Le 22 mars dernier était la journée mondiale de l’eau. L’eau est une ressource vitale. Elle est indispensable aux écosystèmes, à la vie humaine et au fonctionnement de l’économie et de notre société.
Nous avons été confrontés ces dernières années à une recrudescence de sécheresses et d’inondations, dont les inondations dramatiques de 2021. Ceci a réveillé la prise de conscience de l’urgence de réduire les pressions exercées sur les ressources en eau, dues aux effets du changement climatique, mais aussi et surtout à une longue période de mauvaise gestion structurelle du cycle de l’eau, de pollution et de dégradation des écosystèmes. Cette prise de conscience conduit à des mesures salutaires, en faveur de la désimperméabilisation des sols, de la restauration des zones humides, et d’une utilisation circulaire de l’eau.
Comme souligné dans le récent rapport « European Climate Risk Assessment » de l’Agence européenne pour l’environnement, le secteur de l’eau est à la croisée des différents risques climatiques et non climatiques qui affectent les écosystèmes, l’alimentation, la santé, les infrastructures, l’industrie et le secteur de l’énergie (gros utilisateur d’eau pour le refroidissement des centrales électriques). Il est donc nécessaire d’adopter une approche plus holistique et intégrée pour garantir la cohérence des politiques au niveau de l’ensemble des systèmes.
Le Comité économique et social européen a appelé fin 2023 les institutions européennes à considérer l’eau comme une priorité et à adopter un Blue Deal européen en tant que politique stratégique autonome, au même titre que le Green Deal. Cet appel est soutenu par le Comité des Régions, bon nombre de parlementaires européens, et un grand nombre de parties prenantes de toutes natures, dont la fédération européenne des bureaux d’ingénierie (EFCA).
Selon l’EFCA et ses membres, un Blue Deal devrait se concentrer sur une disponibilité suffisante d’eau potable, sur les besoins de l’industrie et de la production d’énergie, mais aussi sur les mesures urgentes d’adaptation au climat nécessaires pour les « infrastructures » hydriques de la nature elle-même, à savoir les zones côtières, les rivières, les bassins hydrographiques, les plaines d’inondation, etc., qui ignorent les frontières. Un Blue Deal devrait aussi faciliter l’entretien et la réparation des infrastructures d’approvisionnement en eau, ainsi que des infrastructures d’assainissement dont les problèmes, très répandus parmi les États membres, contribuent à la pénurie d’eau propre, au coût de l’eau et à la capacité des égouts à faire face à des précipitations excessives. Enfin, un Blue Deal devrait accélérer le développement de sources d’énergie renouvelables basées sur l’eau.
Le report sine die de la « Water Resilience Initiative » du programme de travail de la Commission européenne en février dernier a suscité de vives réactions. Le fort et large consensus entre les parties prenantes à cette occasion laisse espérer que cette large coalition saura se faire entendre de la prochaine Commission.