Le 15 mai dernier, la Cité administrative de Liège a de nouveau ouvert ses portes au public après un long chantier de transformation-rénovation aux objectifs multiples, dont celui d’en faire un bâtiment zéro carbone. Il se dit même qu’il s’agirait de la première rénovation zéro carbone d’un immeuble tertiaire de ce gabarit en Europe. Pour réussir ce tour de force, et proposer un édifice tourné vers l’avenir, dans lequel il fait bon vivre, l’ensemble des disciplines (béton-façade-techniques spéciales-parachèvement intérieur) ont été impliquées dès le départ. Amélioration et ajustements continus, grâce à l’évaluation, au retour d’information et aux enseignements tirés, ont permis de rencontrer une multitude de préoccupations, comme le confort et l’accessibilité pour le citoyen, mais également l’aspect abordable et facile à gérer pour la Ville.
À Liège, la Cité administrative domine le quartier de Feronstrée depuis 1967 et n’avait pas bénéficié de rénovations majeures depuis lors. Grâce au soutien de l’Union européenne (programmation FEDER 2014-2020) et de la Wallonie, c’est chose faite.
Afin de préserver l’architecture moderniste de l’époque, et permettre aux Liégeois de retrouver « leur » gratte-ciel, les auteurs de projets, en partenariat avec les spécialistes des différents domaines, ont mis en place une organisation orientée vers la coopération et le dialogue. Eric Vanguestaine, Directeur de Groven+ Portal : « Nous étions partenaire du projet dès la phase de concours plutôt que simple sous-traitant, le but étant de pouvoir faire profiter l’équipe au plus tôt et au mieux du savoir-faire de tous les partenaires. Nous étions donc dans une configuration encore plus horizontale que ce que l’on a l’habitude de voir dans un design & build. Ce n’est qu’ainsi qu’il a été possible de synthétiser les idées tant architecturales que techniques afin d’arriver à une solution qui réponde à toutes ces exigences et qui soit très vite budgétée de manière correcte avec de bons choix de matériaux et de systèmes. »
Comme c’est souvent le cas avec les bâtiments tertiaires, la question du refroidissement est ici plus sensible que celle du chauffage. « Il fallait donc trouver le bon équilibre entre éclairage naturel et limitation de la surchauffe en été. Nous avons donc proposé de mettre des capots saillants sur la verticalité et, en façade sud, des vantelles horizontales. Ce qui a permis de travailler avec des vitrages relativement peu performants en termes de facteur solaire sur la façade nord pour pouvoir laisser rentrer un maximum de soleil et obtenir beaucoup de transparence limitant le recours à l’éclairage artificiel, avec malgré tout une valeur U de 1,05, ce qui est assez performant pour une façade en double vitrage. » Stéphane Marville, ingénieur architecte au bureau d’architecture Canevas : « Le fait d’avoir le façadier autour de la table a généré un vrai gain de temps en termes de réflexion et de conception. Ce fut le cas notamment pour le coût de mise en production et la réalité de l’exécution des capots. »
Cédric Masy, Coordinateur Technique Études & Maintenance à la Ville de Liège : « En performance pure des façades, les objectifs de transparence et d’apport de lumière naturelle sont clairement rencontrés. »
La qualité du travail sur l’enveloppe, combinée à des techniques spéciales optimales comme le photovoltaïque et la géothermie, résulte en un bâtiment qui compense sur site ses consommations (avec utilisateurs et matériel informatique), le solde l’étant sur d’autres bâtiments de la ville de Liège.
Stéphane Marville : « Pour tous les étages de la tour dédiés à l’accueil du public et aux programmes collectifs (salles de réunion, cafétéria, …), nous avons proposé d’étendre le bâtiment côté Meuse. » Si l’enveloppe de la tour a été traitée en mur-rideau – à l’exception des façades latérales entièrement recouvertes sur 1600 m2 de panneaux photovoltaïques architecturaux collés – le nouveau volume a été quant à lui été réalisé comme une structure en éléments préfabriqués en béton avec des percements pour accueillir de grandes baies vitrées. Groven+ Portal a prévu des châssis traditionnels avec de grands ébrasements en aluminium anodisé.
Eric Vanguestaine : « Pour nous, la réussite du projet vient de la qualité des échanges réguliers au sein de la bouwteam, afin de toujours trouver la solution convenant le mieux au projet. Nous avons ainsi pu fermer l’enveloppe du bâtiment en moins de 6 mois pour permettre aux corps de métier de travailler à l’intérieur. Cette façon de travailler beaucoup plus motivante et agréable que de remettre prix sur un objet déjà figé. Et il est bien plus intéressant pour tout le monde d’optimiser ce qui peut l’être dès la conception plutôt qu’a posteriori. »