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Voiries wallonnes : une amélioration sensible depuis quelques années

Voiries wallonnes : une amélioration sensible depuis quelques années

Nous sommes tous des usagers de la voirie publique. Que nous soyons conducteurs, piétons ou usagers des transports en commun, nous ne prêtons attention à la voirie qu’une fois qu’elle est dégradée. Depuis le début des années 2000, le citoyen wallon se plaignait de l’état de ses routes. Mais la situation qu’il dénonçait n’était que le résultat d’un lent processus de dégradation que les maigres budgets ne parvenaient pas à freiner. L’apparition d’un nid-de-poule est toujours le signe d’une défaillance dans les procédures d’entretien.

Nos habitations sont toutes reliées à l’électricité, à l’eau courante, au câble et pour une grande partie au réseau d’égouts. Sous nos pieds, courent des dizaines de milliers de kilomètres de câbles et de canalisations de toutes sortes.

Dans quels états ces réseaux sont-ils ? Quelles sont les valeurs de ces différents réseaux de câbles, canalisations ou voiries ? Et surtout, de quels budgets les gestionnaires de ces réseaux ont-ils besoin pour les entretenir correctement ?

En matière de voirie, les routes wallonnes appartiennent à trois types de gestionnaires. Le réseau structurant (autoroutes et voies rapides) a été confié à la Société de Financement Complémentaire des infrastructures (Sofico). Celle-ci perçoit la redevance payée par les véhicules de plus de 3,5 t (environ 240 M €/an). Le prélèvement kilométrique wallon a été aligné sur les tarifs des Régions flamande et bruxelloise. Mais, à la différence de ces deux Régions, l’intégralité des redevances perçues par la Sofico doit être utilisée à l’entretien du réseau routier de la Sofico. Les moyens reçus depuis le 1er avril 2016 ont permis le lancement de grands chantiers de rénovation profonde que la Wallonie n’avait pu réaliser depuis une trentaine d’années, faute de moyens.

De nouveaux budgets débloqués pour entretenir le réseau

En avril 2019, le gouvernement wallon a publié son plan d’investissements « Mobilité et infrastructures 2019-2024 ». Ce plan succédait au plan « Routes » du Ministre Lutgen (500 M €) et au plan « Infrastructures » du Ministre Prévot (640 M €). Le plan 2019-2024, d’un montant global de 1,6 milliard, prévoit d’investir 930 M € dans le réseau Sofico (financé par le prélèvement kilométrique), 360 M € dans les routes régionales (hors Sofico) et 310 M € dans les voies fluviales.

Sera-ce suffisant pour remettre à niveau nos deux réseaux de voiries régionales ?

Dans le plan 2019-2024, la direction générale Mobilité et Infrastructures a recensé les travaux restant à réaliser. Les besoins ont été évalués à 6,5 milliards €. C’est au départ de ce recensement des besoins que les 530 projets du plan 2019 -2024 ont été sélectionnés, pour ne représenter au final qu’un quart des besoins globaux. Cette situation est le résultat d’un manque chronique de moyens survenu depuis la régionalisation des travaux publics à la fin des années 80.

Les communes disposent d’une large autonomie pour décider de leur politique d’entretien. Certaines n’y consacrent que les subsides qu’elles reçoivent de la Région. D’autres y consacrent proportionnellement trois fois plus. Une commune peu peuplée avec un important réseau de voiries communales a calculé qu’en n’utilisant que les subsides qu’elle reçoit de la Région, il lui faudrait plus d’un siècle pour rénover l’ensemble de son réseau. En fonction du budget décidé par la commune et de sa stratégie d’entretien, l’état de son réseau de voiries peut être très différent de celui de la commune voisine.

Une étude portant sur l’état de plus de 1 000 km de voiries communales en province de Namur a montré que, pour maintenir un niveau qualitatif constant, les communes devraient consacrer un budget de
2 750 €/an par kilomètre de voirie, et ceci rien que pour éviter l’apparition de nids-de-poule. Soit, à l’échelle de la Wallonie, un besoin de 132 M €/an.

