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Un chantier hors du temps, une véritable aventure humaine
Tout a été manutentionné avec la grue via les échafaudages de façade, pour amener à l’intérieur les nouveaux matériaux et évacuer les gravats de démolition. (photo : Province de Liège)

Un chantier hors du temps, une véritable aventure humaine

Restaurer en profondeur un château classé du XVIe siècle s’apparente presque à un retour à l’époque des bâtisseurs, tout ou presque se faisant à la main, avec des gestes précis pour retrouver l’aspect d’origine. C’est là l’aventure humaine à laquelle ont participé depuis plus de 7 ans les Entreprises G. Moury – GM, son associé l’entreprise Lixon et ses artisans sous-traitants, pour enfin libérer le majestueux édifice de ses échafaudages. Denis Collin, gestionnaire de chantier chez GM nous présente quelques particularités de ce chantier hors normes.

Situé à Amay, le Château de Jehay, propriété de la Province de Liège, est l’un des plus beaux de Wallonie.

Le travail des Entreprises G. Moury – GM, rompue aux chantiers d’ampleur et agréée D24, a porté sur la consolidation de la structure et la restauration de l’enveloppe extérieure. Préalablement, une phase préparatoire avait consisté en l’assèchement d’une partie des douves pour construire une dalle sur micropieux. Celle-ci a permis à la Province de Liège de monter un échafaudage périphérique, qui a éte une indispensable plaque tournante pendant toute la durée des travaux.

Les affres du temps mis à nu

Denis Collin explique : « Nous avons commencé par déposer les planchers et faux plafonds pour mettre la structure à nu afin de vérifier l’état sanitaire des poutres en Chêne et la section de celles à remplacer. Les plus anciennes datent des origines du château, et ont donc vécu près de 500 ans… Nous avons retiré la toiture le plus tard possible pour éviter qu’il ne pleuve à l’intérieur et travailler plus ou moins au sec. Pendant que des équipes dégageaient l’intérieur, d’autres travaillaient à la restauration des façades : nettoyage, sablage préli­minaire et remplacement de tous les éléments abîmés, dont environ 700 éléments en pierre de taille. » Les travaux de maçonnerie et quelques coffrages ont été réalisés par de la main d’œuvre propre de GM, et l’entrepreneur a fait appel à des artisans spécialisés, tels que Henri Lefin pour la restauration des charpentes, planchers et couvertures ou Marc Ledent pour la restauration des façades.  Des tailleurs de pierre (Neo-Lith) ont travaillé pendant 5 ans les blocs de pierre extraits de la carrière de Vinalmont pour en faire des volumes uniques, ajustés sur site pour venir s’insérer à un endroit précis de la façade.   “

Une phase préparatoire a consisté en l’assèchement d’une partie des douves pour construire une dalle sur micropieux destinée à accueillir un échafaudage périphérique. (photo : Province de Liège)

Une quantité incalculable d’huile de coude

La durée du chantier s’explique par l’ampleur de la tâche, avec les difficultés d’organisation et de manutention qu’engendre une restauration de ce type. Au départ, GM ne devait pas travailler sur les murs intérieurs mais a remporté avec Lixon deux nouveaux marchés en ce sens, ce qui a apporté plus de cohérence entre extérieur et intérieur, notamment quant à la stabilité autour des appuis des poutres. Denis Collin : « L’organisation du chantier en a été facilitée car nous pouvions alors travailler parallèlement sur tous les différents lots, phase après phase : l’aile principale, qui est la plus ancienne, puis la partie centrale et enfin l’aile du donjon. Nous travaillions à l’intérieur tout en commençant à recouvrir l’extérieur. »

Une grue-tour installée dans la cour du château permettait de couvrir l’ensemble des pistes des douves. Tout a été manutentionné avec la grue via les échafaudages de façade, pour amener à l’intérieur les nouveaux matériaux et évacuer les gravats de démolition. « Par exemple, pour restaurer un seul mur intérieur, nous avons eu besoin de 14 m3 de nouvelle maçonnerie. Tous les gravats ont été évacués au seau par les fenêtres, et puis par l’échafaudage, les planchers n’acceptant aucune charge ! » Tout ce qui était réutilisable et en bon état, essentiellement des briques, même anciennes, a été réutilisé.

Mis à part la grue-tour et quelques petits outillages électriques, les travaux ont été réalisés avec de l’huile de coude, comme au temps des cathédrales. Denis Collin : « Tout a été fait à la main, à l’ancienne, sur site, que ce soit la taille de pierre ou la restauration des maçonneries. Travailler à la chaux impose un rythme de travail presque hors du temps, en faisant son mélange soi-même, petit à petit, en multipliant les petites zones de travail, et avec énormément de manutention : quasiment deux manœuvres pour un maçon. Et en-dessous de 5 degrés, il est impossible de maçonner à la chaux, ce qui ajoute encore à la durée du chantier. Nos hommes n’avaient évidemment pas l’habitude de travailler de la sorte. Mais ce qui les a le plus perturbé, a été de devoir maçonner en s’alignant sur l’existant, parfois hors aplomb et pas horizontalement ! » 

Quand Notre-Dame s’en mêle 

Le remplacement des châssis a fait l’objet d’un lot à part, attribué en association avec Mosabois, la menuiserie du groupe Moury-Construct. Celle-ci a dû trouver 35 m3 de Chêne rien que pour les châssis, alors que les prix flambaient… et que les plus belles pièces étaient réservées à la reconstruction de la charpente de Notre-Dame à Paris ! Certaines sections pour les châssis se sont ainsi fait attendre 6 mois. Un moment fort du chantier fut la dépose et repose des deux flèches sur les tours du château, après désamiantage à la nacelle et restauration au sol. Un chantier extérieur est encore en cours et doit s’achever au printemps : la restauration de la tour du porche du domaine, séparé du château par une douve, heureusement plus accessible que le château lui-même.

Denis Collin conclut : « Personnellement, je retiens de ce chantier d’exception une superbe expérience et une belle aventure humaine, pour un client demandeur de qualité à tous les niveaux. J’avais pour unique interlocuteur la Province de Liège, qui cumulait maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre et suivi de chantier. » Comme au temps des cathédrales…

Un moment fort du chantier fut la dépose et repose des deux flèches sur les tours du château, après désamiantage à la nacelle et restauration au sol. (photo : Province de Liège)

Le projet en quelques chiffres

  • Dépose et reconstruction de murs en maçonneries de briques et moellons : 319 m³
  • Dépose et remontage de maçonnerie de parement : 32,25 m³
  • Intervention sur pierres de taille en Calcaire de Vinalmont : +/-700 pc (remplacements, greffons et brochages)
  • Fourniture de bois (plancher charpente et châssis) : 182 m³
  • Réparation et renforcement de charpente bois avec de la résine : 11965 dm³
  • Dépose et repose de structure de plancher en bois : 1400 m²
  • Couverture en ardoise naturelle : 1430 m²
Fiche technique
  • Maître d’ouvrage Province de Liège (chantier subventionné par l’Agence wallonne du Patrimoine – AWAP)
  • Architecte Province de Liège
  • Entreprise générale Les Entreprises G. Moury – GM, en association avec Lixon

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