Thomas & Piron est un acteur qui compte, aussi en rénovation. Le projet Bara à Anderlecht, lauréat Renolab 2021, en est encore la preuve. Ce chantier complexe, situé à deux pas de la Gare du Midi, vise à réaffecter 3000 m2 d’anciens bâtiments industriels en 27 logements sociaux et 3 espaces collectifs et verts dédiés à l’enfance, à la formation et au loisir. Victor Spinazze, gestionnaire du chantier chez Thomas & Piron Rénovation Bâtiment, nous dit tout sur ce chantier exemplaire tant socialement qu’écologiquement.
La livraison du projet Bara est prévue en septembre 2024. Situé en intérieur d’îlot, il se compose de trois bâtiments au départ reliés entre eux. Des démolitions lourdes ont permis de les séparer. La transformation du bâtiment C, le plus éloigné de la voirie, est la plus avancée, les pré-réceptions étant imminentes. Dans le B, les nouvelles chapes ont été coulées et le carrelage est en cours. Le A est le moins avancé et comprend d’origine une maison découpée en appartements, avec planchers en bois et problèmes de stabilité. Le montage des premières cloisons intérieures en gyproc a débuté, tout comme les encastrements. Outre la transformation des niveaux existants, chaque bâtiment se voit rehaussé en structure bois, avec caissons isolés préfabriqués. En toiture, le bâtiment C présente la particularité d’avoir des caissons en bois greffés sur la structure métallique en pente existante, les deux autres présentant une toiture plate. Dans les niveaux existants, l’objectif est de conserver au maximum l’existant en recréant une structure autour des éléments porteurs, le plus souvent les cages d’escaliers ou d’ascenseurs. Rien n’est démoli qui soit porteur, mais les baies sont adaptées pour satisfaire aux exigences réglementaires en matière de logements.
Victor Spinazze pointe la contrainte majeure du chantier. « Le projet est situé entièrement en intérieur d’îlot, sans possibilité d’y accéder avec un véhicule ou une machine, et la rue Bara est embouteillée à toute heure de la journée. Les livraisons sont donc particulièrement difficiles et il nous faut tout manutentionner à l’intérieur du bâtiment. En cherchant le meilleur endroit pour placer la grue-tour, nous avons découverts des caves… qu’il a donc fallu remblayer au préalable. Comme il était impensable d’amener des empierrements, nous l’avons fait en soufflant de l’Argex. »
« Nous avons veillé à travailler avec des partenaires de confiance, spécialisés en rénovation, y compris pour les techniques spéciales. Nos propres ouvriers ont fait une partie du gros œuvre mais, ici aussi, l’absence d’accessibilité du chantier pour les machines décuple les besoins en main d’œuvre pour la manutention, si bien que nous avons aussi dû faire appel à de la sous-traitance. »
En intérieur d’îlot résidentiel, les spécifications pompiers en matière de résistance au feu sont assez lourdes, donc beaucoup doit être fait pour les compartimentages, les chemins d’accès et la détection incendie. « Dans pareille rénovation, nous sommes confrontés à des structures en béton qui ne sont pas Rf au départ et qu’il nous faut donc protéger. La méthodologie de travail doit être adaptée par rapport à la construction neuve car les techniques comme l’électricité doivent être placées bien plus en amont, avant de réaliser cette protection Rf, par exemple au niveau des faux plafonds. Nous terminons donc par la réalisation des cloisons intérieures non Rf. Que l’on travaille avec Gyproc, Siniat ou Knauf, on les consulte toujours au préalable pour parcours tous les nœuds techniques et déterminer l’ordre des prérogatives entre thermique et acoustique. »
Dès le début du chantier en août 2022, par l’entremise de l’architecte, Thomas & Piron Rénovation Bâtiment a fait appel entre autres à BatiTerre, qui est venu récupérer les plus beaux radiateurs et les cheminées en marbre, notamment. Dans l’autre sens, l’entrepreneur a mis en œuvre certains de leurs matériaux, surtout pour le mobilier urbain émaillant les abords par ailleurs très verts (pour lequel Thomas & Piron a collaboré avec l’asbl Nos Pilifs). Victor Spinazze explique : « Nous avons aussi essayé de mettre en œuvre du carrelage de récupération, mais nous nous sommes heurtés à un problème de garantie du système utilisé. Finalement, nous avons dû travailler avec du neuf. Tout cela est appelé à évoluer pour faciliter les initiatives circulaires. Pour l’isolation du bâti, nous sommes allés très loin en réisolant toutes les structures, soit via les caissons en bois, soit par l’extérieur. A cela s’ajoutent du triple vitrage, des panneaux photovoltaïques sur toutes les toitures, des toitures vertes, l’utilisation de pompes à chaleur, des citernes de récupération, d’eau de pluie, … Nous avons même plafonné des murs à l’argile provenant d’excavations de chantiers bruxellois… » Tout cela a été remarqué par Renolab. Il y a une réelle volonté de faire un pas de plus au niveau de la performance énergétique. Quant à la durabilité dans la gestion des déchets du chantier, elle n’a pas été oubliée, même si le manque d’accessibilité n’a pas facilité les choses. Sans parler de l’impact sur le voisinage, qui ne fut pas insignifiant malgré les efforts de communication et de prévention déployés.
On le constate, Bara n’a pas volé son soutien Renolab. Les contraintes et les défis de la rénovation ont été relevés avec succès, grâce à une coordination rigoureuse et à une collaboration étroite entre les différents partenaires. Le projet Renolab démontre par ailleurs l’engagement de Thomas & Piron Rénovation Bâtiment en faveur de la durabilité et de l’innovation dans le domaine de la rénovation.