Quels sont les défis actuels auxquels doivent répondre les professionnels des secteurs HVAC (CVC) et sanitaire ? Quelles sont les nouveautés en matière de techniques, de technologies, de produits, de matériaux et de normes qui s’annoncent pour les années à venir ? Sur le conseil pertinent de l’ATIC (Association Royale de la Technique du chauffage, de la ventilation et de la climatisation), Construire la Wallonie a demandé à deux spécialistes du sanitaire et de l’HVAC d’éclairer ses lecteurs sur ces questions. La parole est donc laissée à Bart Bleys, Chef du Laboratoire Techniques de l’eau du CSTC et à Ivan Verhaert, professeur à l’EMIB (Energy & Materials in Infrastructure & Buildings) au sein de la Faculté d’Ingénierie Appliquée / Electromécanique de l’Université d’Anvers.
Tant le sanitaire que l’HVAC sont des secteurs en plein mouvement. Nouvelles technologies et nouveaux vecteurs énergétiques, développement de la numérisation et de la domotique, amélioration des techniques, adaptation et évolution des normes, commercialisation de produits innovants,… les professionnels ont du pain sur la planche s’ils veulent se mettre et rester à jour dans leur métier au quotidien.
« Dans le domaine sanitaire, un des défis majeurs réside dans la quantité limitée d’eau potable disponible par personne en Belgique », explique Bart Bleys. « Le changement climatique va encore intensifier les sècheresses, ce qui entraîne des pénuries d’eau et oblige à prendre des mesures pour réduire la consommation de celle-ci. C’est pourquoi de plus en plus de produits économes en eau, comme des toilettes à faible volume ou des urinoirs sans eau, arrivent sur le marché. En lien avec cela, on note également le développement de points de puisage Smart/IoT qui permettent, entre autres, un monitoring des consommations visant à modifier le comportement de l’utilisateur et l’incitant à faire des économies d’eau. »
D’autres techniques et technologies sont également en plein développement : urinoirs intelligents disposant d’un monitoring pour optimiser l’entretien, systèmes de détection des fuites automatiques, production d’eau chaude sanitaire avec matériaux à changement de phase (MCP)…
Un autre défi est celui de l’hygiène. « Les techniques et technologies visant à réduire le risque de développement des Légionelles, tant dans l’eau chaude que dans l’eau froide, sont en pleine expansion », constate Bart Bleys. « Il peut s’agir de systèmes de rinçage automatique prévoyant un flush après un certain temps de stagnation dans les conduites ou à partir d’une certaine température d’eau froide, ou encore de systèmes de régulation avancée dans les boucles sanitaires. » Autre piste, celle de l’électricité produite par le photovoltaïque qui pourrait aussi être utilisée pour réaliser des chocs thermiques dans les ballons d’eau chaude sanitaire et éviter ainsi le développement des Légionnelles.
Assurer un air sain en permanence est-il au centre des préoccupations des fabricants ? Oui, selon Ivan Verhaert, que cela réjouit : « L’intérêt grandit et c’est selon moi une bonne approche. ◊
On considérait et on considère encore trop souvent le HVAC sous l’angle de l’investissement et du coût énergétique, alors que sa première fonctionnalité est de fournir confort, qualité de l’air et hygiène. Il est important de continuer à promouvoir ces fonctions et il serait même intéressant de passer à la vente de services au lieu de celle de produits connexes, compte tenu de l’évolution vers une économie circulaire. »
Dans le secteur du chauffage, on assiste à une tendance à la décarbonisation et on porte davantage d’attention à la qualité de l’air et au refroidissement, alors que c’était le chauffage qui dominait auparavant le marché. « L’accès aux données et la capacité de les traiter ont énormément évolué : cela a déjà et aura encore un effet sur le HVAC de demain », estime Ivan Verhaert.
« Dans le domaine des techniques recourant à des énergies décarbonées, nous assistons à l’apparition de nouveaux vecteurs énergétiques tels que l’hydrogène, l’électricité ou les réseaux de chaleur, en remplacement des applications classiques au gaz naturel ou au mazout », explique Ivan Verhaert. « Deux tendances se dégagent en termes d’approvisionnement énergétique : d’une part la poursuite de la décentralisation et de l’électrification, dans laquelle le HVAC évolue vers une application, et d’autre part un regroupement important de la demande de chaleur, qui se traduit par davantage de systèmes collectifs, tels que les réseaux de chaleur ou les systèmes de boucles combinées. »
« Pour garantir le confort individuel, la tarification et l’efficacité énergétique globale, les Heat Interface Units (HIU) jouent un rôle essentiel », continue-t-il. « On en connaît déjà des versions innovantes : pompe à chaleur avec chauffage d’appoint électrique, avec pompe à chaleur booster ou avec stockage local. Je pense qu’à terme, les demandeurs de chaleur deviendront des prosommateurs, comme c’est déjà le cas pour l’électricité. Vu le réchauffement climatique et l’apparition de ces prosommateurs, le réseau de chaleur du futur devra également jouer un rôle en matière de refroidissement. »
Ivan Verhaert : « A l’avenir, les techniques classiques seront combinées avec de nouvelles techniques de monitoring et de traitement des données, de sorte que nous ne parlerons plus de vente d’appareils séparateurs de boues ou de maintien de la pression, mais d’offre de services de maintenance (prévisionnelle) ou de services de qualité. Cette numérisation ira sans doute de pair avec le déploiement du BIM dans la conception, même si la traduction de ce concept dans la pratique nécessitera plusieurs étapes avant d’arriver au niveau de détail souhaité pour chaque type de bâtiment. »
Selon le professeur de l’EMIB, on remarque actuellement une baisse de la qualité de l’air dans notre environnement urbain. « Nous pouvons donc nous attendre à voir apparaître davantage de produits qui, non seulement maintiendront (passivement) la qualité de l’air intérieur grâce à la ventilation, mais amélioreront aussi (activement) la qualité de l’air par rapport à l’air extérieur grâce à l’épuration. »
Dans le sanitaire, deux Notes d’Informations Techniques (NIT 265 & 270) ont été récemment publiées par le CSTC. La première – qui remplace la NIT 200 – est consacrée à la conception et au dimensionnement des installations d’évacuation, sous l’effet de la gravité, des eaux usées dans les immeubles d’habitations et les bâtiments à utilisation sanitaire similaire (hôtels, écoles, hôpitaux, bureaux, restaurants, prisons, casernes, …). La seconde expose les règles relatives à la conception et au dimensionnement des installations qui évacuent les eaux pluviales par gravité suivant la norme NBN EN 12056-3. « Les recommandations de cette norme, qui reposent sur de nombreux essais et études approfondies, s’avèrent toutefois difficiles à mettre en pratique sous leur forme actuelle », reconnaît Bart Bleys. Le document propose dès lors une méthode de dimensionnement simplifiée. « Et on attend des outils de dimensionnement pour aider les installateurs à appliquer ces deux documents. »
Enfin, le tout nouveau Guidebook de Rehva (N°30) est consacré à l’hygiène dans les installations d’eau potable dans les bâtiments. Il peut être considéré comme un code de bonnes pratiques dans des pays ou des régions ayant peu de législation concernant cet aspect, comme la Wallonie.
Si tel est le cas, veuillez contacter Delabie.
Prendre contact