Le goût et la maîtrise de l’innovation

À Sprimont, à un jet de pierre du siège d’eloy, est né VivArdent, un domaine viticole de 6 ha au concept unique. C’est naturellement à eloy que les maîtres d’ouvrages ont confié la réalisation du chai de 650 m2 sur deux niveaux, conçu pour la production, la vente mais aussi l’organisation d’activités autour du vin. Travail en équipe et capacité d’adaptation ont permis d’ériger un bâtiment qui constituait une grande première pour presque toutes les parties, doublée d’une première technique liée au côté durable du projet. 

VivArdent est un concept de fabrication et de commercialisation de vin sous forme de « Winery », reposant sur 3 piliers : la production, l’élevage et la distribution de vins issus des vignes du domaine et d’autres ; des services de vinification et de consultance en viticulture ; et enfin des animations pour les partenaires et les visiteurs. D’aspect à la fois moderne et esthétique, le chai se veut polyvalent et modulable, surdimensionné par rapport au vignoble local, avec cuves et barriques, mais également une unité d’embouteillage et une vaste salle polyvalente. 

Comme le souhaitaient le maître d’ouvrage mais aussi la commune, le chai, situé en rase campagne, s’intègre à son environnement naturel.  Cédric Meys, gestionnaire du chantier chez eloy : « L’extérieur devait afficher de la minéralité. Il ne s’agissait pas de construire une ‘boîte’ en acier de style industriel. Nous avons utilisé du béton banché et un bardage en ardoise naturelle. Et le projet a été déplacé de 3 mètres pour préserver un vieux chêne. » 

« VivArdent est le genre de projet atypique pour lequel le travail en équipe prend tout son sens, même si nous aurions préféré être impliqués encore plus en amont », souligne Cédric Meys. « La vision du maître d’ouvrage n’était pas encore complètement cristallisée à l’entame du projet (fin 2021), et le partenaire ‘process’, de qui allaient encore dépendre pas mal de choses, n’avait pas encore été choisi. En entrant dans le projet avec un certain décalage, nous avons quand même pu améliorer certains points, mais nous aurions sans doute pu optimiser le projet avant la demande de permis, afin d’offrir à notre client la meilleure solution dans le cadre d’une enveloppe budgétaire et d’un planning bien maîtrisés. En travaillant en bouwteam dès la genèse du projet, nous sommes en effet plus enclins à proposer des variantes que dans le schéma traditionnel qui cantonne l’entrepreneur au respect du cahier des charges. Pour VivArdent, le client s’est en tous cas montré satisfait du résultat. »

Ce que confirme Xavier Bioul, l’un des admini­strateurs de VivArdent : « Je n’ai pas de point de comparaison car c’est mon premier chai. J’ai fait mon travail de préparation puis j’ai sollicité eloy, en voisins, et ils se sont mis au travail. Le plan financier intégrait la construction du bâtiment et le développement de l’outil. Il fallait donc travailler dans le cadre d’un budget fixé à l’avance. Tout s’est déroulé de manière fluide, tant dans l’exécution que dans la communication, avec des solutions innovantes et de qualité qui restent dans les clous du point de vue financier. Les équipes d’eloy ont mis la même énergie dans ce projet que dans ceux de clients bien plus importants. C’est agréable de sentir un réel soutien de cet acteur du cru dans l’élaboration de VivArdent. »  “

Eloy a ainsi fait évoluer la technique des parties en béton : les voiles prévus au départ coulés en place ont fait place à des éléments préfabriqués, solution plus rapide à mettre en œuvre. Avec cependant ici une particularité remarquable, qui constitue elle aussi une première : ces prémurs ont été remplis avec 200 m3 de béton à base de ciment décarboné d’un genre nouveau. Produit par le groupe français Hoffmann, ce ciment a dégagé 5 fois moins de CO2 qu’un ciment classique lors de sa fabrication. Le clinker est remplacé par des déchets de hauts-fourneaux (laitiers) et des co-produits de l’industrie chimique (géopolymères). Le chai de VivArdent est donc un projet-pilote. Martin Wintgens, conducteur du chantier chez eloy : « Nouveau ciment signifie nouvelles conditions de mise en œuvre en termes de fluidité et de retrait, aspect différent, … Tous ces paramètres ont été étudiés, testés et validés. Les applications que nous avons déjà pu en faire ont donné des résultats très satisfaisants, notamment en termes de résistance. » Partenaire privilégié du groupe Hoffmann en Belgique, eloy a l’intention de développer le marché pour ce type de produit en 2024, comme un élément de sa stratégie bas carbone.

Un autre exemple illustre bien le caractère novateur du concept bouwteam et la flexibilité qu’il exige : « L’égouttage devait être prévu pour s’adapter à une éventuelle future législation sur le traitement des eaux de vinification. Contrairement à la France, une telle législation n’existe pas encore en Belgique. Nous avons proposé un système de traitement séparé des eaux usées classiques (via une microstation d’épuration eloy Water) et des eaux de vinification (stockées dans des citernes pour évacuation hors site), solution qui sera modifiable sans trop de frais le jour où ces dernières pourront être infiltrées. » Martin Wintgens se souvient encore d’autres challenges de ce chantier pas comme les autres, comme la réalisation du cuvier double hauteur sur 7 m de haut nécessitant la pose de deux murs l’un au-dessus de l’autre, l’aménagement des abords pendant les deux mois de pluie du dernier hiver, ou encore l’accès compliqué des transports d’éléments préfabriqués au chantier par d’étroits chemins agricoles.

Au moment d’écrire ces lignes, le bâtiment est en phase de parachèvement et devrait être livré en mai. La partie technique vinicole va être installée par un opérateur français spécialisé, qui offre une solution complète de l’étude à la mise en service. Même s’il faudra encore attendre deux ans avant de pouvoir vinifier les raisins produits sur place, VivArdent souhaite procéder à des premiers tests dès cette année, avec des raisins d’autres provenances. Xavier Bioul : « A l’heure où les agriculteurs manifestent pour leur survie, VivArdent entend valoriser un produit issu de l’agriculture locale, en embrassant toutes les étapes de la fabrication à la distribution, pour de la qualité au juste prix. Autant de valeurs que nous partageons avec notre partenaire entrepreneur. »