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Le travail méthodique et ­minutieux du déconstructeur
Déconstruction des anciennes écuries de la gendarmerie à Spa, en conservant la façade classée.

Le travail méthodique et ­minutieux du déconstructeur

Dans Construire la Wallonie, nous avons déjà évoqué les compétences d’Eloy en déconstruction, que ce soit dans le cadre de la rénovation du viaduc autoroutier d’Huccorgne ou celui de la réalisation du nouveau parking du Centre Hospitalier Régional de la Citadelle à Liège. La déconstruction étant amenée à prendre de plus en plus d’importance à l’avenir, notamment dans le cadre du « Stop béton », il nous a semblé intéressant d’aborder cette activité spécifique plus en détails. Car il s’agit là d’un métier passionnant, exigeant une vaste palette de connaissances pour faire face à la diversité des situations en toute sécurité pour les hommes et pour l’environnement.

Déconstruire tout en conservant la façade demande une très bonne préparation et d’infimes précautions.

La Wallonie regorge d’anciens sites industriels en attente de reconversion. Démanteler des usines et des friches de tous types est un créneau d’activité majeur pour Eloy, qui compte déjà plusieurs belles références dans ce domaine. Viennent s’ajouter des promoteurs immobiliers souhaitant déconstruire pour reconstruire, et des administrations publiques qui veulent créer de nouveaux bâtiments et infrastructures. Ou encore des demandes de déconstruction d’anciens bâtiments scolaires – truffés d’amiante – qui sont nombreuses ces derniers mois.

La déconstruction peut n’être que partielle, comme dans le cas d’un bâtiment dont l’étage technique doit faire place à des niveaux supplémentaires. Ou encore lorsqu’il s’agit de conserver une façade classée au patrimoine derrière laquelle on reconstruira à neuf, ce qui demande une très bonne préparation et d’infimes précautions, comme pour les travaux de déconstruction des anciennes écuries de la gendarmerie à Spa, très récemment.

Déconstruction des Ateliers Centraux à Seraing.

Pour obtenir une idée concrète des tenants et aboutissants de la déconstruction, nous avons pu compter sur Laurent Corin, directeur d’activité environnement chez Eloy et sur son collègue Théophile Meecko, conducteur de chantiers de déconstruction. Mu par sa volonté d’agir de manière durable, Eloy a donc fait de la déconstruction une activité à part entière, conscient des enjeux environnementaux et des spécificités de ce métier pas comme les autres. Car si le processus de construction aboutit logique­ment à un bâtiment ou un ouvrage visible, la décon­struction résulte quant à elle en un grand vide. Alors, comment un bon déconstructeur
fait-il la différence ?

Curage d’un immeuble et tri sélectif.

Récupérer les matériaux pour les valoriser

L’époque où l’on démolissait à la grue avec une grosse boule ou par dynamitage est révolue, du moins dans de nombreux cas. Le respect des riverains et de l’environnement, ainsi que l’utilisation raisonnée des ressources, nous imposent une démarche toute autre. Tout commence par le curage du bâtiment, consistant à vider celui-ci de tout son habillage intérieur et extérieur pour ne garder que la structure, généralement en béton. Laurent Corin : « Au Grand-Duché, nous avons ainsi procédé au curage d’une banque : un chantier qui a mobilisé 25 personnes en moyenne pendant 6 mois. Même les chapes ont été démolies, parce qu’elles ne convenaient pas à la future configuration du bâtiment. Le curage est réalisé dans l’optique d’une valorisation des matériaux démantelés. C’est de plus en plus une obligation dans les cahiers des charges publics ou, du moins, le résultat de la soumission dépendra des solutions de recyclage et/ou de réemploi que vous apportez. »

Intervention sur site industriel.

Si récupérer l’acier et le béton pour les recycler est déjà largement pratiqué, ce n’est pas encore vraiment le cas des matériaux destinés au réemploi. Laurent Cori : « Il y a 20 ans déjà, les démolisseurs récupéraient portes, fenêtres, châssis, … mais le problème était leur stockage.
À présent, des plateformes en ligne visent à mettre vendeurs et acheteurs potentiels en contact justement pour éviter ce coûteux stockage. Cela marche, mais de façon encore assez limitée. Nous sommes d’ailleurs impliqués dans un tel programme de base de données en ligne mais tout n’est pas évident pour autant. Qui voudra de châssis vieux de 20 ans et donc moins performants, ou de luminaires datant du siècle passé et par conséquent plus énergivores ? Et qui va payer le coût du soigneux démontage ? »

Déconstruction d’une friche.

Voyage en terrain inconnu

Le travail du déconstructeur s’apparente souvent à celui d’un détective. Théophile Meecko : « Bien souvent, on ne dispose d’aucun plan à jour.    “

On part alors dans l’inconnu, balisant le chantier, consignant les énergies, travaillant par sondages. On ignore tout de la (longue) vie du bâtiment et donc de son état effectif. Chaque cas est particulier et demande une analyse complète. En plus d’une large palette de connaissances, l’expérience est donc cruciale pour bien évaluer les risques et appliquer la méthode adéquate. Suspecter un risque potentiel, comme de l’amiante cachée, permet d’investiguer plus avant afin d’agir ensuite de façon à travailler en toute sécurité et à préserver la santé des collaborateurs. »

Face, par exemple, à une ancienne charpente métallique qu’il faut déconstruire, il faut savoir par où commencer, en tenant compte notamment des affres du temps et des contreventements. « On doit mieux que quiconque connaître la stabilité des structures pour guider les hommes. Et quand on a un doute, on fait appel à un bureau d’études pour ne prendre aucun risque inutile. On ne s’improvise pas déconstructeur. Pour bien déconstruire, il faut savoir comment on a construit : cela nécessite une large palette de compétences constructives. Mais c’est surtout un métier passionnant car chaque chantier est différent et constitue un nouveau défi ! Malheureusement, tous les maîtres d’ouvrage ne sont pas encore conscients de la complexité et des risques. »

Démantèlement d’une usine sous l’œil attentif de Théophile Meecko.

Servir le client avec la même qualité de A à Z

Fidèle à sa volonté d’offrir un service complet à ses clients, le groupe Eloy investit dans la qualité de sa déconstruction, qu’il soit ensuite amené ou non à construire sur le site. Laurent Corin : « Le déconstructeur étant le premier sur le chantier, il impacte directement l’image qu’a le client de l’entrepreneur. Souvent, faire la déconstruction nous permet de montrer notre savoir-faire et de gagner ainsi la confiance du client pour aussi prendre en charge la reconstruction. » S’il n’existe pas de formations en déconstruction, le groupe Eloy en organise cependant en interne, soucieux de redorer le blason de ce métier promis à un bel avenir. La structure du groupe facilite d’ailleurs la mobilité interne, parce que déconstruire, c’est construire à rebours.   

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