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Au chevet d’un des plus beaux châteaux de Wallonie
Les fissures en façade figurent parmi les plus gros désordres auxquels il fallait remédier pour éviter des éboulements et de nouvelles dégradations.

Au chevet d’un des plus beaux châteaux de Wallonie

Situé sur la commune d’Amay en Province de Liège, classé comme monument et inscrit sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie, le château de Jehay trouve son origine au milieu du XVIe siècle pour sa partie la plus ancienne. Après d’importants travaux durant plusieurs années, le domaine accueillera de nouveau le public dès le 30 mars, l’intérieur du château restant quant à lui inaccessible. C’est TPF Engineering qui a remporté le marché public de la Province de Liège pour une mission d’études et de suivi des travaux portant essentiellement sur la stabilisation des façades et charpentes.

Les interventions des XIXème et XXème siècles se sont révélées en général de piètre qualité et de nombreux désordres étaient masqués. (© Province de Liège Dép. Comm)

Jean-Michel Frenay dirige la division Stabilité de TPF Engineering. Il revient sur quelques caractéristiques de ce chantier unique en son genre, même s’il en a personnellement vu d’autres dans sa longue carrière : « Quand j’étais jeune, pour un autre bureau d’études, j’ai travaillé sur l’Hôtel de Ville de Bruxelles et sur la collégiale Saint-Guidon… Dans le portefeuille de TPF, le château de Jehay est cependant un cas unique. Le plus souvent, les restaurations de cette ampleur se font au fil des rallonges de budget, comme c’est le cas pour le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Ici, les investissements ont été plus massifs. Le jeu en vaut certainement la chandelle, puisqu’il s’agit d’un des plus beaux châteaux de Wallonie. »

Les études ont été menées en parfaite et étroite collaboration avec le Département des Bâtiments provinciaux, l’Agence wallonne du Patrimoine, la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, et le coordinateur sécurité santé. La mission confiée à TPF Engineering était organisée de la manière suivante : états des lieux de stabilité générale du Château ; priorisation et évaluations budgétaires sur base des études tant pour la prévention-conservation que pour la restauration ; établissement des dossiers d’adjudication et d’exécution en lien avec les budgets mis à disposition ; et enfin, accompagnement de la direction des travaux d’exécution. 

Lorsque que le renforcement d’un élément impose son remplacement, les travaux ont été réalisés « à l’ancienne ». (© Province de Liège Dép. Comm)

Jean-Michel Frenay précise : « Il convient de distinguer les mesures directes de prévention et conservation, indispensables pour remédier aux plus gros désordres (fissures en façade, toitures…) et éviter des éboulements ou de nouvelles dégradations (étanchéité), et les mesures en vue de la réaffectation, comme la mise en conformité d’un escalier majestueux en bois et la construction de deux escaliers métalliques, d’autre part. »

Souvent, le bois de charpente était pourri au droit des encastrements des maçonneries sur lesquelles il était posé. (© Province de Liège Dép. Comm)

Une surprise peut en cacher une autre

Les interventions des XIXe et XXe siècles se sont révélées en général de piètre qualité et de nombreux désordres étaient masqués. Jean-Michel Frenay : « Par la force des choses, l’état des lieux initial s’est poursuivi tout au long des travaux, une surprise en cachant une autre. Nous sommes mêmes tombés sur des doubles murs. Les services de la Province étaient en permanence sur place, avec notamment une personne qui réalisait des levés au fur et à mesure des démontages. Pendant la réalisation des travaux, nous étions présents en tant que support technique. » Souvent, le bois de charpente était pourri au droit des encastrements des maçonneries sur lesquelles il était posé. Construit en zone humide, le château est de plus entouré d’imposantes douves. Dans pareilles circonstances, même le Chêne finit par pourrir s’il est soumis aux variations hygrométriques. 

Il s’agit de préserver au maximum l’existant et de rendre visible l’histoire du bâtiment au fil des siècles. (© Province de Liège Dép. Comm)

Renforcer à l’identique là où c’est possible

Lorsque que le renforcement d’un élément impose son remplacement, les travaux ont été réalisés « à l’ancienne », l’usage de résine armée de fibres de verre restant par exemple limité aux zones localisées et non apparentes. La méthodologie suivie depuis la Charte de Venise – qualifiée de restauration critique – fait que le travail réalisé est beaucoup plus respectueux du patrimoine que jadis. Il s’agit de préserver au maximum l’existant et de rendre visible l’histoire du bâtiment au fil des siècles. A ces impératifs de restauration viennent cependant s’ajouter des principes de développement durable et des normes de sécurité. Ainsi, de nouveaux planchers ont été réalisés en lamellé-collé avec panneaux OSB pour répondre aux normes de charge actuelles et passer de grandes portées. Les matériaux d’origine ont cependant été conservés chaque fois que cela était possible, limitant le recours à de nouvelles pierres, par exemple.

Jean-Michel Frenay : « Soyons clair. Restaurer n’implique pas un retour dans le passé. Le château est aujourd’hui à de nombreux points de vue plus performant qu’il ne l’a jamais été. »   

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