A côté de cela, cette même étude a recensé 8,5 % de voiries devant être totalement reconstruites. Extrapolé sur l’ensemble des voiries communales subsidiables en Wallonie, ce constat représente à lui seul un passif de plus de 1,7 milliard €.

Pour entretenir leurs voiries et bâtiments, les communes wallonnes recevront 65 M € de subsides, et ce à partir de 2019. Pour les communes qui n’investiront dans leurs voiries qu’en fonction des subsides disponibles, il est clair que l’état de celles-ci ne fera que se dégrader.

Sous leurs voiries, les communes wallonnes doivent gérer environ 20 000 km d’égouts. Pour financer la rénovation de ces égouts, la Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE) dispose d’un budget, financé par notre facture d’eau, d’environ 25 M €, permettant de rénover ou de reconstruire une cinquantaine de kilomètres d’égouts par an. A ce rythme, il faudra plus de 300 ans pour rénover les égouts wallons. Mais est-ce que les voiries construites au-dessus de ces égouts pourront attendre aussi longtemps ?

Un autre danger pour les voiries communales réside dans les canalisations d’eau potable. Périodiquement, des voiries s’effondrent suite à une fuite d’eau. Constamment sous-pression, leur vétusté engendre des fuites. 25% de l’eau pompée dans le sous-sol n’est pas facturée au consommateur final. Certes, ces 25% ne représentent pas que des fuites : il existe différentes raisons pour lesquelles une partie de l’eau pompée n’est pas facturée. Mais il faut constater que les taux de pertes peuvent être très variables d’une commune à l’autre (de 10% à 75%), probablement parce que les anciens réseaux locaux n’ont pas tous été entretenus de manière optimale.

Les gestionnaires de canalisations d’eau potable remplacent chaque année moins de 1% de la longueur de leurs réseaux. Cela signifie qu’une canalisation nouvellement posée doit résister pendant plus d’un siècle avant de pouvoir être remplacée. Or, les canalisations qui sont utilisées depuis le début des années 60 ont une durée de vie estimée à environ 70 ans. Dès maintenant, une augmentation du taux de renouvellement est nécessaire pour s’adapter à la durée de vie des canalisations déjà posées. Cela passera forcément par une augmentation des budgets consacrés à ces renouvellements.

Comme on peut le constater, quel que soit le patrimoine public considéré, les gestionnaires doivent répondre aux mêmes questions :

– Connaître l’état de son réseau

– Connaître les processus de vieillissement

– Planifier les entretiens et déterminer les budgets annuels nécessaires pour maintenir un niveau de services suffisant

– Et enfin, trouver les financements.

Tout bon père de famille le sait. Un patrimoine immobilier s’entretient. Pourquoi, dans ces conditions, le gestionnaire d’un patrimoine public n’y consacre-t-il pas les moyens nécessaires ?

Le Soir du 5 mars 2016 consacrait un dossier complet sur la gestion du patrimoine public (« La Belgique s’effrite »). Béatrice Delvaux y écrivait : « Et le constat est – enfin – fait : ne pas investir dans les infrastructures est un manquement grave au devoir de bon père de famille que doit être l’Etat. Cela met son patrimoine et sa population en situation précaire, voire en danger. La Belgique ne peut continuer à se comporter comme un pays sous-développé ». « En partie pour des raisons de contraintes budgétaires, en partie pour des raisons électorales (…) Qui est assez naïf pour mettre de l’argent dans du béton que personne ne voit et qui ne montre son intérêt que sur le long terme ? ».
Dominique Berns tentait une solution : « Les Etats (…) devraient profiter des taux d’intérêt historiquement bas pour investir massivement dans les infrastructures, … ». « Ce sont ces dépenses-là, nécessaires pour maintenir la colonne vertébrale d’un pays, qui permettront de relancer la croissance et l’emploi en Europe. Qu’est-ce qu’on attend ? »  demandait Béatrice Delvaux.    

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