Pas besoin d’être un professionnel du bâtiment pour comprendre l’enjeu de la rénovation. Nous sommes les héritiers de ces paysages à réinvestir. Notre cadre de vie, notre épanouissement social, mais aussi la circularité de notre économie sont au cœur de ce terrible challenge.
Avec la crise sanitaire et la prise de conscience de l’enjeu climatique, notre cadre de vie, l’épuisement des ressources et la nécessité de relocaliser notre économie ont été mis en évidence et font aujourd’hui partie de tous les plans de relance.
Nous faisons face à un challenge mondial en matière de gestion des ressources. Le secteur de la construction étant un important consommateur de matières premières, il est impossible d’imaginer relever le défi sans lui. Dans ce cadre, la rénovation a une carte à jouer car elle est nettement moins gourmande que la construction neuve. Pour concevoir 1 m2 de surface utile, il faut en moyenne 40 (immeuble individuel) à 80 fois (immeuble collectif) plus de tonnes de matériaux pour construire neuf que pour rénover aux normes de basse consommation.*
Une autre ressource – dont on oublie trop souvent qu’elle est finie – est au cœur de l’enjeu : la terre. La gestion du foncier sera déterminante dans les prochaines années. Suivant ainsi les objectifs européens de ‘zéro artificialisation nette des sols en 2050’ , la Wallonie s’est engagée, dans sa Déclaration de Politique Régionale, à « freiner l’étalement urbain, en le plafonnant d’ici 2025 et en y mettant fin en 2050 ». Mais le défi territorial que cela représente est loin d’être simple. Les solutions qui ne tiendraient pas compte des spécificités des sous-régions wallonnes sont vouées à l’échec.
Néanmoins, un principe général peut s’imposer : ramener de l’activité dans les espaces déjà construits.
Des friches à réhabiliter, des écoles à repenser, des quartiers à restructurer, … notre parc construit est une véritable mine d’or. Plutôt que de repartir à chaque chantier d’une page blanche, d’un terrain vierge, le tissu bâti inspire. L’écriture du ‘monde d’après’ dépend, pour une part non négligeable, des solutions créatives qui seront développées par tous les acteurs influençant la construction. Celles-ci seront architecturales, financières, techniques ou encore logistiques. Elles prendront en considération les enjeux du 21e siècle en matière de confort, de bien-être spatial mais aussi de biodiversité, de gestion des eaux de pluie, de performance énergétique, de réutilisation des matériaux, …
La rénovation offre tellement de perspectives, de savoir-faire à valoriser, de nouveaux métiers à (re)développer. C’est une transition économique et culturelle à réussir pour un réseau dense d’entreprises, d’indépendants, de coopératives, en perpétuelle recherche d’hommes et de femmes de talent. Le virage de la rénovation est amorcé par le secteur, sa réussite dépendra aussi de la capacité des pouvoirs publics et politiques à le négocier.
Quel beau chantier sociétal que de réenchanter l’existant !
(*) :
La construction neuve beaucoup plus consommatrice de matériaux que la rénovation, Etude ADEME, décembre 2019.