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Gérer le réseau routier,  c’est aussi trouver des  alternatives pour la mobilité !

Gérer le réseau routier, c’est aussi trouver des alternatives pour la mobilité !

Revenons précisément 30 ans en arrière, au moment où l’on régionalise les matières liées à la gestion des travaux publics et aux transports. La Région Wallonne hérite alors d’importantes infrastructures inachevées, puis de la gestion du réseau routier régional à grand gabarit. A cette époque, les Régions étant très sollicitées pour contribuer à l’assainissement de la dette publique du pays, les moyens dévolus aux routes régionales sont progressivement réduits, alors que le réseau autoroutier construit dans les années ‘70 nécessite des moyens importants pour son entretien et sa réhabilitation. En 1994, la Région wallonne crée la SOFICO (Société de Financement Complémentaire des infrastructures). Une idée pertinente qui permettra de réaliser des infrastructures dans des temps records, à moindre coût, et de les maintenir en bon état sur le long terme.

Quel(s) financement(s) ?

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Un centre Perex ultra moderne, prêt à relever les défis technologique des routes et des transports de demain. (Photo: Atelier de l’arbre d’or – Altiplan )

 

En une vingtaine d’années, la SOFICO est devenue un acteur majeur du développement économique wallon. Elle a investi plus de 2 milliards € dans le développement du transport par réseau routier et par voie d’eau, tout en privilégiant l’intermodalité. L’avantage de la SOFICO ? Elle peut mobiliser dans des délais brefs les moyens nécessaires à la réalisation des infrastructures. Il s’agit notamment de financements alternatifs obtenus auprès des institutions européennes (prêts contractés à la Banque Européenne d’Investissement ou subsides via des fonds structurels). Les recettes de la SOFICO proviennent quant à elles de deux sources principales : les recettes de trafic (redevance kilométrique pour les poids lourds (20 millions €/mois), versements par la Wallonie pour le compte de l’usager (shadow toll), versement pour la fréquentation des voies navigables…) et celles des différentes concessions (aires d’autoroutes, télécommunications ou énergies renouvelables).

S’occuper des chantiers, de l’entretien et des routes de l’emploi

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L’éclairage au sodium du réseau structurant (2300 km, 70 000 pylônes et 700 cabines électriques et de câblage) sera complétement rénové et remplacé par un éclairage LED.

 

On connaît surtout la SOFICO à travers les 5 grands chantiers qu’elle a aidé à réaliser : deux infrastructures autoroutières (autoroute E429/A8 entre Ghislenghien et Hacquegnies et liaison autoroutière E25-E40 à Liège) et trois fluviales (Canal du Centre & Ascenseur de Strépy-Thieu, 4e écluse de Lanaye et nouvelle écluse d’Ivoz-Ramet). Deux importants chantiers sont en cours de réalisation : celui du Contournement de Couvin, dont nous vous parlons plus en détails dans ce numéro, et la nouvelle écluse d’Ampsin-Neuville.

La SOFICO s’occupe également de l’entretien et des réhabilitations du réseau (interventions préventives ou structurelles, budget annuel : 250 millions €). « Depuis 2010, les chantiers se sont multipliés pour remettre le réseau autoroutier à niveau et offrir aux usagers un réseau de qualité alliant confort, sécurité et mobilité optimale, » explique Héloïse Winandy, porte-parole de la SOFICO. On parle ici tant des réhabilitations lourdes exigeant le renforcement ou le remplacement d’une partie ou de l’ensemble du coffre de la route que des réhabilitations superficielles portant sur les couches supérieures.    

Au-delà de ces projets de longue haleine et budgétairement imposants, la SOFICO réalise également d’autres aménagements permettant notamment d’accéder aux hôpitaux et aux zones d’activités économiques dont le niveau de trafic est relativement élevé.   

Mettre en œuvre des mobipôles

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Il y aura davantage d’éoliennes le long des autoroutes grâce au projet « Infrastructures Basses Émissions » qui a démarré en 2019.

 

Héloïse Winandy : « La SOFICO entend également inciter l’usager à se déplacer autrement en poursuivant, seule ou en partenariat avec les pouvoirs locaux, la réalisation de parkings de covoiturage à proximité des grands axes (auto)routiers. 17 parkings sont aujourd’hui disponibles pour un total de plus de 1200 places. » Elle a notamment cofinancé les parkings de Frasnes-lez-Anvaing (inauguré en février 2019) et de Bassenge qui contiennent également des emplacements pour les deux-roues.

Quoi de plus normal donc que la SOFICO vienne de recevoir une mission et un financement de 7,5 millions € pour réaliser 5 mobipôles pilotes et étudier l’implantation de mobipôles en Wallonie. Un mobipôle, c’est un hub, un lieu où doivent converger différentes offres et différentes infrastructures liées à la mobilité. Chaque mobipôle sera unique et dimensionné selon le contexte local. Dans ce hub, on trouvera des emplacements de stationnement pour voitures et un espace de covoiturage, mais aussi des transports publics (bus et train) avec de nouvelles liaisons rapides et directes vers les pôles économiques voisins, des bornes de recharge électrique, des emplacements pour vélos et des voitures partagées, le tout accessibles via des infrastructures cyclo-piétonnes. L’objectif est de créer une centaine de mobipôles pour 2023 (à l’échéance du Plan Wallon d’Investissement) et de doter chaque commune d’un de ces hubs d’ici 2030 (vision FAST – mobilité 2030).

