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UN PEU DE NATURE EN VILLE
Toiture verte par Green Building Projects, Simon Perneel©.

UN PEU DE NATURE EN VILLE

Biodiversité, apport écologique, filtration des pluies et même bien-être : Les toitures vertes offrent de nombreux avantages. Si elles ne sont pas neuves, elles gagnent du terrain.

« C’est au début des années 2000 qu’on a vu apparaître un certain intérêt pour les toitures vertes dans les villes belges. Mais le concept n’est pas neuf. On pense notamment aux Jardins de Babylone ou aux nombreuses maisons couvertes d’herbe dans les pays nordiques », indique Edwige Noirfalisse, Valorisation Manager et ingénieur animateur du Comité technique Étanchéité toitures plates chez Buildwise (anciennement Centre technique et scientifique de la construction). « À Bruxelles, le placement d’une toiture verte est même désormais obligatoire pour les toitures plates d’une certaine superficie. »

©Derbigum et VM Building Solutions.

Les plus et les moins

Cet intérêt accru s’explique par le souci d’écologie d’une grande partie de la population, le besoin grandissant de nature et, surtout, les nombreux avantages qu’offrent les toitures vertes. Edwige Noirfalisse pointe notamment l’aspect visuel offert dans des environnements et des surfaces fort bitumés. « On remarque que les voir augmente le bien-être, la concentration et même la guérison. On le constate avec des patients dans les hôpitaux qui, de leur chambre, ont une vue sur une toiture verte. »
L’apparence naturelle et esthétique est aussi intéressante, car la végétation évolue au fil des saisons. Autre avantage : l’apport écologique. Les toitures vertes filtrent l’air et contribuent à réduire les émissions de CO2. Elles favorisent également la biodiversité créant un maillage vert dans toute la ville. L’étanchéité efficace et durable est un plus : la végétation protège la membrane d’étanchéité, prolongeant ainsi la durée de vie du toit.

Edwige Noirfalisse met encore en avant la capacité d’absorption et de filtration des pluies : les toits végétaux absorbent efficacement l’eau de pluie et la libèrent lentement. L’eau ne va pas directement à l’égout, car elle est retenue par le substrat. « C’est intéressant, notamment en cas de fortes averses. Avec certaines limites, cependant. Pour freiner les inondations que nous avons connues en 2021, il aurait fallu une énorme quantité de toits verts », estime l’experte de Buildwise, qui ajoute : « En Flandre, le fait d’avoir une toiture verte dispense de l’obligation d’installer une citerne d’eau ».

Enfin, certains pointent également l’isolation acoustique et thermique, soulignant que les toitures végétales offrent une meilleure isolation contre le bruit et les variations de température. « Il y a de nombreuses études sur l’isolation thermique, mais celle-ci reste somme toute assez limitée, note Edwige Noirfalisse. En été, on obtient peut-être 1°C de moins dans les locaux situés juste sous la toiture, parce qu’il y a moins d’absorption du soleil et que les plantes gardent l’humidité. Mais si on végétalise une grande partie de la ville, l’impact lors de fortes chaleurs sera réel. » Voilà pour les avantages.

Mais il y a aussi quelques inconvénients qui dépendront du type de toiture : les mauvaises herbes peuvent s’y développer, elles attirent l’attention d’oiseaux et d’autres animaux qui cherchent à manger, et elles peuvent nécessiter de l’entretien. Il est également plus difficile de détecter et de réparer des fuites. Enfin, le poids peut être un souci. « Pour que la toiture fonctionne, il faut prévoir toute une série de couches : l’étanchéité, bien sûr, mais aussi une protection de l’étanchéité, un système de drainage et de filtration de l’eau, puis, enfin, du substrat et des plantes. Il ne s’agit pas juste de dérouler un tapis avec des plantes. »

©IBIC Greensolutions Sint-Niklaas Niko Soprema.

Intensives ou extensives

Les toitures végétales peuvent être intensives ou extensives. Les premières sont pourvues d’un jardin comme on en trouve au niveau du sol. On peut y planter des arbustes, des épices, des herbes et même certains types d’arbres. La construction de la toiture doit être assez solide, parce qu’un tel jardin a un poids considérable (plus de 300 kilos par m²). « C’est pourquoi elle ne peut être réalisée sur tous les bâtiments. On en trouve rarement dans le cadre de rénovations. En outre, son entretien, plus important que pour une toiture extensive, nécessite d’y avoir accès. Mais elles sont beaucoup plus efficaces », souligne l’experte de Buildwise.

La toiture verte extensive est, elle, plantée de mousses, plantes grasses et épices qui ne nécessitent pas beaucoup d’entretien. Elle est plus légère (100 kilos au m²) et plus facile à réaliser. “« Les extensives sont d’ailleurs beaucoup plus courantes », remarque Edwige Noirfalisse, qui souligne quelques points d’attention. Au niveau de l’étanchéité surtout. « Il faut y être très attentif, car comme elle se situe sous différentes couches, on ne voit pas facilement quand et où il y a une fuite », estime l’experte qui conseille d’apporter un grand soin lors de la pose de l’étanchéité. « Il vaut mieux mettre deux couches plutôt qu’une et bien contrôler si l’étanchéité est efficace avant de poser la toiture verte. Il faut, en outre, veiller à éviter certaines espèces qui auraient des racines trop profondes et risqueraient d’endommager l’étanchéité. » L’entretien n’est pas à négliger, comme pour toute toiture d’ailleurs. « C’est en général le maître d’ouvrage que le réalise. Mais je recommande de le faire réaliser par l’entrepreneur qui a placé la toiture. Si un bouleau apparaît par exemple, il ne s’agit pas de l’arracher n’importe comment. Certaines connaissances sont nécessaires. »

Nautic Zeebrugge, ©Simon Perneel – Green Building Projects

Des primes régionales

Le coût peut aussi être un frein. C’est pourquoi les Régions et quelques communes ont prévu des primes. Sous certaines conditions toujours. En Région bruxelloise, par exemple, les travaux d’isolation de la toiture bénéficient d’une prime qui varie de 20 à 50 euros par mètre carré. Un bonus de 15% est appliqué si plus de 85% du matériau de l’isolant est de composition naturelle. Des communes offrent des primes d’énergie supplémentaires, dont certaines sont spécifiques à la toiture verte. Bruxelles-Ville, par exemple, propose 20 euros/m2 pour les toitures vertes extensives et
30 euros/m2 pour les intensives.

En Wallonie, il existe des primes, notamment pour le remplacement de la couverture, l’emplacement du dispositif de collecte et d’évacuation des eaux pluviales ou l’isolation thermique du toit et des combles. Plusieurs communes attribuent des primes supplémentaires pour l’amélioration énergétique. La Flandre accorde, quant à elle, une prime d’isolation du toit de 4 euros/m². Celle-ci peut être cumulée avec un bonus « total rénovation » si d’autres travaux sont effectués et avec une prime de performance énergétique du bâtiment (PEB) en fonction du futur score PEB du logement.   

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