Deux siècles d’intense industrialisation auront marqué durablement le territoire wallon. Actuellement, il en conserve de nombreux stigmates : friches, décharges, terrils, cours d’eau remblayés,… Souvent négligés, ces sites sont pourtant au cœur des réponses à apporter aux grands enjeux d’avenir de la Wallonie.
Pour amplifier la dynamique de recyclage du foncier dégradé, voici une proposition de changement d’attitudes à considérer.
Une approche d’ensemble cohérente doit être développée à l’échelle wallonne :
les sites dégradés constituent un gisement foncier d’opportunités. Cependant, elle requiert une gestion spécifique, notamment au vu des pollutions susceptibles d’impacter la santé humaine, les aquifères et l’environnement.
Ce gisement d’opportunités doit être abordé comme un « écosystème » territorial dont il convient d’identifier et d’articuler les « services » que les sites dégradés peuvent rendre.
Exploiter ce gisement permettrait de juguler partiellement les conséquences du réchauffement climatique (gestion des inondations, îlots de chaleur, préservation de la biodiversité, etc.), de réimplanter des activités économiques et d’édifier de nouveaux quartiers sans consommer des terres agricoles.
Ce potentiel majeur de résilience territoriale ne doit pas être gaspillé ni négligé : il faut repenser nos approches territoriales et développer une vision globale pour monitorer et remobiliser ces sites à tout niveau, du régional au communal.
Encore trop souvent, la gestion des sols s’impose tardivement dans les projets d’aménagement et de construction, avec pour conséquences des dépassements budgétaires, voire des remises en cause majeures. Dès le départ, il convient de décloisonner les approches en abordant en synergie connaissance des pollutions et projet, afin d’optimiser l’ensemble des processus (environnement, aménagement du territoire, construction et architecture).
Implanter le « bon » projet à la « bonne » place, selon la « bonne » configuration, en fonction des pollutions présentes, c’est participer entièrement à leur gestion. Ces approches d’aménagement et constructives génèrent des gains de temps, des réductions de délais administratifs et des économies substantielles.
Les Autorités doivent être flexibles dans leur approche du recyclage territorial.
Ainsi, sous conditions, elles pourraient réduire significativement les charges d’urbanisme applicables aux opérations de recyclage de sites, accepter des densités plus importantes pour permettre une répartition réaliste des coûts de gestion des pollutions, …
Cela implique que les Autorités soient conscientes des contingences spécifiques du recyclage territorial et des bénéfices environnementaux et sociétaux qu’il génère.
Un recyclage efficient du foncier dégradé requiert une connaissance approfondie des problématiques et des enjeux. A ce jour, en Wallonie, seules deux formations sont dispensées à ce sujet, l’une courte (Brownfield Academy), l’autre continue (ULiège – heCh). Cette offre devrait être encore plus généralisée.
La gestion des stigmates de notre histoire industrielle nous oblige à adapter et décloisonner nos approches conceptuelles et administratives pour atteindre l’efficience nécessaire au regard des enjeux actuels et futurs.