En lisière nord de la « cuvette » namuroise, le site industriel d’Asty-Moulin, appelé « la Casserole » au sommet de sa prospérité dans l’entre-deux-guerres, attendait patiemment qu’on lui redonne vie. C’est Thomas & Piron Bâtiment qui, dès 2011, a étudié les possibilités de reconversion de ces 3 hectares pour en faire un nouveau quartier résidentiel, complété par des services et des espaces publics de qualité. Quelques procédures administratives plus tard (permis obtenu en 2019), les premiers immeubles de logement sortent de terre, pionniers d’une redynamisation urbaine de grande ampleur qui s’étalera jusqu’en 2030.
À terme, l’Emaillerie d’Asty Moulin – c’est le nom donné au projet, en référence à l’activité industrielle principale qui anima le site – proposera 334 logements (près de 34 000 m2), répartis sur 9 bâtiments en R+5 maximum, 341 emplacements de parking en sous-sol et autant d’emplacements vélos. Deux façades de bâtiments caractéristiques du passé industriel seront préservées : l’ancien magasin Cema, dont les façades historiques abriteront une école et des surfaces commerciales, tandis que celles du hall de l’ASBL Entranam accueilleront du logement.
Geoffrey Lurkin, gestionnaire Développement du projet : « La demande de permis unique comprenait un gros volet environnement, puisque nous sommes sur un site industriel à assainir. »
L’entrepreneur a donc commencé les travaux par une phase d’impétrants, le site n’étant pas prévu, à la base, pour accueillir autant de logements. Une phase de désamiantage des bâtiments existants a suivi avant de procéder à leur démolition. La configuration du site (12 mètres de dénivelé) a entraîné la réalisation de pieux de soutènement pour certaines démolitions. Les matériaux inertes démolis ont été concassés sur place pour être réutilisés en remblai dans des coffres de bâtiment.
Autre contrainte non négligeable : le site est traversé de part en part par le Houyoux, dont le pertuis (3 x 2,5 m) devra être dévié et rénové sur une centaine de mètres. Mathieu de Wilde, gestionnaire de chantier : « Avant l’été, nous aurons une grosse phase d’impétrants afin de viabiliser le site en termes d’énergie, gaz, électricité et télécoms. A certains endroits, ceux-ci croiseront le tracé du Houyoux, ce qui va être assez complexe à gérer. »
Autant de défis que relève Thomas & Piron Bâtiment pour donner aux futurs acquéreurs des logements la chance de vivre dans un quartier verdoyant, aménagé pour la mobilité douce, bien desservi par le TEC et situé à seulement 700 m de la gare de Namur.
La réalisation d’un aussi vaste projet est rigoureusement phasée dans le temps. “
La fin de la première phase est prévue en février 2024. Elle proposera 56 logements de type « appartement » complétés par deux surfaces de services en rez-de-chaussée et 13 maisons (derrière les façades conservées du hall Entranam), avec emplacements de parking couverts.
Trois autres phases suivront, pour un achèvement complet du projet en 2030. Geoffrey Lurkin : « Nous avons mis en œuvre cette première phase sur base du permis obtenu en 2017. Depuis lors, les réflexions urbanistiques et énergétiques ont évolué. C’est pourquoi nous portons une réflexion particulière sur les prochains bâtiments afin que ceux-ci soient en phase avec les enjeux environnementaux actuels et futurs. De nouvelles demandes d’autorisations administratives devront certainement être introduites. Nous avons par exemple ajouté des panneaux photovoltaïques et la deuxième phase verra la révision du système de chauffage par l’introduction de pompes à chaleur. L’aspect environnemental est aujourd’hui fort important à nos yeux, tout comme à ceux des investisseurs et des acquéreurs privés, il est donc primordial que nous anticipions la demande en adaptant certains aspects des phases encore à construire. »
Dans son fief namurois, Thomas & Piron Bâtiment a logiquement fait appel au maximum à sa propre main d’œuvre, tant pour le gros œuvre que pour les techniques spéciales. « Nos hommes auront toujours la priorité. »
Asty-Moulin se démarque clairement d’autres chantiers où il « suffit » de construire des blocs sur un terrain nu, plat et équipé. Il combine démolition, assainissement, impétrants, préservation de traces du passé, construction neuve suivant différentes typologies, … Mathieu de Wilde : « Garder des façades en démolissant tout ce qu’il y a derrière pour ensuite venir greffer du neuf n’est pas simple. »
Geoffrey Lurkin : « Je pense que, depuis que je suis chez Thomas & Piron Bâtiment, c’est l’une des premières fois que nous menons une réhabilitation complète d’un site industriel de cette taille. Ce qui est aujourd’hui encore assez atypique pour nous va devenir plus courant à l’avenir, car construire sur terrain vierge appartiendra au passé. Il s’agira de plus en plus de reconstruire la ville
sur la ville. »