à être posés dans les voies.
Pourtant, le train arrivé le 17 mai dernier en provenance directe du site de laminage de rails situé à Hayange (Département français de la Moselle), constitue une petite révolution. Sur ce convoi de 480 m, 900 tonnes de rails qui sont parmi les premiers exemplaires d’une nouvelle génération livrés en Belgique. L’innovation vient du mode de fabrication qui ne requiert pas de coke (un combustible obtenu en portant la houille à très haute température) ; l’acier étant produit à l’aide de fours électriques. Autre évolution, bénéfique à l’environnement, la matière première est de la ferraille… soit un matériau recyclé. Une telle chaîne de production permet de réduire d’environ 70% le bilan carbone de ces rails. Concrètement, Saarstahl Rail livrera à Infrabel jusqu’à 2800 km de ces « rails verts » dans les quatre prochaines années, ce qui contribuera à réduire les émissions de quelque 224 000 tonnes, soit l’équivalent de l’empreinte carbone annuelle de 9000 ménages moyens.
Dans un processus constant de renouvellement de l’infrastructure, entre 450 et 500 km de rails sont posés chaque année sur le réseau ferroviaire belge. Afin de s’assurer des meilleurs prix et de la continuité de son approvisionnement, Infrabel recourt à plusieurs fournisseurs. Ce marché public, lancé fin 2022, ne comportait pas (encore) de critère environnemental, mais l’offre de Saarstahl Rail s’est avérée être la plus compétitive, tout en incluant cette innovation « rails verts ». Afin de limiter l’utilisation de matières premières et de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans sa chaîne d’approvisionnement, Infrabel applique déjà des critères environnementaux et sociétaux dans certains dossiers d’achat, conformément aux dispositions de la loi sur les marchés publics.
Saarstahl Rail s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire en proposant à ses clients le recyclage et la valorisation de leurs rails usagés. L’aciérie électrique Saarstahl Ascoval recycle des ferrailles provenant de l’usine Saarstahl Rail d’Hayange ainsi que des réseaux ferrés, les refond dans son four à arc électrique et élabore des aciers de haute qualité livrés sous forme de blooms à l’usine d’Hayange.
Ces blooms sont utilisés pour fabriquer par laminage de nouveaux rails verts. Le processus complet de fabrication de ces rails verts est particulièrement respectueux de l’environnement, car il génère des émissions de CO2 jusqu’à 70% inférieures à celles issues d’un processus de fabrication conventionnel utilisant le minerai de fer et le charbon comme matières premières.
Au total, 262 000 tonnes de rails ont été livrées par Hayange en 2022, dont 227 000 tonnes de rails verts, ce qui se traduit par une économie totale de 415 000 tonnes de CO2. Les rails verts sont utilisés sur l’ensemble du réseau ferroviaire, y compris pour les lignes à grande vitesse, les voies lourdement chargées et les transports publics. Depuis août 2021, Saarstahl Rail, basée à Hayange en France appartient au groupe allemand SHS-Stahl-Holding-Saar et à sa filiale Saarstahl.