À Liège, la centrale thermoélectrique moderniste est l’avant-dernier bâtiment à être réhabilité sur le site du Val Benoit. Réalisé par l’entreprise générale Franki, ce projet d’envergure transforme un bâtiment industriel iconique en bureaux contemporains pour la Cité des Métiers, le FOREM et l’ULiège. La préservation de la structure d’origine en béton et l’utilisation de matériaux nobles contribuent à donner au bâtiment une esthétique unique tout en préservant son histoire.
,Conçue en 1932 par l’architecte Albert-Charles Duesberg et l’ingénieur Fernand Campus, la Centrale thermoélectrique est constituée de plusieurs parallélépipèdes qui hébergeaient la chaufferie centralisée du site du Val Benoit et un laboratoire de thermodynamique. La tour qui abritait un gigantesque manomètre et une réserve d’eau constitue un repère visible de partout. Les hautes façades vitrées créent des espaces intérieurs très attractifs.
Julien Belligoi est Chef de projets chez Franki. Il a suivi de près le projet à partir de mars 2022 : « Nous étions confrontés à un ensemble de bâtiments à la typologie très particulière, dans l’état où ils se trouvaient, seul un désamiantage ayant été effectué au préalable. Nous avons beaucoup démoli, ne gardant que la structure portante, que l’on a ensuite modifiée et renforcée à certains endroits. Percement de baies, réalisation de nouvelles dalles, renforcement par des charpentes métalliques, … tout cela a été exécuté par nos propres équipes. La réception provisoire pour la partie Cité des Métiers ayant eu lieu en avril dernier, nous sommes en train de lever les dernières remarques. Parallèlement, nous sommes encore occupés sur la partie casco destinée au FOREM. Cette deuxième phase s’achèvera à l’été. »
Le masterplan prévoyant de garder visible au maximum l’histoire du site, de nombreux pans de façade ont été refaits à l’identique. La déconstruction a donc été menée afin de récupérer de nombreux matériaux en vue de les réutiliser sur site : briques, moellons, seuils, …
Le marché était divisé en lots distincts. Franki avait en charge le gros œuvre, les parachèvements et la coordination générale. Julien Belligoi souligne : « Assurer la coordination avec des entreprises qui ne sont pas sous-traitantes mais cotraitantes n’est pas toujours chose aisée. Personnellement, c’était une première. Les cotraitants choisis par le maître d’ouvrage n’étant pas nés de la dernière pluie, le dialogue a été nourri… et énergivore. »
Une seconde contrainte découle des crises successives que nous avons connues : COVID, guerre en Ukraine, explosion des prix de l’énergie, … « Avec pour conséquences des coûts en forte augmentation mais également des difficultés d’approvisionnement, par exemple pour les profilés des menuiseries extérieures et pour les ventilo-convecteurs. Là où le délai normal était de 10 semaines, il a fallu parfois patienter 30 à 35 semaines. »
Enfin, le fait de travailler pour trois utilisateurs différents du bâtiment, a constitué un défi supplémentaire. Franki a fait preuve de flexibilité pour gérer les demandes de modification en cours de chantier.
Presque centenaire, le béton d’époque, coffré avec des voliges pour y imprimer une matrice, a été simplement sablé et laissé apparent, comme trace du passé. La hauteur des espaces intérieurs impressionne. Pour les parachèvements, en majorité sous-traités, elle a demandé l’utilisation d’échafaudages jusqu’à 15 m de haut. De nombreux panneaux acoustiques ont été posés pour compenser la réverbération. Menuiseries intérieures en frêne, châssis en aluminium, … les matériaux utilisés sont de qualité, faits pour durer. Vu l’impossibilité d’utiliser des engins de levage, de nombreux éléments ont dû être positionnés à la main, avec des palonniers.
Au moment d’écrire ces lignes, l’entrepreneur général refait une beauté à la tour, élément patrimonial incontournable et « phare » de l’ensemble du site, qui présentait une grande fissure. Julien Belligoi : « Nous démontons des seuils, refaisons des parements en briques, … le tout à 50 mètres de haut. Je suis très fier de ce nous livrons et je pense ne pas être le seul. Nous avons pu en effet approcher le très haut niveau d’exigences des architectes. »