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Investir dans le bien commun
Piet Colruyt, Architecte, philosophe, activiste climatique et investisseur à impact social

Investir dans le bien commun

Lorsque j’ai obtenu mon diplôme d’architecte en 1994, il n’y avait qu’une poignée d’étudiants qui voulaient vraiment entrer dans la profession.  Apparemment, notre formation était si large que certains se sont spécialisés dans la mise en lumière ou la restauration patrimoniale, tandis que d’autres ont préféré les calculs de stabilité ou le facility management. J’ai fini par devenir investisseur à impact. J’investis dans des entreprises à finalité sociale. Étant donné que pratiquement personne n’a choisi ces études pour gagner beaucoup d’argent, les architectes sont en réalité également … des entrepreneurs sociaux. Nous voulons tous rendre le monde un peu plus agréable.  Pour le bien commun,
pour la communauté.

Et pourtant, il faut un temps désespérément long pour construire l’avenir d’un secteur aussi immobile que l’immobilier. À l’échelle mon­diale, l’environnement bâti représente 40% des émissions totales de CO2, les prix de l’énergie montent en flèche, la pénurie de matériaux se fait sentir depuis plusieurs années alors qu’aujourd’hui, seul 1% des bâtiments sont construits de manière circulaire et que le Green Deal européen impose des objectifs toujours plus stricts. Malgré cela, les promoteurs et les investisseurs continuent de traîner les pieds.

Pourquoi n’investissons-nous pas tous massivement dans le logement social ? Dans le soutien extrascolaire pour les enfants qui grandissent dans la pauvreté ? Dans des panneaux solaires sur tous les bâtiments publics ? Dans des rues à l’épreuve du climat qui rendent la vie en ville collectivement moins chère et plus agréable ? Dans des parcs nationaux proches de la ville, au bénéfice du tourisme, de la santé, de la biodiversité ? Pourquoi tous les immeubles de bureaux ne passent-ils pas immédiatement à une climatisation plus intelligente ? Pourquoi les communautés énergétiques locales ont-elles toujours autant de mal à décoller ?

Parce que nous avons construit notre modèle capitaliste sur une base erronée : comme si tous les gens ne pensaient qu’à leur propre intérêt. Ce n’est pas vrai.  La plupart des gens sont bons par nature. Si cette déclaration de Rutger Bregman est vraie, beaucoup plus devient tout à coup possible. Il est dans notre propre intérêt de penser un peu plus à l’intérêt général. En évaluant toutes ces opportunités d’affaires avec un coût du capital plus faible, simplement parce que les gens sont prêts à accepter des rendements quelque peu inférieurs pour le bien commun, un grand nombre des investissements susmentionnés deviennent soudain des évidences. Des milliards peuvent ainsi être investis dans notre jeunesse, dans la prévention en matière de santé, dans des projets qui s’attaquent à la précarité, aux inégalités et à la polarisation, dans le secteur agricole en aidant les agriculteurs à faire la transition vers une agriculture régénératrice, dans des villes durables où chacun participe.

C’est pourquoi nous avons organisé fin novembre l’Impact Finance Week. Finance should be a force for good. Si nous parvenons d’ici 2030 à multiplier par dix le 1% actuel d’investissements à impact, cela devrait permettre de libérer 10 milliards d’euros. De l’argent qui, de plus, rapporte et comprend moins de risques, pour l’investisseur mais aussi et surtout pour la société. Social Return On Investment. Let’s build society, not only real estate.   

Piet Colruyt
Architecte, philosophe, activiste climatique et investisseur à impact social

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