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Intégration paysagère et sobriété architecturale pour un coup de maître
L’entrée se fait sur l’angle, au croisement de l’axe principal du cimetière et d’un chemin, au travers d’un patio.

Intégration paysagère et sobriété architecturale pour un coup de maître

Si la commune d’Evere compte depuis peu sur son sol un tout nouveau crématorium d’environ 2500 m2, elle le doit aussi à la ténacité de l’équipe d’architectes ayant remporté le concours en 2014, qui a surmonté d’innombrables obstacles administratifs et techniques pour livrer, 10 ans plus tard, un bâtiment tout en sobriété, remarquablement intégré dans le paysage du cimetière communal. L’architecte Jean-Christophe Mathen (AAM) évoque le travail mené avec son homologue – et maître – portugais Eduardo Souto de Moura.

Pendant ses études d’architecture en Suisse, Jean-Christophe Mathen rencontre pour la première fois le futur Prix Pritzker. Depuis lors, il n’aura de cesse de le considérer comme l’un de ses maîtres. Quand l’intercommunale lance un concours pour la construction d’un crématorium, c’est tout naturelle­ment que le jeune architecte belge contacte son homologue portugais, d’autant que celui-ci venait de livrer, avec le bureau d’architecture belge SumProject, un crématorium fort remarqué pour la ville de Courtrai. Les deux crématoriums – celui de Courtrai et celui d’Evere – ont en commun une grande sobriété, avec le béton dans le premier rôle, un respect de l’environnement dans lequel ils sont implantés et une attention portée à l’état émotionnel des défunts.

Parquets et châssis en bois donnent aux espaces de recueillement un caractère quasi domestique voulu par les architectes.

Le temps qui attend et le temps qui espère

Comme le chantait Jacques Brel dans l’Ostendaise :  « Il y a deux sortes de temps : y a le temps qui attend et le temps qui espère. » Et il a en fallu de la patience pour voir le projet se concrétiser !  Les travaux n’ont pu débuter qu’en 2021, en raison de multiples retards principalement d’ordre administratif, qu’il serait trop long d’énumérer ici. Les obstacles techniques n’ont pas fait défaut non plus.  Jean-Christophe Mathen en relève un, et non des moindres : « Le sol s’est révélé de mauvaise qualité, décalcifié, nécessitant la pose de pieux de fondations jusqu’ à vingt mètres de profondeur pour aller rechercher la roche mère.  Et il n’existait à ce moment en Belgique que trois machines permettant de le faire… »

Des espaces de recueillement « comme à la maison »

L’équipe n’a pas désespéré et le chantier a pu débuter en mars 2021, pour s’achever trois ans plus tard. Dès le premier coup de pelle, elle a constaté la présence de 8000 m3 de terres souillées qu’il a fallu éliminer… Tous ces obstacles ont pu être surmontés grâce à l’excellente collaboration entre architectes et ingénieurs, portugais et belges, qui ont travaillé « en famille » pour trouver l’équilibre entre la technicité du bâtiment et l’aspect spirituel des cérémonies qui s’y tiennent. « Nous sommes parvenus à concilier un équipement extrêmement brutal et technique avec un bâti sensible par rapport au respect vis-à-vis des familles en deuil. Nous voulions un bâtiment qui soit le plus discret possible au sein du cimetière, et empreint d’une grande sobriété, tout en ayant un caractère quasi domestique.  Nous avons ainsi un parquet au sol comme à la maison, des châssis en bois et des patios offrant des vues vers la nature environnante mais jamais sur le cimetière. »  

L’entrée se fait sur l’angle, au croisement de l’axe principal du cimetière et d’un chemin, au travers d’un patio. Celui-ci se fait préface, préambule propice à s’inscrire dans le recueillement. Il accueille, dessert les salles de cérémonie baignées de lumière naturelle, pouvant s’unifier avec le foyer, pour les grandes assemblées. Sur l’angle opposé, une entrée de service, mène vers les espaces techniques non publics, vers les fours. Suite au recueillement vient le temps des condoléances. Alors on retourne à la vie, on commence à accepter l’absence. Dans un espace sobre où la famille peut recevoir, dans la simplicité retrouvée d’une cafétéria, ou en se dirigeant vers la pelouse de dispersion.

Des patios offrent des vues sur des fragments de nature mais jamais sur le cimetière.

L’élève et son maitre

« Nous sommes satisfaits du résultat et, personnellement, je ressens une fierté intérieure d’avoir participé du début à la fin à ce projet signé Eduardo Souto de Moura, un peu comme un élève qui apprend de son maître. Ensemble, nous avons réussi à aller aussi loin dans ce qu’il souhaitait, même si notre main d’œuvre locale n’a pas toujours la même finesse dans les parachèvements que celle du Portugal. »

Fiche technique
Maître d’ouvrage
Société Coopérative Intercommunale de Crémation (SCIC)

Architectes
AM Souto de Moura arquitectos & atelier d’architecture Mathen

Entrepreneur général 
Entreprises De Cock

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