Réfléchir au transport intelligent

La SOFICO est également partenaire de trois projets que l’on pourrait réunir sous le nom de « transport intelligent ». A Daussoulx, le centre Perex commençait à mal supporter le poids des années, notamment en terme technologique. Place donc, en 2019, à un centre Perex 4.0 totalement modernisé, qui permettra de développer un concept de « réseaux intelligents » pour gérer les infrastructures (auto)routières et fluviales en temps réel. Il sera pour cela équipé d’un tout nouveau SAGT, système informatique d’aide à la gestion de trafic. Outre ces services et outils de gestion, il accueillera également le Centre régional de traitement (CRT) unique et centralisé des constats d’infractions routières (vitesses, …) ainsi qu’un média radio.

Puis il y a le Plan Lumières 4.0. « Grâce à lui », précise Héloïse Winandy, « l’éclairage du réseau structurant sera complétement rénové. Cela représente de nombreux avantages : éclairage plus sécurisant, plus écologique et permettant une économie d’énergie de plus de 60%, nécessitant moins d’entretien. L’intensité de cet éclairage sera modulable (depuis le centre Perex) en fonction de nombreux critères comme le trafic, l’accidentologie, la météo,… Le réseau sera donc mieux éclairé pour un budget identique à celui investi actuellement. » Un budget estimé à 30 millions par an sur 20 ans.

Quant au Plan stratégique ITS (système de transport intelligent), représentant un budget de 166 millions d’€ HTVA (investissement et exploitation) sur 10 ans financé par la SOFICO, il permettra de lutter contre les congestions et la pollution et de diminuer le nombre d’accidents, de blessés et de décès sur les routes grâce à l’installation de nouveaux équipements : caméras de détection automatique d’incident, applications web ou smartphones pour interagir en temps réel avec les usagers, mise en place d’une infrastructure capable d’interagir avec les véhicules connectés (projet C-Roads, en collaboration avec le SPW Infrastructures, Tractebel et its Belgium), mise à disposition d’une voie de circulation dédiée au covoiturage (sur la E25-E411/A4 entre Arlon et Sterpenich et sur la E411/A4 à Wavre, pour tout véhicule contenant au minimum 3 personnes, à une vitesse maximale de 50 km/h), rénovation et installation de nouveaux panneaux à messages variables intégrant de nouvelles fonctions (notamment la disponibilité en temps réel des places de parking pour poids lourds)…

Développer les énergies renouvelables

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Un des défis du futur pour la SOFICO, la mise à grand gabarit du site éclusier d’Ampsin-Neuville.

 

Dernière facette du travail et des investissements de la SOFICO, les énergies renouvelables. Un premier appel à projets lancé en 2011 a abouti au placement de 4 éoliennes à proximité de l’autoroute E42/15 et du canal du Centre, à Houdeng-Goegnies, sur le site de Garocentre. En 2016, un nouvel appel a permis d’attribuer 40 éoliennes sur 25 sites d’aires autoroutières. Leur développement sera fonction des obtentions de permis. En 2019, est lancé le projet « Infrastructures Basses Émissions » (IBE), qui vise à exploiter le mieux possible toutes les parties disponibles du domaine (échangeurs autoroutiers, bandes de végétation le long des autoroutes…) pour autant que l’exploitation soit compatible avec l’affectation domaniale. Il s’agit d’un projet multi-énergies pour lequel chaque parcelle du domaine peut être valorisée par le recours au(x) mode(s) de production d’énergie le(s) plus approprié(s) (biomasse, photovoltaïque, énergie éolienne, cogénération…) en fonction de ses caractéristiques techniques et économiques.

C’est également dans le cadre de cette réflexion globale que la SOFICO a, ces dernières années, concédé 18 barrages sur les voies navigables à des fins de production d’électricité. A terme, ces centrales hydroélectriques pourraient produire près de 80 000 000 kWh/an, soit l’équivalent de la consommation annuelle de près de
23 000 ménages !

Les grands défis du futur

A part la mise à grand gabarit du site éclusier d’Ampsin-Neuville, quels sont les grands projets de la SOFICO pour les 5 prochaines années ? Héloïse Winandy : « Plus qu’un gestionnaire de réseau, la SOFICO s’inscrira résolument comme un gestionnaire de mobilité. Il faudra bien sûr poursuivre la réhabilitation en profondeur du réseau structurant, en privilégiant son entretien préventif. Mais la SOFICO est bien consciente qu’entretenir le réseau actuel n’est pas aujourd’hui une réponse suffisante en termes de mobilité. La mobilité nécessite d’être réfléchie sous d’autres angles : les autoroutes ne seront pas extensibles à l’infini et il importe d’optimiser les infrastructures en gérant le trafic de manière dynamique. Dans les années à venir, la SOFICO souhaite poursuivre sur son élan pour dessiner une Wallonie plus mobile, plus connectée et plus verte. »   

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