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L’impérieuse nécessité d’une stratégie à long terme pour nos ponts vieillissants
Aujourd’hui la région dépense 36 Millions par an pour réhabiliter ses ponts.

L’impérieuse nécessité d’une stratégie à long terme pour nos ponts vieillissants

Le Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (SPW MI) gère les réseaux routiers, des voies navigables, de mobilité active et de fibre optique de la Wallonie (hors communes). Pour les autoroutes et les grandes nationales, cette gestion est faite en collaboration avec la SOFICO. Ces réseaux comprennent 5561 ponts, qui font l’objet d’inspections régulières au terme desquelles un état de santé est établi. Il varie de SA (le plus mauvais) à SE (le meilleur). Depuis de nombreuses années, il est constaté que le nombre de ponts en état de santé SA diminue, indiquant ainsi que le SPW MI traite bien les cas les plus graves. Mais le nombre de ponts en état de santé moyen (SC) augmente, traduisant le vieillissement des ponts dont l’âge moyen est de 55 ans.

Il était donc indispensable de déterminer les budgets nécessaires pour inverser cette tendance. Ce travail a été confié au consultant IMDM (Suisse), spécialisé dans la gestion d’actifs d’infrastructures, qui a préparé plusieurs scénarii budgétaires sur un horizon de 30 ans. 

Il est nécessaire de multiplier le budget annuel actuel par 2 ou 3, voire 4,

Sept Scénarii

Pour évaluer l’efficacité des scénarii, deux notions ont été utilisées. D’une part l’état global du parc qui illustre, à l’échelle du parc, l’état de santé des ponts pondérée par leur surface de tablier et qui vaut actuellement 2.3 (par comparaison la Suisse est à 1.9 ; 1.5 étant la valeur idéale). D’autre part, la part d’ouvrages hors d’âge, qui dépassent la durée moyenne de présence, en l’absence de réhabilitation, dans le groupe de santé SA. Actuellement le nombre de ponts hors d’âge est largement inférieure à 1% du parc. Ces ouvrages hors d’âge nécessitent un suivi renforcé voire une limitation de la charge de trafic pouvant aller jusqu’à la fermeture à tout trafic.

IMDM a calculé sept scénarii répartis suivant trois axes principaux : le scénario « idéal » visant à avoir tous les ponts en bon état de santé (SD ou SE), le scénario « budget actuel » et un scénario de « maintien de l’état global actuel ». Les autres scénarii évaluent l’impact d’hypothèses différentes ou des variantes.

« Depuis de nombreuses années, il est constaté que le nombre de ponts en état de santé SA diminue, indiquant ainsi que le SPW MI traite bien les cas les plus graves. Mais le nombre de ponts en état de santé moyen (SC) augmente, traduisant le vieillissement des ponts dont l’âge moyen est de 55 ans. »

Garder la situation sous contrôle

Le scénario « budget actuel », avec un investissement annuel de 36 millions d’euros, démontre que, dans 30 ans, l’état global va se dégrader de 2.3 à 2.9 et la part hors d’âge va croître de 1% à 20%, traduisant une dette patrimoniale hors de contrôle !

Le scénario de « maintien de l’état global des ponts actuel » garantit, pour un budget annuel de 82 millions d’euros, de maintenir cet état global à 2.3 mais entraîne quand même une hausse de la part hors d’âge à 11% du parc. Pour supprimer cette part  hors d’âge, il faudrait investir en plus 56 millions d’euros durant les 10 premières années.

Il est donc nécessaire de multiplier le budget annuel actuel par 2 ou 3, voire 4 ! Bien entendu, pour cela il faut aussi augmenter en conséquence le personnel au sein du SPW MI (actuellement de 40 équivalents temps plein), mais aussi au sein de tout le secteur : les bureaux d’études, les entrepreneurs, les sous-traitants, …

La réhabilitation de nos ponts est un défi motivant et indispensable au service de tous les usagers wallons, belges et étrangers.

C’est bien un projet de société qui a été présenté ces dernières semaines au Ministre Philippe Henry, au Gouver­nement wallon, au Parlement wallon (commission), et à la SOFICO. Des décisions sont attendues dans les prochains mois pour donner un signal clair sur le long terme pour tout le secteur, mais aussi pour le monde de l’enseignement et pour les jeunes en questionnement sur leur futur métier. 

La réhabilitation de nos ponts est un défi motivant et indispensable au service de tous les usagers wallons, belges et étrangers.

Texte :  Pierre GILLES, Inspecteur général Département Expertises Structures et Géotechnique, Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures  

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