En un peu moins de deux ans, le circuit de Spa-Francorchamps s’est offert un fabuleux lifting. Quelques mois après l’inauguration de la tribune du Raidillon, plus de 7000 places ont été ajoutées face aux paddocks, et ce, en deux parties. Un nouveau travail titanesque réalisé en domptant la nature du site en plein hiver.
Le Toboggan des Ardennes retrouve une seconde jeunesse. Après la « Raidillon », voici la tribune « Endurance ». Elle est constituée de deux parties : une couverte de 4140 places et une autre qui fait office de gradin naturel et qui comporte 3140 places. Julien Renard, conducteur de chantier chez Wust, a officié tant sur la « Raidillon » que sur l’ « Endurance » et nous livre les incroyables chiffres derrière ce deuxième ouvrage.
« La tribune Endurance, c’est 100 mètres de long pour la partie couverte et 120 m de long pour le gradin naturel qui épouse le terrain rocheux du circuit. Au total, cela représente 47 poutres crémaillères, 1001 gradins, une toiture de 210 tonnes d’acier, 800 m de garde-corps, le tout livré au jour près pour le 31 mars 2023, en 5,5 mois. »
Julien Renard a de son côté travaillé sur les deux tribunes, il peut donc aisément comparer les deux chantiers. « Cette fois, c’était un peu différent. La ligne de front principale était à l’arrière de la tribune, alors que l’année dernière les grues étaient sur le devant, du côté de la piste. C’était différent, mais pas plus simple, car il a fallu acheminer des machines lourdes via un terrain escarpé, avec un gros dénivelé. Pour les camions, parfois très longs (40 m), l’accès n’était pas des plus simples. »
Et si les deux ouvrages se ressemblent, il ne s’agit certainement pas d’un copier-coller. « Visuellement, on pourrait se dire que c’est une jumelle de la première, mais ce n’est pas le cas. Il y a moins de loges, l’angle par rapport à la piste n’est pas le même, et la taille de l’édifice non plus. Tout se ressemble, mais presque tout est différent. Que l’on se place à la Source ou en haut du Raidillon, le rendu visuel n’est d’ailleurs pas le même », assure Julien Renard.
L’autre différence, c’est bien évidemment la mise en place du gradin naturel. « C’est différent d’une tribune classique en préfabriqué. Nous avions cependant mis en place une méthode de travail assez semblable. Des massifs de fondation ont été coulés sur place, car ils devaient épouser parfaitement la roche, c’était donc impossible de les préfabriquer. Une fois les fondations faites, à niveau, des barres d’attente ont été placées précisément pour accueillir les préfabriqués. Après, c’est comme un grand Lego : des poutres crémaillères sont déposées sur les massifs de fondation permettant la pose des gradins en préfabriqués. Une fois la pose terminée, la tribune a été remblayée entre les éléments préfabriqués avec des empierrements extraits d’une carrière locale, ce qui donne la touche finale à cette tribune. Le résultat est superbe, tant on a l’impression que cet ouvrage épouse non seulement la roche, mais surtout les virages de la piste », se réjouit le conducteur de chantier.
Une chose est certaine : ces deux chantiers resteront à jamais gravés dans la mémoire de Julien Renard : « On a déjà fait plus haut, plus grand, plus cher, mais cet ouvrage restera inoubliable. Tout notre entourage (amis, famille, entreprises, …) nous en a parlé et nous en parle encore. C’est un ouvrage que je verrai toute ma vie dans les médias, que je n’oublierai jamais. ».
Ce sera le cas de chaque personne qui aura travaillé sur ce chantier, le tout dans un esprit positif. « Toutes les personnes ayant travaillé sur ce chantier, issues de la région ou pas, se sont prises de passion pour celui-ci et la région », conclut Julien Renard. Ou quand l’esprit du circuit de Francorchamps est rassembleur. Mais cela, personne n’en doutait.